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grands nombre, sur-tout ceux qui sont de M. Mallet, Théologien très-instruit, judicieux & modéré. C’est un acte de justice de conserver à un auteur estimable tout l’honneur de son travail.


Ce dictionnaire sera précédé d’un plan ou prospectus, dans lequel toute la nomenclature sera rangée selon l’ordre didactique ou selon la suite naturelle des idées.

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[XVI.] DICTIONNAIRE DE LA PHILOSOPHIE ancienne & moderne ; par M. NAIGEON, un volume in-4o.

IL contiendra l’Histoire générale & particulière de la Philosophie & des Philosophes anciens & modernes. On y exposera fidèlement, & d’une manière claire & précise, leurs principales opinions sur la Physique, la Métaphysique, la Politique, la Morale. On y joindra quelques détails sur leur vie privée, lorsqu’elle offrira des traits assez piquans pour intéresser le lecteur, ou qu’on les croira propres à développer leur caractère moral.

Pour mieux exécuter le nouveau plan de travail qu’on a cru devoir adopter, on se propose d’étendre ou d’abréger, de refaire même en tout ou en partie, selon qu’on le jugera nécessaire, plusieurs articles de Philosophie ancienne &c moderne, répandus dans la première Encyclopédie, & dont les différens auteurs nous ont paru fort au dessous de leur sujet ; mais on conservera scrupuleusement, sans se permettre même le plus léger changement, ceux qui sont le fruit des recherches d’un Philosophe justement célèbre, qui a porté sur tous les objets dont il s’est occupé, des vues également neuves, fines, & profondes, à qui nous devons encore un grand nombre d’excellens articles de Grammaire, de Littérature, de Politique, de Morale, &, ce qui ne mérite pas moins d’éloges, par l’étendue & la variété des connoissances que ce nouveau travail suppose, l’histoire presque entière des arts & métiers, & la description exacte & détaillée d’une infinité de machines ingénieuses, dont le mécanisme, lors même qu’il est le plus simple, est toujours très-difficile à décrire d’une manière claire & sensible pour les autres.

Les additions plus ou moins étendues qu’on se propose de faire aux articles qui traitent de la Philosophie des anciens, auront pour but d’éclaicir certains points de leurs doctrine, & de fixer enfin les idées sur ces questions d’autant plus obscures aujourd’hui, qu’elles ont été souvent agitées ; de faire voir l’état des sciences chez les Grecs au temps où ils florissoient, & le point où ils les ont portées par les seules forces de leur génie, privés des instrumens dont les modernes se sont servis avec tant de succès ; de déterminer avec exactitude l’importance & la difficulté de leurs découvertes considérées en elles-mêmes ; de bien distinguer sur-tout parmi les vérités éparses dans leurs ouvrages, celles dont ils voyoient la liaison, les rapports, & les conséquences, & à la dé-


monstration desquelles ils avoient été conduits par le raisonnement, l’expérience, & l’observation, d’avec celles qui n’étoient dans leur tête que de simples opinions. C’est faute d’avoir fait cette distinction importante, qu’un écrivain peu philosophe a faussement attribué aux anciens une foule de découvertes qui ne leur appartiennent pas, & dont il est également ridicule & injuste de leur faire honneur au préjudice des modernes. Il y a bien de la différence entre un apperçu vague, ou, si l’on veut, une opinion ingénieuse & vraie, mais qui ne tient absolument à rien dans la tête de celui où elle se trouve, à laquelle il est même arrivé sans le savoir, & en partant le plus souvent de principes faux, & une idée lumineuse fondée sur des principes incontestables, & qui est le résultat d’une longue suite d’expériences & d’observations. C’est là le point où commence la science, & ce qui seul en mérite le nom.

L’Histoire de la Philosophie moderne sera traitée avec le même soin. L’Encyclopédie méthodique offrira même sur ce sujet aussi vaste, & plus intéressant pour nous, plusieurs nouveaux articles qui pourront donner lieu à des réflexions utiles sur certains points de Littérature, de Morale, & de Philosophie. Toutes ces additions seront imprimées, les unes à la suite des articles dont elles formeront le supplément, les autres sous certains chefs généraux auxquels elles appartiennent. On les désignera par une étoile, afin que le lecteur puisse voir d’un coup-d’oeil ce que l’Encyclopédie méthodique contiendra de plus en ce genre, & les nouvelles richesses qu’elle doit ajouter à celles que la première Encyclopédie renfermoit déjà sur cette branche de nos connoissances.

Si l’histoire critique de la Philosophie de Bruker avoit été faite par un homme versé dans les différentes matières qu’elle embrasse, & qui eût joint sur-tout, à une étude réfléchie des langues anciennes, la sagacité & la profondeur qu’exigeoit un ouvrage de cette nature, elle auroit pu être d’un grand secours : mais ce livre n’est guère qu’une vaste compilation, qui suppose plus de patience que de raisonnement ; il, ne dispense pas même de consulter les sources, ce qui du moins eût abrégé le temps & les recherches, toujours longues & pénibles, quand on veut les faire avec autant d’exactitude que de discernerment. Bruker, comme la plupart des érudits, avoit beaucoup plus lu que pré-


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