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PAS son état naturel. La tête penchée semble marquer l’abbaissement d’une ame qui s’humilie. Si, au contraire, l’objet qui a causé d’abord notre admiration, n’a rien en lui-même qui mérite notre estime, alors ce défaut d’estime causera le mépris.

CHAPITRE VII . Le mépris. Les mouvemens du mépris sont très-vifs & très-marqués. Il s’exprime par le front ridé, le sourcil froncé & abbaissé du côté du nés, & fort élevé du côté opposé. L’œil est fort ouvert, la prunelle est au milieu ; les narines élevées se retirent du côté des yeux, la bouche se ferme, les extrêmités s’abbaissent, & la lèvre de dessous excède celle de dessus. Quand la haine est causée par le mépris, elle en partage le caractère.

CHAPITRE VIII . L’horreur. L’objet méprisé cause quelquefois de l’horreur : alors le sourcil se fronce & s’abbaisse beaucoup plus ; la prunelle, située au bas de l’œil, est à moitié couverte par la paupière inférieure. La bouche s’entr’ouvre ; mais elle est plus serrée par le milieu que par les extrêmités qui, étant retirées en arrière, forment des plis aux joues. La couleur du visage est pâle, les lèvres & les yeux un peu livides. Les muscles & les veines sont marqués, & cette affection a de la ressemblance avec la frayeur.

CHAPITRE IX . La frayeur. La violence de cette passion altère toutes les parties. Le sourcil s’éléve par le milieu, ses muscles sont marqués, enflés, pressés l’un contre l’autre, & baissés vers le nés qui se retire en haut, aussi bien que les narines. Les yeux sont fort ouverts, la paupière supérieure cachée sous le sourcil, le blanc de l’œil environné de rouge ; la prunelle égarée se place vers la partie inférieure de l’œil ; le dessous de la paupière s’enfle & devient livide ; les muscles du nés & des joues s’enflent aussi & se terminent en pointe du côté des narines. La bouche est fort ouverte, & les coins fort apparens ; les muscles & les veines du col sont tendus, les cheveux hérissés, la couleur du visage, surtout celle du bout du nés, des lévres, des oreilles & du tour des yeux pâle & livide. En un mot, tout annonce le saisissement du cœur par le sang qui se retire vers lui, ce qui l’oblige, dans le besoin de respirer, de faire un effort Aussi la bouche s’entr’ouvre-t-elle avec un mouvement convulsif, & quand l’air de la respiration passe par l’organe de la voix, il forme un son qui n’est point articulé.

CHAPITRE X . L’amour simple. Les mouvemens de cette passion, quand elle est simple, sont fort deux & fort simples eux mêmes. Le front est uni, les sourcils un peu élevés du côté que se trouve la prunelle, la tête inclinée vers l’objet qui cause de l’amour. Les yeux peuvent être médiocrement ouverts, le blanc de l’œil fort vif & éclatant, la prunelle doucement tournée du côté où est l’objet : elle paroîtra un peu étincellante & élevée. Le nés ne reçoit aucun changement, non plus que toutes les parties du visage qui étant seulement remplies d’esprits qui l’échauffent & l’animent, rendent la couleur plus vive & plus vermeille, particulièrement à l’endroit des joues & des lèvres. La bouche doit être un peu entr’ouverte, & les coins un peu élevés. Les lèvres paroissent humides ; & cette humidité peut être produite par les vapeurs qui s’élévent du cœur.

CHAPITRE XI . Le desir & l’espérance. Le desir rend les sourcils pressés & avancés sur les yeux qui sont plus ouverts qu’à l’ordinaire ; la prunelle enflammée se place au milieu de l’œil, les narines s’élèvent & se serrent du côté des yeux ; la bouche s’entr’ouvre, & les esprits qui sont en mouvement donnent une couleur vive & ardente.

Les mouvemens de l’espérance sont moins extérieurs qu’intérieurs. Cette passion tient toutes les parties du corps suspendues entre la crainte & l’assurance, de sorte que si une partie du sourcil marque de la crainte, l’autre partie marque de la sûreté. Ainsi toutes les parties du corps & du visage sont partagées & entremêlées du mouvement de ces deux passions.

CHAPITRE XII . La crainte. S’il n’y a point d’espérance d’obtenir ce qu’on desire, alors la crainte ou le désespoir prend la place de l’espérance. Le mouvement de la crainte s’exprime par le sourcil un peu élevé du côté du nés. La prunelle, étincellante & dans un mouvement inquiet, est située dans le milieu de l’œil ; la bouche, plus ouverte par les côtés que par le milieu, se retire en arrière, & la lèvre inférieure est plus retirée que l’autre : la rougeur est plus grande que dans l’amour & le desir ; mais elle n’est pas si belle, car elle tient de la couleur livide. Les lèvres sont de même, & l’on y observe aussi plus de sécheresse, quand la passion de l’amour change la crainte en jalousie.

CHAPITRE XIII . La jalousie. Elle s’exprime par le front ridé, le sourcil abbattu & froncé, l’œil étincellant & la prunelle cachée sous les sourcils, & tournée du côté de l’objet qui cause la passion, le regardant de travers, & d’un côté opposé à la situation du visage. La