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NÉG miré en elle ; mais ils découvrirent toutes les beautés que répand à sa surface le jeu des lumières & des ombres, &, la variété des couleurs.

Lors même que l’art est parvenu à sa perfection, il reste toujours des artistes qui, dans la nature, ne voyent guère en que ses formes ; d’autres que les effets qu’y cause la lumière, d’autres que le charme des couleurs ; d’autres enfin, qui, destinés par la nature à n’avoir jamais que les yeux du vulgaire, n’appercevront toujours que très-imparfaitement les objets même que leurs maîtres leur indiquent. (Article de M. Levesque.)

NATUREL (adj.) Ce Qui est Conforme à la nature. Le soi insert also this mot de substantivement : le fel qu’un ouvrage dit est, dessiné, peint d’activités après le naturel, qu’il Faut consulteur le naturel, & c.

NÉGLIGENCE, NÉGLIGENCES . (sub. f.)

J’expliquerai au mot négliger le sens général que le mot négligence, au singulier, peut avoir relativement à la peinture ; je vais entrer dans quelques détails sur celui qu’il a lorsqu’on l’employe (ce qui arrive le plus ordinairement) au pluriel ; car alors il a une acception sensiblement différente. En effet, si l’on dit : il y a de la négligence dans ce Poëme, on paroît en attaquer l’ensemble ; si l’on dit : il y a des négligences, on veut faire entendre que quelques parties, ou simplement quelques détails n’ont pas été travaillés avec assez de soin, & cela n’attaque pas aussi essentiellement l’ouvrage.

Il en est de même dans les ouvrages de peinture : ce tableau est fait avec négligence veut dire que l’ensemble, que toutes les parties sont négligées. Il y a des négligences dans ce tableau signifie que quelques parties ne sont pas assez étudiées ou assez terminées.

Ce mot, lorsqu’il n’est pas pris dans son acception la plus sevère, a plus souvent rapport au style qu’aux autres parties. On dit très-fréquemment il y a des négligences, de grandes négligences dans le style de tel Auteur, de tel ouvrage. Dans la peinture, c’est au dessin que s’applique aussi plus ordinairement cette même expression, qui n’emporte pas une critique absolue de l’ouvrage du peintre.

Cette relation confirme le rapprochement qu’on peut faire à quelques égards entre le dessin dans l’art de la peinture, & le style dans l’éloquence & la poësie. Cependant on compare aussi quelquefois le style à la couleur ; c’est qu’on peut s’attacher dans ce que nous nommons style en général, à la correction, comme dans le dessin ; & qu’on peut y considérer aussi ie caractere qui a un rapport, mais moins exact, avec la couleur, Si l’on regarde le style ou la maniere d’écrire relativement à la partie gram-


maticale, il est bien véritablement pour l’éloquence & la poésie, ce qu’est le dessin pour la peinture. Si l’on envisage le style sous le rapport des nuances dont sont susceptibles les différens caractères qu’un orateur ou un poëte peut lui donner, il se rapproche de la couleur ; mais, pour ne pas insister sur ces rapprochemens, dont on fait si souvent un usage peu éclairé, & qui d’ailleurs ne peuvent jamais être d’une justesse extrême, je me contenterai de dire que les négligences qui blessent la correction du dessin, ont pour causes principales, le peu d’habitude de dessiner d’après l’antique & la nature choisie ; par conséquent l’ignorance des règles primordiales, fondées sur la connoissance de l’Ostéologie & de la Myologie. Il est possible encore que la vivacité du caractère du peintre, la mobilité & l’impatience de son imagination occasionnent dans ses ouvrages des négligences de correction dont il s’apperçoit & que son caractère ne lui permet pas de corriger.

Il est des artistes qui n’exécutent point avant que d’avoir bien conçu, & d’autres qui exécutent au même instant qu’ils conçoivent. Ne voyons nous pas ainsi & trop souvent dans la société, des hommes qui parlent, pour ainsi dire, avant que d’avoir pensé ? Le peintre qui conçoit vivement, & dont le caractère est prompt & impatient, voudroit que sa main & son pinceau pussent agir avec la même rapidité que son imagination : on observe que la plume qui ne trace que des signes, & que la langue même qui ne produit que des sons rapides, ne peuvent suivre la promptitude de la pensée ; à bien plus forte raison, le pinceau qui doit imiter physiquement les objets, & qu’il faut reprendre à plusieurs fois, pour réprésenter les moindres détails, se trouve-t-il d’une lenteur souvent désespérante pour l’artiste qu’entraine l’impétuosité de la pensée. S’il n’est pas assez habitué à la correction des formes, pour que l’instinct, pour ainsi dire, les exécute fidèlement, en quelque sorte à son insçu, il ne peut manquer de pécher contre cette correction. Il est alors nécessaire qu’il revienne sur ses pas ; mais il est cependant des beautés attachées à cet accord de rapidité qu’on aime à remarquer entre la main qui exécute, & l’ame qui conçoit. On a regret à les sacrifier & l’on finit souvent par se pardonner des incorrections, des négligences, en pensant qu’il vaut mieux être animé, spirituel, plein de chaleur que correct. Le juge seroit tenté de penser quelquefois comme l’artiste ; mais celui qui traite des préceptes de la peinture, dont la représentation physiquement juste des objets qu’elle imite, est la base essentielle, ne peut approuver les négligences : en effet leur abus trop facile attaqueroit le fondement de l’art, & de proche en proche, pourroit le faire dégénérer

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