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Le raot Jet eft employé relativement anx draperies, parce qu’en effet , ainfi qu’on vient de le dire , elles doivent être jettées comme par hafard , Se ne faire qu’obéir aux mouvemens de la figure qui en eft revêtue. Elles fontvicieufes dès qu’on peut s’appercevoir qu’elles ont été rangées par les doigts del’artifte fur le mannequin, ou même fur la nature vivante , mais immobile. Voyez les articles Draper , Draperies , Plis des Draperies.

Les peintres & les ftatnaires fe font toujours plaints de la forme roide 8c mefquine des vêtemens modernes : l’habit des hommes eft un •refte de la robe que portoient autrefois les marchands, 8c qui refîembloi : allez à celles que portent encore les enfans élevés dans les hôpitaux. La robe a été raccourcie , les plis fe font confervés fur les côtés , le trouffis de la longue manche qui fe relevoit , a été arrêté par des boutons , & a formé ce que nous appelions la botte ou parement.

Quoique ce vêtement ait toujours été peu favorable aux arts, il l’eft devenu moins que jamais depuis quelques années. On voit , par les ftatues des hommes célèbres du fiècle dernier, que d’habiles fculpteurs ont fu tirer parti de l’habit que portoient les François fous le règne de Louis XIV. Les ftatues de Pafcal , de la Fontaine , &c, à ne les confidérer que pour cette partie, peuvent fembler même plus pittorefques que les ftatues antiques vêtues de la fimple tunique. Les culottes larges fornioient d’aufïï bons plis que les braies de quelques nations étrangères ^ qui fe voyent fur des basreliefs de l’ancienne Rome. Les deux vêtemens , nommés vefte 8c furtout , avoient de l’ampleur, &feprêtoient à des mouvemens que l’art pouvoit faifir avec fuccès. Mais comment les artiftes du fiècle prochain pourront - ils repréfenter les kommes qui vivent aujourd’hui ? Un gilet court 8c ferré, un habit qui n’habille pas, un collet -élevé qui cache le col & une parue des joues , tout le vêtement enfin , étroit , & collé fur la chair-, voilà ce que la mode actuelle prépare aux artiftes futurs. Ce vêtement femble montrer le nud, & n’en cache en effet que les beautés, c’eft-à-dire les mouvemens variés des mufcles, les fineffes des articulations , la fermeté des parties apparentes des os, qui con :rafte avec la mol elfe ondoyante des parties mufculeufes. Un homme tranquille rappelle moins l’idée d’un être vivant , que celle d’une momie enveloppée de bandelettes. ( Article de M- Levesque. ) JET -, terme de la fonte des ftatues. Les jets font les canaux ménagés, pour introduire le métal en fufion dans le moule. Voyez l’article F0T !TE.

JEUNESSE. ( fubft. fém. ) La beauté eft de tous les âges, mais elle s J affocie de préférence a la j-euneffe. La grande difficulté, & en même JEU

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temps le triomphe de l’art , c’eft de rendre les foimes du bel âge. La douce union de ces formes , produit la parfaite harmonie , qui n’eft autre chofe que l’iffemblage de plufieurs objets réduits à l’unité , comme , dans l’harmonie mufïcale , plufieurs fons , parleur accord , femblent ne former qu’un l’on unique , & ne font éprouver à l’oreille qu’une feule fenfation. Les formes , dans la jeunejji , font variées , mais elles s’unilfent les unes aux autres par des paflages fi doux , qu’on peut marquer à peine où elles commencent & où elles fin’-ffent -, elles paffenc les unes dans les autres : elles font en grand nombre , & ne font qu’une , 8c de cette unité , réfulte la perfection de la beauté. On fent que le defîin de ces formes , donc l’œil même attentif perd les extrémités & ne peut failîr que les milieux , eft bien plus difficile que celui des formes dures & reffenties de l’homme rigoureux , ou des formes altérées du vieillard , dont les ruines offrent les traces profondes des ravages du tems.

Dans les corps fortement mufcles , ce n’efï pas une faute grave , ce n’eft pas même fouvent une faute fenûble, de fortir du contour indiqué par la nature : on eft même trop porté peut-être à regarder comme une beauté idéale 8c favante , cette exagération de la force des parties mufculeufes. Mais dans la figure d’un beau jeunehomme , quelque foible changement que l’on faffe au trait, en l’exagérant , ou en le rentrant , on efface une beauté , on détruit la douce & imperceptible ondulation du modèle , on introduit une diflbnance dans la plus délicieufe harmonie. La nature de cet âge a fi précifément ce qu’il lui faut pour être belle , qu’on ne peut, fans l’outrager, lui rien ôter, lui rien donner. Lui ôter , c’eft l’ammaigrir ; lui donner , c’eft changer fon caractère.

L’artifte montre plus évidemment fon favoîr dans l’imitation des figures vigoureufes : mais c’eft par l’imitation des figures délicates du jeune âge, qu’il fait fur-tout connoître s’il a le fentiment de la beauté.

Le Laocoon eft un ouvrage plus favant que l’Apollon, ou du moins un ouvrage , où la feience eft plus apparente. Agefander , le maître à qui Ton doit la figure du Laocoon , a été peut-être un artifte plus profond que l’auteur de l’Apollon ; mais le dernier devoit avoir un efprit plus élevé , une ame plus tendre, un cœur plus fenfible à la beauté. On voit fur la terre des figures qui approchent du Laocoon ; il femble quecefoît dans le ciel qu’ait été pris le modèle de l’Apollon.

Les pierres gravées & leurs empreintes Drouvent que les artiftes modernes on : bien mieux réufli à copier les belles têtes prononcées , que celles qui offrent des beautés pîu3 délicates. A la première infpecticn , un connoiffeur pour-