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(E C objet que de plaire ; & en cela il n’est pas inférieur à la poësie qui dans un grand nombre de ses productions ne reconnoît pas d’autre fin. C’est ordinairement la seule que se propose l’auteur d’une petite pièce fugitive & quelquefois même d’une comédie.

On appelle aussi dans les arts objet, ce qui est sous les yeux, & quelquefois même seulement dans l’esprit de artiste, & qu’il se propose dimiter. Un tableau original est l’objet, de celui qui en veut faire une copie, un modele vivant celui de l’artiste qui veut le représenter, une campagne celui du paysagiste qui veut la reproduire dans un tableau, un fait historique celui d’un peintre qui n’a pas vu ce fait & qui veut cependant en faire le sujet de son ouvrage ; enfin un sujet purement idéal celui du peintre, du statuaire, du dessinateur qui veut lui donner une existence sensible par le moyen de son art.

On appelle encore objet ce qui est exposé aux regards : c’est dans ce sens que l’on dit qu’il ne faut pas multiplier les objets dans un ouvrage, qu’il faut lier tous les objets dans une composition. (article de M. LEVESQU.)

OBSCUR (adij.) sombre, ténébreux. Ce tableau est trop obscur. Un ton obscur convient à une composition triste. Les teintes obscures donnent de la valeur aux tons brillans.

Le mot obscur, s’oppose au mot clair dans le composé clair-obscur, qui signifie le jeu, l’opposition des lumieres & des ombres.

Mais quand on décompose ce mot, on ne dit point le clair & l’obscur, mais les clairs & les bruns les jours les ombres, la lumiere & l’ombre.

Chambre obscure, instrument d’optique dont les peintres font quelquefois usage il en sera parlé dans le dictionnaire de pratique.

ŒCONOMIE, (subst. fem.) l’œcomomie d’un tableau est la même chose que son ordonnance. Pour donner à son ouvrage une belle œconomie, il faut connoître les parties qui y sont nécessaires, ou qui du moins sont capables de le faire valoir, celles qui y sont inutiles, & qui pourroient même y jetter la confusion ; avoir le talent de mettre dans le plus beau jour, & dans l’attitude la plus convenable, la principale figure, de la faire dominer sur tout le reste, d’attirer sur elle les premiers & les derniers regards, de i’imprimer profondément dans la mémoire du spectateur par sa beauté & par la vérité de son expression ; il faut donc avoir aussi l’art de donner aux figures subordonnées assez de beauté, pour qu’elles soient de bons ouvrages de l’art, sans que’elles deviennent capables de distraire par elles-mêmes, ou par leurs accessoires l’attention


qui doit se reposer sur la figure capitale. Ajoutons que le tableau doit offrir le nombre de figures qu’exige l’action, sans en présenter un trop grand nombre qui feroient foule, & ne se démêleroient pas aisément ; que toutes doivent être convenablement placées, sans se nuire mutuellement, & que toutes doivent avoir le mouvement & l’expression de l’affection que leur prête l’artiste. (L.)

ŒUVRE . (subst.) Ce mot est du féminin, & s’emploie au pluriel quand il est question des ouvrages d’un écrivain : ainsi l’on dit : les œuvres de Racine, de Montesquieu, &c.

Il est du masculin & s’emploie au singulier quand il est question des ouvrages d’un artiste : on dit l’œuvre de Raphaël, de Rubens &c. ; il est difficile de se procurer l’œuvre complet de Rembrandt.

Comme ce mot signifie une collection, il ne s’emploie pas en parlant des ouvrages de peinture ou de sculpture, parce que ces ouvrages sont répandus en divers lieux, & non rassemblés en un seul cabinet. Il faudroit qu’un peintre eût bien peu travaillé, ou que son talent eût bien peu recherchés, pour qu’ils fussent tous réunis dans les mains d’un seul propriétaire. Les ouvrages d’un grand peintre, sont dispersés dans tous les pays de l’Europe où l’on aime les arts.

Le mot œuvre se borne donc à exprimer la collection des estampes gavées d’après un maître : ainsi l’œuvre se Raphaël comprend les estampes que différens graveurs ont faites d’après lui.

Quand ce mot exprime les ouvrages d’un graveur, il signifie ou les estampes qu’il a faites d’après ses propres dessins, comme l’œuvre de Callot, ou celles qu’il a gravées d’après diffërens peintres, comme l’œuvre de le Bas, d’Aliamet.

Quelques amateurs ont la manie de rassembler l’œuvre entier d’un artiste, & pour y parvenir, ils dépensent à se procurer les plus foibles ouvrages d’un auteur, des sommes dont ils pourroient faire un meilleur emploi. Ce sont quelquefois les premiers essais de la jeunesse que l’artiste a taché de supprimer, qu’on se procure le plus difficilement, & que par conséquent on paye le plus cher. On fait des choix par goût, on rassemble desœuvres par vanité & pour avoir la satisfaction de dire qu’on les possède. (L.)

OMBRE (subst. fem.) L’ombre n’est pas la même chose que l’obscurité des ténèbres. Celle-ci est noire & ne permet de rien distinguer, de rien reconnoître : elle n’entre donc pas dans les objets d’un art qui travaille pour le sens de la vue : s’il a quelquefois recours à