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NOB d’un monument d’Architecture qu’il a de la noblesse.

Toutes ces manières de parler font entendre quelque chose de majestueux, comme le sont les formes simples & grandes dont nous venons de parler, & que nous supposerons principalement devoir être celles des dieux, des Héros ; en effet elles semblent s’assortir parfaitement avec les sentimens qu’inspirent les grandes vertus.

On étend dans la peinture le titre de noble jusqu’à des objets purement physiques & matériels : ainsi dans l’architecture, on donne la noblesse à un bâtiment ; cependant on dit plus généralement un édifice qui a de la noblesse, qu’un bâtiment noble.

Je reviens aux objets matériels que l’on appelle nobles dans la peinture. Par exemple, on dit un paysage noble, un fond noble. Il est facile de sentir, d’après ce que j’ai dir, qu’alors il se fait dans l’esprit un rapprochement d’idées. Un paysage noble, est un paysage dont le site présente quelque chose d’imposant par l’étendue & par la grandeur, & la simplicité des plans.

On voit qu’il se fait, à l’aide de ces caractères, un rapprochement d’idées très-figurées, & ressemblant au rapprochement qui nous fait appeller un paysage riant ou austère. Ce sont ces mêmes liaisons d’idées qui ont fait appeller certains fonds de tableaux des fonds nobles.

Le Gaspre donnoit de la noblesse à ses paysages. Plusieurs peintres d’histoire (& sans sortir de notre Ecole) de Troy, offre dans la plupart de ses tableaux, des fonds nobles. On les qualifie ainsi d’après des fabriques distinguées & une certaine pompe, pour parler ainsi, dont il ornoit les scènes où il plaçoit ses personnages. (*)

Mais comment parvient-on à la noblesse du trait, de la composition & du tout ensemble ? C’est par l’inspiration habituelle d’une certaine élévation de l’ame, dont tous les hommes & un grand nombre d’Artistes n’ont pas été doués par la Nature.

C’est par cette élévation dame & de caractère, qu’on exerce noblement son Art, qu’on choisit les belles formes, les sujets élevés, qu’on n’arrête ses regards que sur des objets distingués, où se trouve ce qu’on est convenu


d’appeller de la noblesse, qu’on a de la répugnance pour tout ce qui y est opposé, c’est-à-dire, pour le trivial le mesquin & le bas.

Si les dispositions heureuses dans lesquelles, comme Artistes, vous devez trouver la source des idées nobles qui doivent vous distinguer ; ne vous ont pas été départies libéralement par la Nature ; tâchez de démêler par des observations attentives ce que l’opinion la plus saine, ce que les hommes instruits & éclairés regargent comme noble, élevé & grand dans les beaux ouvrages de tout genre ; vous rectifierez ainsi, autant qu’il est possible, la Nature, ou vous suppléerez peut-être en partie à ce qui lui manque.

Ce qui peut au reste consoler & encourager, c’est qu’on a vu quelques productions des Arts remplies de noblesse, dont les auteurs n’ont pas passé pour avoir l’ame parfaitement élevée. Ils l’avoient au moins vraisemblablement dans les momens où ils composoient ; mais il est plus heureux & plus sûr de trouver en soi un principe d’idées nobles, sur-tout si elles ne tiennent ni à l’orgueil, ni à la sotte vanité. (Article de M. Watelet.)

NOCES des anciens . Quand on n’oseroit pas assurer qu’Homère nous a peint avec la plus exacte fidélité les mœurs des Grecs au temps du siége de Troie, il faudroit encore le regarder comme un témoin irréprochable des mœurs de son temps : les usages qui étoient alors observés pour les noces & qu’il nous a conservés, sont tels que nous les retrouvons encore dans des siècles bien postérieurs.

Dès-lors le consentement du père & de la mère des deux époux étoit nécessaire, comme on voit que six siècles plus tard, il l’étoit encore du temps de Xénophon, & comme il continuoit de l’être sous le bas-Empire, lorsque Justinien en fit une loi que les nations de l’Europe moderne ont en général adoptée.

Chez la plupart des peuples de l’Orient, tant ceux qui connoissent le luxe & les richesses, que ceux qui, dans leur pauvreté native, montrent encore la simplicité des premiers âges, l’usage veut que les époux achètent leurs épouses, & le père ne livre sa fille qu’à l’amant qui lui en offre le plus haut prix. C’est ce qui se pratiquoit du temps d’Homère, & ces dons que faisoit l’époux, ou plutôt ce prix qu’il étoit obligé de donner pour la marchandise qu’il acquéroit, se nommoit Edna. C’est ce que faisoient encore nos ancêtres dans les premiers siècles de notre monarchie ; & l’on trouve même de nos jours les dernieres traces de cet usage dans la médaille ou la pièce de monnoie que l’épouse reçoit de son époux. Mais, dans le siècle d’Homère, souvent le père de l’épouse ne gagnoit rien à ce marché, puisque


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