Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/530

Cette page n’a pas encore été corrigée

G’RA

négliger les acceffoires , & même de faire des ouvrages entièrement médiocres : mais on n’a peut-être rien qu’on puiffe oppofer à Tes beaux morceaux. Jl a beaucoup travaillé à la collection ’ des portraits des hommes ilhifires de- la Grande-Bretagne , dont le premier volume a paru à Londres en 1743 1 &■ ^ e fécond généralement inférieur en 1751-

( 131 ) Laurent Cars, mort à Paris vers 1766, l’un des meilleurs graveurs du dix-huitième fiècle. Il mit dan :, fes ouvrages un goût qui n’étoit par celui des graveurs du fiècle précédent , qui peut-être ne lui doit pas être préféré, qui même n’auroit pas convenu aux tableaux que ces graveurs dévoient rendre , mais qui fut inf’piré à Cars par les gravures de le Moine. Les tableaux des grands maîtres d’Italie, ceux de le Sueur , de le Brun , de Mignard , avoient dans le faire une forte d’aufférité qui auroit été mal exprimée par l’aimable mollefle que Cars introduifit jufques dans les maffes d’ombre. Dans Gérard Andran le ragoût domine dans les parties de demi-teintes •, 8c dans Cars, c’eft dans les parties ombrées. Ses chefsd’œuvre font les morceaux qu’il a gravés d’après le Moyne, & fur - tout l’eftampe d’Hercule filant auprès d’Omphale.

On peut remarquer que , depuis la mort des artiftes qui contribuèrent à la fplendeur du règne de Louis XIV , peu de graveurs ont rempli les efpérances qu’avoient données leurs premiers ouvrages. C’eft que l’amour du beau s’eft perdu ; c’eft que du temps de Louis XIV l’amour du prince pour le grand dirigeoit le goût de la nation ; c’eil qu’alors on aimoit les ouvrages des grands maîtres , 8c qu’on fe plaifoit à les voir le reproduire par la gravure. Mais dans le fiècle fuivant, on n’eut de goût que fuivant la mode , on ne rechercha que les ouvrages à la mode , & la mode eut toute l’inconftance qui forme fon caractère. Il en réfulta que les graveurs furent obligés de fe prêter au caprice général pour fubfifter , & que plusieurs d’enrt’eux qui le feroient distingués par leurs -talens , fi les circonftances les eufTent fécondés n’eurent pas même dans toute leur vie l’occafion de faire un ouvrage capable de développer leurs difpofitions. Sans parler de modes plus fubalternes , on a vu naître 8c mourir celle des mafearades de Watteau , celle des jeux d’enfans de Chardin , celle des paftorales de Boucher , celle des vues 8c des marines , &c. Que pendant la durée de ces modes qui fe font fuccédées fans interruption , un graveur eût publié une eftampe d’après Raphaël , le Poufïïn , le Dominiquîn , le Carrache , &c, il n’eût pas trouvé d’acheteurs. Les amateurs feuls peuvent nourrir les arts , & fouvent leurs caprices les tuent. Cars lui-même n’a rien gravé d’important après fa jeunede, 8f j’ai vu Nicolas Dupuis G & A

5 8p

obligé de graver des eftampes auxquelles il ne mettoit fon nom qu’en rougiffant. ( 132 ) Pierre Subieyras , néà LTzès en 1699, mort à Rcme en 1749, e ^ <*u nombre des peintres qui ont manié la pointe avec le plus d’efprii 8c de gcût. Ses travaux font d’un excellent choix, fans qu’il paroiffe s’être occupé de les choifir. Il n’eft pas nécedaire de citer d’autres preuves de fen talent en ce genre, que fon eau-forte du repas chez le Phariflen. (134 Thomas Worlibge, né à Péterboroug en 1700, mort à Ilamershmith en i766,étoit peintre 8c s’eft occupé de la gravure. Il a cherché le procédé de Rembrandt, celui du moins par lequel ce peintre cachoit fes travaux , &c parvenoit à l’effet fans laiffer voir la marche de les tailles. Worlidge a trouvé ce procédé ; mais non l’efprit , le fentiment , l’art pittorefque avec lefquels Rembrant en faifoit ufage. (135) C. Wagner a gravé à Venife. Ses eftampes font remarquables par le grain flatteur que forment fes tailles croifées en lozange. Sa manière belle , large , meëlleufe & facile , qu’il paroît avoir imitée de Frey , a été perfectionnée par le célèbre M. Bartolozzi. Quoique Wagner ait gravé plufieurs fois d’après de grands coloriftes , & entr’autres d’après Paul Véronèfe ; je ne me fouviens pas d’avoir vu aucune de Ces eftampes qui fe diftingue par une couleur vigoureufe.

(136) François Vivarès , graveur fraoçois établi à Londres , a très-bien traité le payfage. On dit qu’il avoit commencé par être tailleur d’habits, qu’il confacroit tous les loifirs que lui laiflbit fa profeilien à deffiner le payfage d’après nature ou d’après des eftampes, & qu’il fe livra fort tard à la gravure. On peut dire que, dans fon genre, il a furpaflë en général ceux qui l’avoient précédé. ( 137 ) Jean Daullé , né à Abbeville en. 1703 , 8c mort à Paris en 1763. Son premier ouvrage eft d’après Mignard, & reprél’ente la Comteffe de Feuquieres , fille de ce peintre dont elle tient le portrait d’une main. Si Daullé avoit fait encore des progrès, peu de graveurs au burin auroient mérité de lui être préférés ■ il auroit eu même peu de concurrens s’il avoit pu du moins fe foutenir : mais quoiqu’il n’ait rien fait dans la fuite qu’on puiffe comparera ce morceau , il doit être regardé comme un artifte forr eftimable. Dans un fiècle plus heureux pour les arts , il fe feroit renfermé dans le genre qui lui convenoit ; la néceffité de vivre de fon talent l’a obligé à cultiver les genres auxquels il étoit le moins deftiné par la nature , ou, ce qui revient au même, par les premières imprefîionï qu’il avoit reçues en emrant dans la carrière des arts.

(138) Jean-Marc Pitteri , né à Venife en 1703 , mort dans la même ville en 1767, a choifi