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vrage qu’ils ont entrepris, & ils en auroient même regardé l’exécution comme fort au dessus de leurs forces, s’ils ne s’étoient assurés du secours de quelques artistes & amateurs distingués dont ils public-ront avec reconnoissance les noms & les bienfaits.

Ils s’empressent de nommer ici M. Watelet, qui veut bien consacrer ses lumières & les travaux à la perfection de leur entreprise. M. Watelet travailloit depuis long-temps à un dictionnaire complet de Peinture, dont l’exécution est déjà fort avancée : animé du zèle le plus pur & le plus désintéressé pour les progrès de l’art & des connoissances, il a renoncé généreusement au projet de publier à part son ouvrage, & a consenti à le fondre dans ce nouveau dictionnaire.

Indépendamment des autres secours que les éditeurs ont lieu d’espérer, ils mettront à contribution tous les écrivains étrangers ou nationaux qui ont répandu quelques lumières sur la théorie ou les productions des Beaux-Arts. Les ouvrages des Léonard de Vinci, des Lomazzo, des Vasari, des Malvasia, des Bellori, des Zanetti, des Winkelman, des Mengs, des Reynolds, des Cochins, des de Piles, des Coypels, des Félibiens, des Mariettes, &c., sont une mine féconde d’où l’on peut tirer des observations aussi utiles qu’intéressantes sur les Arts du Dessin ; mais lier & fondre ensemble ces matériaux épars, les attacher à des principes communs, en former un théorie générale & uniforme, est une entreprise aussi délicate que difficile. Les auteurs du nouveau dictionnaire ne peuvent à cet égard que promettre du zèle. S’ils osent mêler ou même opposer quelquefois leurs opinions à celles des gens de l’art & des connoisseurs, ce sera avec la modestie & la réserve convenables à de simples amateurs, qui sentent combien, dans tout ce qui est du domaine de l’imagination & des sens, les principes du goût sont encore vagues, incertains, & mobiles.

Une des choses les plus difficiles dans l’exécution de ce nouvel ouvrage, c’est de se renfermer dans les bornes que leur plan leur impose, sans oublier aucun détail nécessaire.

Comme, à l’exception de la Musique & de la Danse, il y a dans les Beaux-Arts une partie purement manuelle & mécanique, on traitera les objets qui concernent cette partie, mais seulement lorsqu’ils seront ennoblis par l’usage qu’en aura fait l’artiste. Toutes les opérations, ainsi que toutes les actions humaines, sont relevées par leur principe ou par leurs effets ; sans doute le mouvement de la main, qui, pour produire &représenter une idée, broie & emploie des couleurs, pétrit l’argile ou abat le marbre, n’est pas plus avilissant que l’exercice moins pénible de l’écrivain, qui, pour communiquer les pensées, manie & conduit la plume. Tracez des idées, exprimez des sentimens, peignez des passions, présentez des images, qu’importe l’instrument dont vous vous servez ?

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[XXVI.] DICTIONNAIRE DES ARTS ET MÉTIERS MÉCANIQUES ; par une Société de Savans & d’Artistes, (MM. ROLAND DE LA PLATIERE, PERIER freres, FOUGEROUX DE BONDAROY, DESMARETZ, &c, &c.) quatre volumes in-4º.

Il n’y a encore aucun ouvrage, quelles que soient les grandes tentatives faites ailleurs, où les Arts & Métiers mécaniques soient plus complets, plus développés, & mieux présentés que dans l’Encyclopédie ; elle en renferme la description de plus de trois cents ; & c’est particulièrement à M. Diderot que cette riche & vaste collection des Arts & Métiers mécaniques doit son existence : elle est, avec la partie philosophique, une des plus brillantes & des plus étendues de l’Encyclopédie. Leurs procédés y sont en général décrits avec assez de soin dans le texte, & exposés sous toutes leurs formes dans des planches nombreuses & très-soignées. Ces avantages si précieux ont été reconnus universellement, & ont contribué à la fortune de la première édition de cet ouvrage. Cependant il faut convenir que, malgré les justes éloges que nous venons de donner à cette partie, elle a des défauts & des difficultés qui exigeoient une exacte révision & une nouvelle rédaction.


1°. Outre le vice de la confusion de matières disparates qui se croisent & s’embarrassent perpétuellement dans cette immense collection, où toutes les Sciences & tous les Arts sont confondus pêle-mêle, la description même de chacun des Arts y est tellement subdivisée & mutilée, qu’il est presque impossible de la suivre & de la rassembler entièrement. Chaque volume contient des fragmens qui avoient été oubliés ou négligés dans les volumes précédens, en sorte que le lecteur n’est pas même guidé dans la recherche des divers articles de l’art qu’il veut connoître.

2°. Il y a un plus grand tort à reprocher aux premiers rédacteurs, & qu’ils n’ont pas cru devoir eux-mêmes dissimuler, c’est que le texte du discours de beaucoup d’Arts & Métiers ayant été composé sans les gravures, & les planches n’ayant pas toutes été faites pour cette description, il en résulte que les indications ont presque toujours fausses, & que pour y rémédier il a fallu renouveler une