Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/773

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
640 PEI PEI


du siége de Troie, dont la même chronique place le commencement 1218 ans avant l’ere vulgaire.

On ne sait donc à quelle époque placer Hygiémon, Dinias, qui ne savoient peindre encore que d’une seule couleur, & Charmade qui trouva l’art encore si grossier qu’il inventa le premier, celui de faire connoître la différence des sexes dans les ouvrages de peinture.

On ne sait trop ce que Pline veut dire, quand il parle d’un Eumarus qui imita toutes sortes de figures. Veut-il faire entendre que ce peintre représenta des figures de tout âge, de tout sexe, & dans toutes sortes de position, ou qu’il ne se contenta pas de faire des figures humaines, mais qu’il représenta aussi des animaux ? Quoiqu’il en soit, il nous apprend que cet Eumarus fut imité par Cimon. Ce fut Cimon qui le premier varia le mouvement des têtes, les faisant regarder en haut, en bas, de côté ; il marqua les articulations des membres, il exprima les veines, il fit sentir les plis & les sinuosités des, draperies. Si c’est à lui qu’on doit toutes ces inventions, qu’étoit donc la peinture, lorsqu’on ne savoit encore rien de tour cela ?

Ici va commencer tine histoire plus suivie de la peinture grecque, mais dans laquelle cependant il ne se rencontrera que trop souvent encore des incertitudes.

(1) Ce n’étoit pas sans doute, un peintre méprisable, au moins pour son tems que ce Bularque qui peignit le combat des Magnésiens. Pline dit que ce tableau fut payé au poids de l’or par Candaule qui mourut environ 700 ans avant notre ère. On peut croire que l’artiste étoit encore plus ancien que le prince ; car il est rare que l’on paye avec cette générosité les ouvrages d’un peintre vivant. En supposant à BULARQUE le mériBularque te que semble indiquer le prix de son tableau, l’art avoit fait plus de progrès dans la Grece avant la fondation de Rome que nous ne l’avons indiqué en parlant de la peinture chez les Etrusques. Si nous nous égarons, c’est sur les traces de Pline qui est confus dans les faits, indécis sur les dates, & dont le récit offre des contradictions fréquentes.

Après Bularque, il se trouve dans l’histoire des peintres une lacune de deux siécles & demi. Nous savons seulement que du temps d’Anacréon, plus de 500 ans avant notre ère, la peinture florissoit à Rhodes, & qu’on y peignoit à l’encaustique. Il dit en adressant la parole à un peintre : "souverain dans l’art que l’on cultive à Rhodes.

(2) Phidias, ce célébre sculpteur qui flo-


rissoit du temps des Périclès, vers 445 ans avant notre ère, cultiva aussi la peinture. Il peignit à Athènes ce même Périclès, surnommé l’Olympien, comme l’entendent quelques interprétes, ou plutôt Jupiter Olympien, comme l’entend M. Heyne, qui ne croit pas que, pour pommer Périclès, on ait employé le mot Olympius sans rien ajouter qui le désignât plus particulièrement. Nous parlerons avec plus d’étendue de Phidias ; à l’article des sculpteurs.

(3) Panænus étoit frere de Phidias. Il associa ses travaux à ceux de l’immortel statuaire dans le temple de Jupiter Olympien. Il y peignit Atlas qui supporte le ciel & la terre & Hercule qui se prepare à le soulager de ce fardeau ; le fils d’Alcmène est accompagné de Thésée & de Pirithoüs. Il y représenta la Grece & Salamine personifiées ; celle-ci tenoit dans ses mains un ornement composé de rostres de navire, symbole qui rappelloit aux Athéniens des idées capables de flatter leur orgueil. Il y peignit aussi le combat d’Hercule contre le lion de Némée, l’injure qu’Ajax fit éprouver à Cassandre, Hippodamie, fille d’Œnomaüs, avec sa mère ; Prométhée chargé de chaînes & qu’Hercule regarde prêt à le délivrer ; Penthésilée rendant le dernier soupir dans les bras d’Achille ; enfin deux Hespérides portant les pommes dont la garde leur étoit confiée. Il représenta dans Athenes la bataille de Marathon ; & les Athèniens croyoient reconnoître dans ce tableau leurs propres chefs & ceux des ennemis ; de leur côté Miltiade, Callimaque, Cynégire, & du côté des Perses, Datis & Artapherne. Nous ne pouvons juger du talent qu’il développa lorsqu’il peignit en Elide le combat des Athéniens contre les Amazones dans l’intérieur du bouclier de la Minerve sculptée par Colotès mais nous pouvons juger du moins que ce travail, dont les spectateurs ne devoient pas jouir, étoit fort déplacé. Charger de peinture des statues de marbre ou de bronze, c’est en pas connoître les limites des deux arts. Plutarque nomme Plistenete le frère de Phidias ; mais les autorités réunies de Pline, de Strabon, de Pausanias doivent l’emporter sur la sienne.

(4) Polygnote de Thasos vivoit à peu-près 420 ans avant notre ere. Pline en faisant l’éloge de ce peintre, dégrade tous ceux qui l’ont précédé & les réduit à la barbarie. Polygnote est le premier, dit-il, qui ait su draper les femmes d’étoffes brillantes, qui ait su varier les couleurs de leurs coëffures il est aussi le premier qui ait ouvert la bouche de tes figures, qui ait fait voir les dents, qui ait adouci l’ancienne roideur des visage


Si