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noient une seule beauté pour en faire toutes les beautés différentes. (Article de M. Levesque.)).

MODÈLE. (Terme de sculpture). Comme il est aisé de perdre un bloc de marbre, si l’on en ôte plus qu’il ne faut pour produire l’ouvrage qu’on se propose ; comme d’ailleurs le marbre ne se manie pas aisément ; ainsi q u’une substance molle qu’on pétrit à volonté ; comme il est très difficile d’y faire certaines corrections, & que d’autres sont même absolument impossibles ; l’artiste commence par produire son idée en argille : c’est ce qu on appèlle un modèle. Le travail en marbre n’est qu’une copie faite, ou du moins terminée de la main du maître, & à laquelle il ajoute souvent des beautés qui ne se trouvoient pas sur son original.

Il est possible à la rigueur de faire sans modèle) au moins une mauvaise figure de pierre : c’est vraisemblablement ainsi qu’ont travaillé les premiers inventeurs de l’art, & cette méthode hasardée fut aussi probablement celle dos sculpteurs gothiques. Il suffisoit pour eux que la pierre taillée eût grossièrement la figure humaine. Mais comme on ne peur jetter un ouvrage en bronze sans que le métal soit soutenu d’un noyau, & enveloppé d’un moule, & que le moule doit se prendre sur un modèle, on a été obligé de faire un modèle dès la première fois qu’on a exécuté un ouvrage en bronze.

Quand Pline rapporte l’invention des modèles à Dibutade de Sicyone, ou aux Samiens Rhécus & Théodore, il faut donc entendre seulement que ce fut Dibutade qui fit cette découverte à Sicyone, qu’elle avoit été faite auparavant à Samos, par Théodore & Rhécus, & que long-temps encore auparavant, elle avoit été faite en Egypte, puisque les Egyptiens avoient fait des ouvrages en bronze avant que les arts fnt connus dans la Grèce. Il en est ainsi d’un grand nombre d’inventions qui sont nées en des temps différens, dans les différentes contrées.

On lit dans l’ancienne Encyclopédie, que les sculpteurs nomment modèles des figures de terre &c. qu’ils ébauchent pour leur servir de dessin. Cette manière de s’énoncer n’est pas exacte & doit tromper les lecteurs qui ne connoissent point les arts. Il est bien vrai que les sculpteurs sont d’abord un ou plusieurs modèles qui ne sont que des ébauches, des premières pensées, comme les peintres ont coutume de faire tine première esquisse : mais le modèle d’après lequel doit être travaillé le marbre, ou sur lequel doit être fait le moule, est à peu près aussi terminé que le sera dans la suite le marbre ou le bronze. On sent que


cela doit être ainsi, puisque c’est sur le modèle que se prendront les mesures qui seront reportées sur le marbre, & que c’est aussi sur le modèle que se prendra le moule dans lequel sera fondu le bronze. On sait que les statuaires évitent, autant qu’il leur est possible, que le bronze ait besoin d’un travail fait après coup, d’autant plus qu’au moins chez les modernes, ce travail est confié à des mains étrangères.

On lit dans le même ouvrage, que les anciens faisoient leurs modèles en cire, & que les modernes y ont substitué l’argille : & quelques lignes plus bas on y trouve la preuve qu’ils ont employé l’argille, ainsi que les modernes, & même, ce qui est moins certain, que leurs premiers modèles ont été d’argille. Ce qu’il y a de vrai, c’est que dans l’antiquité, comme à présent, on a fait des modèles de cire, qu’on en a fait de terre, & que dans tous les temps on a dû préférer la dernière substance, au moins pour les grands modèles. Il est même vraisemblabe qu’elle a toujours été généralement préférée, parce qu’elle se manie plus aisément.

Autre erreur du même ouvrage. On y lit que l’argille, en se séchant, souffre une diminution inégale dans toutes ses parties, que les petites parties de la figure se séchant plus vîte que les grandes, le corps, comme la plus forte de toutes, se seche le dernier, & perd en même temps moins de sa masse, que les premieres.

A cette objection d’un amateur, nous opposerons la réponse d’un artiste éclairé par une longue expérience, M. Falconet. « Cela seroit, dit cet habile statuaire, contre les lois les plus simples & les plus connues de la physique ; & voici ce que ces lois & l’expérience démontrent journellement aux sculpteurs qui font des modèles d’argille. »

« Ces modèles étant faits d’une même matière, & cette matière étant également humide, la sécheresse produit une retraite égale & proportionnée aux différentes parties. Le col d’une figure, par exemple, qui auroit trois pouces de grosseur, se réduiroit, en séchant. à deux pouces neuf lignes, tandis que le corps, qui auroit sept pouces & demi de large, n’auroit plus que six pouces dix lignes, la retraite supposée à un douzième : cette règle est constante, quelque forme que le sculpteur donne à son modèle. «  « Mais il est un inconvénient dont on ne parle pas, qui est cependant essentiel, & que la seule réflexion, sans l’expérience, auroit dû suggérer : c’est la réduction inégale de la hauteur du modèle, comparée à celle de sa largeur. Tour coups humide, dont les parties ne sont pas contenues sur leur hauteur par des membranes solides,

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