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DRî ORIGINALITÉ . (subst. fem.) Qualité pas laquelle un homme se distingue des autres hommes, & un artiste des autres artistes, par des traits de caractère qui lui sont propres. Quand un artiste fait bien, en dédaignant de marcher servilement sur les traces des autres ; quand le caractère particulier qu’il imprime à ses ouvrages, est pour l’art une nouvelle acquisition, une nouvelle richesse, son originalité est louable, & prend même le nom de génie. Quand il ne s’écarte de la voie commune que pour s’égarer, quand il fait moins bien que les grands maîtres, en se piquant de ne pas faire comme eux, son originalité est vicieuse, & prend le nom de bisarrerie. (L.)

ORIGINE Naturelle de la peinture (*) Si l’on cherche l’origine naturelle ou essentielle de la peinture, je veux dire, celle qui est fondée inaltérablement sur la nature de l’homme ; & si l’on veut appercevoir la destination universelle & également inaltérable de cet art, il faut examiner quels sont les besoins & les penchans universels de l’homme, soit qu’il vive en petites sociétés, soit que réuni à un grand nombre, il devienne membre de ces assemblages immenses qu’on désigne par les noms de peuples & de nations. Il faut encore observer en parcourant l’histoire, qu’il est des institutions remarquables, en ce qu’elles s’établissent dans quelque forme de société que les hommes vivent.

Il est nécessaire enfin de reconnoître que les arts libéraux, au nombre desquels la peinture, collectivement avec plusieurs autres branches du dessin, se trouve comprise, sont des langages, & essentiellement les langages sont des institutions attachées à l’état de société indispensable à l’homme. Je crois avoir ouvert le premier la route qui peut conduire à ces notions intéressantes : si ce sujet est au-dessus de mes forces, des esprits plus éclairés que le mien rectifieront mes idées, ou leur donneront l’étendue & la clarté nécessaires.

L’historique de la peinture consiste dans quelques fragmens que les hommes studieux ont recueillis & rassemblés en lisant les écrits des anciens, & en appuyant sur les monumens


antiques qui existent encore, les connoissances qu’ils y ont puisées.

Ces témoignages prouvent effectivement d’une manière indubitable, que la peinture, ainsi que les arts qui ont des rapports avec elle, remonte à-peu-près, à ce que nous nommons une grande antiquité.

Cependant il faut observer qu’il ne reste que des fragmens des peintures les plus anciennes, & un nombre plus considérable, à la vérité, de tableaux déterrés de nos jours dans les ruines d’Herculanum, mais dont la plupart sont altérés. D’où il résulte que l’historique de la peinture & les monumens de cet art que nous possédons, sont assez inutiles aux progrès des modernes & à l’instruction des artistes ; ils sont même insuffisans pour contenter la curiosité raisonnée des esprits qui comparent ces fragmens de travaux de deux ou trois nations anciennes seulement avec la masse générale des hommes, avec le nombre de peuples, qui, depuis si longtemps, couvrent successivement les différentes parties de la terre, & avec la somme des temps, qui paroît à ceux qui la considerent philosophiquement, ce que paroît à un Navigateur au milieu d’une mer immense, l’étendue des eaux qu’il croit sans limites.

Au reste, les savans qui ont parlé le plus des arts, & je pense qu’on ne peut guére nommer que Pline, n’ont pu sans doute donner, faute de matériaux, plus d’étendue qu’ils ne l’ont fait aux notions historiques qu’ils nous ont transmises.

L’Art du dessin est la base & le principe de la sculpture, de la peinture & même de l’architecture mais je dois me restreindre à la peinture & à la sculpture, considérées comme provenans de l’art du dessin.

Quels sont donc les élémens de l’art du dessin ? le lecteur avec un peu de réflexion répondra en me prévenant :

Les élémens de l’art du dessin sont des lignes droites, courbes, de toutes les espèces & de toutes les courbures possibles, qui, employées avec attention, avec adresse, avec intelligence, & combinées entre elles, parviennent à imiter les formes des objets naturels & visibles. Je me ferai maintenant une seconde question plus embarassante, sur la réponse de laquelle je serois surpris d’être prévenu, parce qu’elle suppose & exige des observations. La voici ;

A quoi tient en nous, que tous les hommes apportent en naissant la faculté & la nécessité de créer les arts ? à quoi, dis-je, tient dans chaque individu le penchant déterminant de tracer ces lignes & ces traits imitatifs qui constituent l’art du dessin ? Après avoir observé & réfléchi,

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