Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T02.djvu/162

Cette page n’a pas encore été corrigée

t ;2 PEI

condefcendance , ils fe rangeront au niveaa des beaux elprits d’ Athènes & de Rome , qui moins recherchés dans leur dialedique, adluiroient l’trc dans toutes ies prcduaions. C’eft d’après le plaifir que La peinture p curoit à tous les peuples anciens qui ■ ro-

l’ont

PEI

leurs formes, & fans déplacement : telle efl la tâche unique des artifles qui ont couru cette carrière. On n’a pu y exceller que par des repréfentations vives & intéreffantes des aâions les plus ordinaires , & jamais fans l’expreffion propre au fujet adopté, & aux figures curoit à tous les peuples ain-iuno ^u.^ ô (-.-^^u^i jji.vj[,ic au iujcL iuupLC, oc aux ugures connue que les repréfentations des combats & qui le compofent. La peinture familière admet -

le

smais

des vidoires étoient peintes dans les temples des dieux comme un tribut de reconnoiffance , & c’étoit pour infiraire les juges, faire trembler les coupables , & encourager les âmes vertueufes , que l’on expofoit dans les tribunaux & dans les places publiques la peinture des aftes de courage & de juftice. Les nations policées de l’turcpe ont toutes fuivi l’exemple des peuples anciens, lorfque dans le 15^ fiècle le calme a été rendu à cette belle partie du monde. Ah ! du moins que pour arrêter les progrès de la peinture, nos artiftes n’ayent à redouter que les guerres &les troubles politiques qui font fuir les beaux - arts avec repos des peuples, & qu’ils ne trouvent jsn de perfécutcurs dans des artiftes & des lavans d’un elprit jaloux ou d’un caraOère fauvage ’. Alors tous les genres de la peinture feront accueillis, & fe partageront tous les lieux fréquentés par les hommes inftruits & par les âmes fenfibles. ^

L’hiftoire , par le choix des objets qui doivent concourir à fon exécution , par le ftyle fublime qui doit la caradérifer, enfin, par les grands traits d’imagination dont elle eft fufceptible, occupe le premier rang dans ce qu’on appelle les. divers genres de la peinture. Tout ce qui tient à l’allégorie & à la fable fait partie de fart de peindre l’hiftoire. C’eft furtout dans ce grand genre que la peinture eft non-feulement une repréfentation artificielle do la nature , mais encore une repréfentation poétique. Elle ufe de tous les êtres dans toutes les aftions poffibles & dans toutes les circonftances qu’il lui plaît d’adopter. Elle tranfporte dans les cieux les corps terreftres, fait defcendre les nuages fur la terre, réalife les êtres moraux , doi-.ne du corps aux efprits, & choifit à tous des formes propres à fatisfaire les yeux fur ce que l’efprit humain peut exiger de plus conforme à l’image qu’il s’en eft formée.

Il eft jufte de donner le fécond rang au çente qui exige , après l’hiftoire , lé plus d’imao’ination ; mais auffi de ranger au-defTous du premier des genres ceux qui s’acquièrent avec moins d’études , & qui s’exécutent avec moins d’élévation & de génie. C’eft pourquci nous placerons ici le genre familier ; ainfi que .JeanMéel,Michel-Ange-d£s-Batailles, le Nain, Vatteau , Teniers & Brauxyer l’ont exécuté. Les aâions les plus naturelles , la peinture des êtres animés & inanimés , fans choix dans les vues de la ville & de .la campagne , les intérieurs ruftiques 8c civils, expofés à toutes les diverfes lumières du jour, & à coJles qu’on fe procure dans la nuit. Enfin , la nature telle qu’elle fe préfente aux yeux de tous les hommes , eft du reffort de ce genre agréable. Après lui, vient le portrait , plus difficile, a bien des égards , que le genre familier ou la bambochade , parce qu’il exige une connoifPance plus étendue des formes & des couleurs de la nature, ayant à la rendre avec bien plus de recherches & de fidélité. Si nous ne plaçons le genre précieux du portrait qu’au troifième rang , c eft parce qu’il doit peu à l’imagination ; & pour être vrai , il faut convenir que cette qualité eft celle qui diftingue elfentielkment le grand artifte. Sans doute les plus ardens génies qui ayent exifté dans la peinture , ont fait des portraits avec excellence ; mais ils n’y ont pas mis cette précifion de détails qui fait un des caradères de ce genre , & lèmble d’une exécution impolfible à des efprits bouillans. Ce n’eft pas ici le lieu de difcuter fi le plus grand fini eil la meilleurs manière de traiter ce genre. Cette queftion importante pourra être approfondie à l’article portrait.

Tout plait fous la main de la peinture : Il n’eft point de ferpent , ni de monftre odieux. Qui , par l’îrc imité , ne puifte plaire aux yeux, BoilEAU , Art poëc,

Ainfi, les batailles , ces objets de meurtres, de ravages & de deftruftions , les batailles pour lefquelles les mères ont tant d’horreur, helLique matiilus deteflata, pour me fervir de l’exprelTiof) d’Horace , forment encore un genre plein d’intérêt. On voir dans les tableaux du Eo’.irguignon , de Vander-Meulen , de Wouvermans , & de nos Parrocels , qu’il eft fufceptible d’invention & des effets les plus piquants , & qu’il rend non-feulement le portrait des camps & des villes afiiégées ; mais encore les portraits des généraux eux-mêmes. Auiîi ce genre marcheroit - il au moins de niveau avec le genre familier, s’il étoit fufcepiible d’une exécution aufli précife. Mais qui peut copier avec exaflitude la nature dans un fi grand mouvement , & rentrant pour ainfi dire dans le cahos ? D’ailleurs, le genre dont je parle n’admet qu’un coftume connu & to’-joujrs fou* les yeux , & il eft rare que les exprefTions

I