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M I L à embrasser eux-mêmes la vie sociale, en ne leur laissant plus, dans l’état solitaire, qu’une vie précaire & difficile à soutenir. Mais le brigandage ne cessa point avec la vie sauvag.

Nous avons vu que les villes n’étoient que des hameaux, & chaque ; hameau contenoit un peuple entier, qui avoit son roi, ses vieillards ou magiftrars, son armée conrposée de tout ce qui étoit en erat de porter les armes.

Un sentiment trop naturel aux hommes, c’est qu’ils doivent être justes dans le sein de leur sociéré, mais qu’ils ne sont soumis à aucun devoir, à aucune observation de la justice envers les étrangers : & dans l’état dont nous parlons, tout ce qui n’étoit pas habitant d’un hameau, étoit étranger pour lui, & par conséquent expose à ses attaques.

Un autre sentiment aussi naturel, c’est que tout ce qui exige du courage est vertu, ou plutôt que le courage est la vertu suprême, & renferme toutes les autres. On peut découvrir l’origine de ce sentiment dans celle des sociétés, torsque les hommes ne pouvoient trouver le repos & la sureté que dans leur courage.

Ainsi les habitans des sœiétés naissantes exercèrent done sans remords le brigandage contre les sœiétés voisines, parce qu’ils croyoient n’être obligés envers elles à aucune observation de la justice : ils l’exercèrent même avec orgueil, parce que le brigandage exige de la valeur.

On s’informoit peu si les exploits guerriers étoient fondés sur la justice, pourvu qu’il témoignassent du courage : on désigna l’homme vertueux, l’homme excellent parle mot aristos, & ce mot étoir formé du nom que les Grecs donnoient au dieu de la guerre : ils l’appelloient Arés ; ce sur aussi de Ion nom que vint le mot Areté, qui signifioir la vertu.

On vit donc les héros punir quelquefois les brigands, & quelquefois s’honorer d’être brigands eux-mêmes. Toute la Grèce, dit Thurydide, étoit toujours en armes, parce qu’il n’y avoit de fureté ni dans les maisons, ni sur les chemins. On étoit armé pour attaquer pour le défendre, pour faire le brigandage pour le repousser. Le prix du vainqueur étoit ordinairement d’emmener les troupeaux de bœufs des vaincus, & les vaincus à leur tour cherchoient à porter le ravage chez les vainqueurs. Si Thésée fit la guerre a Pirithoüs, C’est que celui-ci lui avoit enlevé des bœufs.

Dès-qu’on ofa se halârder sur la mer, en exerça la piraterie. Le nem de pirates n’avoit rien d’odieux dans son étymologie ; il signifioit seulement un faiseur d’ais, de tentatives. I1 ne l’étoit pas non plus en lui-même : on 4emanemit sans impolitesse à un étranger qui


abordoit sur un rivage, s’il émit voyageur, ou marchand ou pirate.

La guerre se fit souvent pour des femmes enlevées : l’enlevcment d’Hélène arma la Grèce contre la Phrygie. La ville de Troye fut prise & renversee après dix ans de siège, pour punir le ravissement d’une femme, qui aruit bien voulu être ravie. Des rois, des fils de rois furent engagés malgré eux dans cette grande expédition, & l’on peut croire que ces sortes d’engagemens forcés étoient en usage pour les entreprises importantes. Ulysse feignit même. d’être fou, pour s’exempter de marcher à cette guerre : Achille fut tiré du Gynecée de Lycomèd, où il étoit déguisé sous des habits de fille Dans les maisons où il, y avoit Plusieurs enfans, mâles, on en tira un au sort.

Déjà étoient inventées la plupart des armes offensives & défensives, dont les homme, ont fair usage jusqu’à l’invention de l’artillerie moderne. Le casque le nemmoit Cynée, parce que dans l’origine, il étoit fait de peau da chien marin. On changea depuis la matière en conservant le même nom. On fit des casques de peau de taureau, on en fit même de peau de belette, renforcée, apparemment, de quelqu’autre substance plus capable de résisteraux coups. Homère parle de casques entièrement d’airain ; peut-être cet airain étoit-il quelquefois recouvert seulement d’une peau de bête, pour donner au guerrier un a’r plus terrible.

Les cesques étoient surmontes d’un, de deux, de quatre cimiers, destinés à recevoir des queues de chevaux, dont les crins agités par le vent & par le mouvement du guerrier, augmentoient la terreur des ennemis. Cette coëssure guerrière s’attachoit sons le menton par le moyen d’une courroie.

Les cuirasses étoient souvent d’airain : il y en avoir qui étoient cemposés d’anneaux ; d’autres étoient faites d’une sorte & épaisse piquure de lin ; telle étoit celle d’Ajax Oïlée. On revêroit quelquefois par dessus la cuirasse, en forme de manteau, une peau de lion, d’ours, ‘ de léopard, ou même de taureau.

Les guerriers portoient une large ceinture, garnie d’airain ; elle contenoit & rcrforçoit en même temps la cuirasse. I a ceinture de Ménélas lui fauva la vie contre la flèche qui lui fut lancée par Pandare. La ceinture faisoit le complément de l’armure, & l’on disoit se ceindre, pour signifier quo l’on revêtoit les armes.

Les guerriers couvroient aussi le devant de leurs jambes d’une arme défensive, qu’on nommoit Cnêmis. Elle étoit aussi, pour l’ordinaire, d’airain ou dr. léton, & s’attachoir quelquefois avec des agraffes d’argent.

Les Grecs alloient donc aux combats, presqu’entièrement couverts de métal, comnmme l’é-