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un excellent goût à une grande vigueur de ton , & à une grande propreté. Ses eaux font gravées dans la manière dont Baléchou avoir donné le modèle, & que Wollet a perfectionnée : fes roches nepourroient êtremieuxtraitées, fon feuille, fes troncs d’arbres font très-pittorefques. Il fe fervoit d’une forte échoppe pour graver les arbres, les terraffes & tout ce qui demande un travail brut. On peut trouver que , dans ces objets , les tailles font trop larges & trop nourries pour s’accorder avec le travail des figures 1 dont fes payfages font accompagnés : ce défaut a été outré par fes imitateurs. Il s’eft attaché dans les dernières années de fa vie à la gravure de l’hiftoire, & a toujours eu dans fa manœuvre un caractère qui lui étoit particulier, dont il fautfentir le mérite, mais qu’on ne doit pas adopter fans réflexion. ( Article de 31. Levesque. )

GRAVURE (fubft. fém. ) Par - tout on éprouve, on reffent chaque jour les avantages de ïa gravure ; dans tous les pays où les arts font même foiblement cultivés, elle reçoit les hommages qui lui font dûs , & les peuples qui accueillent le plus foiblement l’art de peindre , -font obligés d’avoir quelquefois recours à celui de graver.

Qu’il nous foit permis de rapporter Ici les obfervations d’un homme de beaucoup de goût. Elles font le réfultat d’un examen critique & raifonné des ouvrages des grands maîtres, & elles doivent être d’autant mieux accueillies que nous ne les devons pas à un graveur qni auroit pu fe laiffer féduire par les préjugés de fa profeliion ; mais à un amateur très-éclairé des beaux arts , & à un homme d’un profond favoir.

On peut affurer , dit-il , que de tous les arts d’imitation , il n’en eft aucun , fans en excepter même la peinture , qui foit d’une utilité plus générale que celui de la gravure. Dès fes commencemens , on s’en eft fervi pour étendre les diverfes branches de nos connoiffances ; c’eft à cet art que nous devons les plus sûrs moyens de communiquer la repréfentation des objets vifibles ; c’eft lui qui nous a difpenfé d’avoir recours à ces defcriptions embarraffées, & prefque toujours fautives , dont on étoit obligé de fe fervir pour faire connoître ce que l’on peut aujourd’hui mettre fous les yeux , & indiquer clairement, à l’aide d’une eftampe accompagnée d’une courte explication.

Le moyen de multiplier les eftampes leur donne un avantage inap’-éciable fur les tableaux ; elles ont encore celui d’une plus longue durée , parce qu’on peu plus facilement les préferver des injures du temps. Les meilleurs ouvrages des anciens peintres font pour la plupart peints à frefque fur des murs , ou dépofés dans de G R A,

valTes fallons & des galeries inhabitées , que l’humidité pénètre , J8c que le temps détruit à la longue. Une eftampe au contraire, quand elle eft de quelque importance, ne pane que de loin en loin du perte-feuille d’un amateur dans celui d’un autre amateur : pour qu’elle s’y conferre , le foin le plus léger fuffit. Au fit voyons-nous que tandis que les peintures de Raphaël ont prefque difparu des plafonds humides Se des toiles moifies qui les retenoient, les eftampes de fon contemporain Marc-Antoine Raimondi , font encore d’une beauté fingulière ; nous y retrouvons l’imitation la plus fidelle de ces belles compoûtions, qui fans ces gravures, feraient entièrement perdues pour •nous ; ou fi nous en avions queique connoiffance vigue , ce ne feroit que par les defcriptions des écrivains contemporains t comme nous avons dans les écrivains de l’antiquité les defcriptions infuffifantes de quelques tableaux de Zeuxis ou d’Apelles.

Il n’y a peut-être pas d’imitation de la nature qui intéreffe plus généralement que les ponraits. Quelle fatisfaétion les gens inftruits n éprouvent- ils pas à la vue de ces perfonnages, qui , par leurs talens fupérieurs, leurs feiences ou leurs vertus , ont mérité l’admiration & le refpeét des fiècles à venir ? Et qui pourrait fatisfaire le louable defir de fe procurer leurs portraits, fans la facilité fingulière qu’a la gravure de multiplier fes différens ouvrages ? Tandis que le tableau original refte au fond d un appartement particulier , où il ne peut être vu que de quelques perfonnes , fa traduction fidelle va par-tout offrir aux yeux du public les traits 8c , pour ainft dire , le caractère de l’objet de fes louanges 8c de fon refpeét. En Angleterre, où les tableaux originaux des anciens maîtres font extrêmei^nt rares , ce n’eft que par le moyen des eftampes qu’on peut fe former des id-ies vraies du mérite de leurs auteurs. Si ces fameux artiftes ont eux-mêmes tenu le burin ou la pointe , ce qui eft arrivé très-fouvent, qui doutera de l’exactitude du jugement qu’on en peut porter par l’infpection de leurs gravures ! on y retrouve en effet la fine.Te du deffin , la beauté de l’ordonnance &c l’expreffion qui leur étoient ordinaires. La pureté des contours y eft même fouvent plus grande que dans leurs tableaux : quand un artifte poflede dans un degré fupérieur ces qualités principales , il peut arriver que fes eftampes obtiennent la préférence fur ce qu’il a peint : telles font ce’ les de Piètre Tefte, à qui il ne manquoit qu’un meilleur coloris pour être au rang des plus fameux peintres , 8c qui s’eft fait, par Ces gravures à l’eau-forte, une réputation que fes tableaux ne lui auraient jamais méritée.

On ne peut acquérir une véritable connoiffance