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? A Y formes, qui constituent ce qu’on appelle un dessin pauvre.

PAYSAGE, (subst. masc.) dérivé du mot pays, parce qu’un paysage est une représentation d’un pays, une imitation de quelqu’aspect de la campagne ou autrement de la nature champêtre.

La représentation qu’en iat la peinture & qui se modifie sous des formes innombrables, s’appelle Tableau de paysage.

On peut représenter les aspects de la campagne tels qu’ils s’offrent aux regards.

On peut, en peignant un paysage, prendre pour base, des aspects réels, maïs auxquels on se permet de faire des changemens tels, que ces représentations soient en partie imitées de la nature, & en partie idéales.

Enfin l’on peut, sans sortir de l’attelier, peindre la campagne.

On peut en composer la représentation, telle qu’on l’imagine d’après toutes les combinaisons éparses sur la surface de la terre ; un peut le colorer & l’éclairer à son gré d’après les effets de couleur & de lumière dont on se rappelle le souvenir.

Les aspects que l’on imite fidèlement & tels qu’ils se présentent, s’appellent des vues. ainsi l’on dit de l’Artiste qui employe ainsi son talent, qu’il dessine ou qu’il peint des Vues.

Les aspects champêtres, imités en partie d’après la nature & en partie imaginés, sont des paysages mixtes, ou des vues composées.

Les Paysages créés sans autre secours que les souvenirs & l’imagination, sont des représentations idéales de la nature champêtre.

Les Vues manquent souvent, par trop d’exactitude ; des agrémens que l’imagination auroit pû leur prêter.

Les Paysages mixtes ou vues composées abondent quelquefois en agrémens d’imagination, aux dépens de l’exactitude des plans perspectifs, ou d’une unité parfaite dans la vérité des effets de la lumière.

Les représentations idéales enfin (genre le plus noble du Paysage, parce que le génie, s’y montre davantage) exigent aussi le plus grand talent & par cette raison, ce genre a produit les plus beaux & les plus mauvais tableaux de la nature champêtre.

Je vais offrir à mes lecteurs quelques développemens d’idées sur ces trois différentes classes qui embrassent toutes les sortes de paysages.

DES VUES.

Les vues sont par leur nature les plus vrais


de tous les paysages ; mais ce ne sont pas ceux qui méritent le plus d’admiration, comme ouvrages de l’art. Elles sont relativement au genre du paysage, ce que sont les portraits relativement à l’histoire.

Suivons un moment ce rapport :

L’impression la plus marquée que produise un portrait est celle qu’on épreuve, lorsqu’on reconnoît la personne représentée de que l’on s’intéresse à elle.

On peut encore être frappé d’une vérité d’imitation qu’on nomme vérité de nature. Nous éprouvons ce sentiment à la vue d’un portrait de Van-Dyck, du Titien, de Rimbrand, dans lequel nous croyons appercevoir un homme ou une femme qui se présente à nous & semble prêt à nous parler ; une impression plus foible, mais plus générale, est celle que produit un portrait, par la singularité des physionomies & des ajustemens.

Ramenons ces idées du genre du portrait, au genre des vues.

L’intérêt de ressemblance, dont j’ai parlé, est propre à ceux qui reconnoissent un aspect qu’on a représenté avec exactitude.

Ce plaisir regarde le possesseur, l’artiste qui a fait l’imitation & ceux qui, par des rairons particulières, attachent au lieu qu’on a représenté quelqu’intérêt personnel.

Je m’arrêterai un moment à chacune de ces impressions.

Celle qui regarde le possesseur est bornée à lui & tient à la personnalité.

Les impressions que ressentent les artistes en dessinant ou en peignant des vues & en jouissant de l’exacte ressemblance qu’ils s’efforcent de leur donner, sont plus intéressantes.

La nature & l’art concourent à l’envi à l’intérêt que leur causent ces représentations.

Aussi est-il difficile à quiconque n’a jamais dessiné ou peint d’après nature de le faire une juste idée de l’intérêt qu’éprouve l’artiste, lorsque choisissant, ou plutôt faisissant avec ardeur, une vue bien éclairée, enrichie d’accidens heureux, il se prépare à en faire le portrait, dans cette disposition favorable (on pourroit dire délicieuse) dont j’ai parlé à l’article qui explique ce que c’est que peindre avec amour. Dès le premier moment qu’il prépare ses crayons ou ses pinceaux, il voit déja l’entreprise terminée au gré de ses desirs. A chaque trait s’accroît un plaisir que rendent plus vif les difficultés qu’il éprouve, les résistances que semble faire la nature pour tromper son empressement, les efforts qu’il redouble pour la saisir, les jouissances enfin, à chaque faveur qu’il en obtient.