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exprefflons fines y trouvent place. Aufll on fent bien que je ne veux pas parier ici de ces combats antiques qui reiTortilTent de l’h ;ltoire lacrée , ou de l'hii>oire profane, & font un àcs aliniens eflentieis de l’art de peindre le grand genre.

L’animal le plus difficile à peindre après l’homme, c’efl le cheval ; animal fiiperbe , dont le poil court & hn n’empêche d’apperce /oir ni Çei belles proportions, ni la difrcrence des pays qui le produifent, ni la noblefie, la force. Se la légèreté de fes mouveniens , ni .enfin les formes des organes qui le mettent en action ; animal , dont toutes les parties font nécefîairej, élégantes, & à qui nous enlevons des beautés frappantes, & expreffives par la mutilation abfurde de fes oreilles & de fes crins.

Le peintre d’hifiroire & le peintre de batailles doivent connoître - le cheval ; & le peintre qui f’e livre à l’art de rendre les animaux morts & vivants doit le bien connoître aufii. Il faut qu’il étudie les chiens , cipèce ■fi belle , fi intéreflante , qui agit avec tant de ■docilité, tant d’agilité, tant d’intelligence. Il faut qu’il étudie tous les animaux avec leXquels cet animal chafleur eft en guerre : les loups & les renards cruels, ainû que les olf’eaux terreffres & aquatiques, dont la pourfuite demande tant de rule & de confiance. Il n’efl perfonns qui n’aime à retrouver en peinture ces fcènes pleines d’un genre d’exprelUon difficile à faifir, d’effets pittorefques, &c de la plus piquante variété. J’ai aimé à voir , dans le palais du T , cette fuite de portraits des beaux chevaux des Ducs de Mantoue , & il n’eft perlbnne qui n’admire, dans un des palais de nos princes, toute la chaleur qui peut fe mettre dans des combats d’ours & : de lions. Le délbrdre d’un poullailler troublé par les attaques d’un vautour cruel eft un fpectacle piquant dans les tableaux d’un Hondekoeter, ou d’un Sneyder , & ce n’en eft pas un moins agréable que la pourfuite des dains , des cerfs , des fangliers , & l’affemblage des animaux des Indes & du nouveau inonde, par notre célèbre Defportes. Le Payfage , foit noble, foit champêtre, la marine, & l’aichitedure , ont un attrait fi général, fr puiflant , & fi multiplié, que nous n’entrerons pas dans le détail des beautés dont ce genre de peinture eft fufceptible. Ici nous placerons les fleurs & : les fruits. Sans parler de ces tableaux précieux dont nos plus belles coUedions fe parent, foit qu’ils foient faits par nos Baptifte Monoyer , ou par ces célèbres HoUandois qui ont fi miraculeufement traité ce genre ; il faut avouer qu’une galefie , où la peinture offre un ordre léger d’ar^ ehicefture dont les parties font enchaînées pac Beaux- Arts. Tome II,


des guirlandes de fleurs & de fruits , donne à l’œil la flus féduifante récréation. On aims encore , au bout d’une prcmsnade allez longue, à fe rendre dans un cabiaét de treillage entrelalîe de fruits & de fleurs , & à y trouver le repos & le jour le plus doux, fans perdre de vue ce que la nature a de plus délicieufes produftions.

G. Layrefle qui a cctit fur l’art en peintre ingénieux , s’étend d’une manière bien inftructive & donne des vues très-élevées fur les divers emplois de la peinture, fans oublier le genre des fleurs & des fruits. Voyez le grand livre des peintres , nouvellement traduit par M. Janj’en. 7. vol. in-4*. Paris, lytîy. Nous placerons au dernier rang ^ le genre dont le but eft la plus parfaite imi’iation des objets inanimés , imitation portée au point de produire i’illufion , parce que la peinture n’y offre ni mouvement ni expreffions. On trouve dans ce didionnaire des dérails très - étendus fur tous les genrek’àe peinture , ce qui nous difpenfe d’en dire ici d’avantage. Nous allons parler plus légèrement encore des différentes méthodes adoptées pour rendre fes beautés, & nous traiterons enfuite avec un peu plus d’étendue, les phafcs de notre arc ce les diverfes manières qui les caraftérifent. Il eft vraifembîable que le plus ancien des procédés, employés pour la peinture, étoit le fimple mélange des couleurs qui ce conriftoient que dans quelques terres colorées & imprégnées d’eau. On y a joint enfuite quelques gommes pour les fixer. On trouve des traces de ces peintures fur les plus anciennes momies. C’eft cette manière d’employer la couleur que nous appelions aujourd’hui la détrempe.’ LaFrefque, la plus durable, la plus favante & la plus prompte de toutes, aura fuccédé à celle dont nous venons de parler. V. Fresque. Les anciens peuples ont ccnnu l’art de di(foudre la cire, de la mélanger avec les couleurs, & d’en faire des tabieaux. Cette manière de peindre retrouvée , mais abandonnée de nos jours , fe nomme Encauftique (i). La peinture fur verre, celle en émail, ont fuivi la peinture à l’huile. Car quelqu’anciennes que foient les deux preraières , un tableau peint à l’huile, qui date de 1090, & fe voie dans la galerie de Vienne , eft une preuve que la découverte de cette forte de peinture remonte fort haut dans le moyen âge. Un paflage de Théophile le Prêtre , cité dans le (i) On peut douter que ics modernes ayenr pleir.emenr recouvié l’encauftique des anciens. Pline nous appcend que ceux-ci ne fe fervoient pas de pinceaux pour peiridre en ce "ente , & il diOingue plulieurs fois les peintres au pinceau des peinçres à l’encaulUque. ( Hôte du RédaSeur. )