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la plus belle des Sabines pour la lui offrir, comme on leur envioit leur proie, & qu’on menaçoit de la leur ravir ; ils s’écrioient en chemin : Nous la portons à Thalassius. Il étoit d’usage que l’époux jettât des noix aux enfans, & quoiqu’on cherche à cet usage une signification symbolique, il n’avoit peut-être d’autre objet que de leur faire prendre part aux plaisirs de la fête, dont la solemnité se terminoit dans l’ombre de la chambre nuptiale.(Article de M. Levesque.)

NOIR . (adj.). Ce mot se prend substantivement, quand il exprime le noir ou les noirs matériels, dont les peintres sont usage, comme le noir d’os, d’ivoire &c. C’est dans le dictionnaire Pratique, qu’on doit parler des différentes sortes de noirs employés en pointure.

Lorsqu’il est question de la Théorie de l’art, on peut seulement remarquer que c’est un défaut de peindre noir ; mais on a déjà eu plusieurs fois occasion de l’observer, & on ne le repète ici que par l’obligation de remplir la nomenclature alphabétique de l’art. Il n’est pas fort commun que les tableaux sortent noirs de l’attelier ; mais il arrive trop souvent qu’ils poussent au noir avec le temps. C’est encore au dictionnaire Pratique qu’appartiennent les moyens de prévenir ce défaut.

Nourri . (adj.). C’EST le Contraire du sec du maigre. Un trait sec intérêt vicieux, Il Faut qu’il Soit nourri . Les dessins doivent être de Faits d’ONU crayon nourri . Sur obole peindre pinceau non d’ nourri, et C’EST Ce Qui conduit à faire non gras et moëlleux.

NOYER . (V. act.). C’est mêlanger les couleurs, marier les tons, fondre les teintes, les unir entr’elles par des passages insensibles, imiter enfin la nature qui, par exemple, sur la peau d’une personne bien saine, ne place point par tâches séparées différentes couleurs les unes à côté des autres, mais y répand une variété inimitable de tons, dont l’œtil le plus subtil ne peut découvrir ni le commencement ni la fin.

Cependant des maîtres, que l’on compte avec justice au nombre des grands coloristes, ont négligé de noyer leurs teintes, & se sont contentés de les placer les unes à côté des autres : c’étoit la pratique de Rubens, & quelquefois Rembrandt a poussé si loin ce procédé, que ses ouvrages, vus de près, ne semblent que des ébauches grossières. Mais les artistes qui ont adopté cette manière, vouloient que les spectateurs ne regardassent leurs tableaux que d’une distance convenable, parce que l’air interposé entre l’œil du spectateur, & l’ouvrage de peinture en noye les teintes encore plus, parfaite-


ment que ne pourroit faire le pinceau. Elles n’ont donc aucun besoin d’être noyées dans les tableaux qui doivent être placés à une certaine hauteur, & demandent à l’être davantage dans les petits tableaux de chevalet.

« La distance qu’on demande pour bien voir un tableau, dit Félibien, n’est pas seulement afin que les yeux aient plus d’espace & plus de commodité pour embrasser les objets & les mieux voir ensemble ; c’est encore afin qu’il se trouve plus d’air entre l’œil & l’objet, & que, par le moyen de cette plus grande densité d’air ; les couleurs d’un tableau paroissent noyées & comme fondues. »

« En effet, quelque soin qu’on apporte à bien peindre un ouvrage, toutes ses parties étant composées d’une infinité de différentes teintes, qui demeurent toujours, en quelque façon, distinctes & séparées : ces teintes n’ont garde d’être mêlées ensemble de la même sorte que sont celles des corps naturels. Il est bien vrai que quand un tableau est peint dans la dernière perfection, il peut être considéré dans une moindre distance, & il a l’avantage de paroître avec plus de force & de rondeur, comme font ceux du Corrège. C’est pourquoi je vous ai fait remarquer que la grande union & le mêlange des couleurs sert beaucoup à donner aux tableaux plus de force & de vérité, & qu’aussi plus ou moins de distance, contribue infiniment à cette union. »

« Je vous dirai encore que c’est par la même raison de cette grande union des couleurs, que les excellens tableaux peints à l’huile, & qui sont faits il y a long temps, paroissent avec plus de force & de beauté, parce que toutes les couleurs dont ils ont été peints, ont eu plus de loisir de se mêler, de se noyer, de se fondre les unes avec les autres, à mesure que ce qu’il y avoit de plus aqueux, & de plus humide dans l’huile s’est évapore, (ou peut-être encore parce que l’huile, en vieillissant, a répandu sur l’ouvrage entier une teinte, qui marie ensemble toutes les teintes), c’est ce qui fait que l’on couvre les tableaux avec un vernis qui émousse cette pointe brillante & cette vivacité, qui quelquefois éclate trop & inégalement dans les ouvrages fraîchement faits, & ce vernis leur donne plus de force & plus de douceur. Comme les peintures en miniature ou en pastel ont toujours plus de sécheresse que celles à l’huile, on les couvre d’une glace de chrystal, afin d’en attendrir toutes les parties, & de les voir mieux ensemble. Vous pouvez remarquer qu’un petit portrait peint en émail n’a pas besoin de ce secours, parce que les couleurs dont il est travaillé étant