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duit eft admirable. Celui de Charles Patin eft d’une excellente couleur & refpire la vie ; on voit le rire, mocqueur de ce médecin , non moins fatyriquc cjue fon père ; Tes yeux brillent de malice ; l’hermine de fa fourrure eft en même tems de la plus grande liberté dfe travail & de la plus admirable vérité : mais en regardant de près les tailles de la face , on trouve fort fingultere la marche que fuivent celles qui deïïment le nez pour aller enfu’nc former la joue ; on n’eft pas moins bleffé des tailles du iront , & l’on eft étonné de voir enfuite une taille roide former le menton. Son affe&ation de repréfenter des cheveux & des poils détachés, & en quelque forte volans, n’a pas été toujours hcureufe. Il réfulte de cette méthode que dans la fameufe eftampe des difciples d’Emaiis d’après le Titien, qu’on appelle l’eftampe à la nape , le chien avec fes poils hériffis {emble , quand on le regarde de trop près , être un chien de paille. On fentira aifement que cela doit être ; car un poil volant ne peut fe repréfenter en gravure que par deux tailles qui laiffent entre elles un intervalle ; quand cet intervalle ne feroit que de la cinquième partie d’une ligne, il en réfulte que, dans la proportion que peuvent avoir les figures dans une eftampe , le graveur , pour repréfenter un poil léger , reprefente en effet un poil qui a plus d’une ligne de groffeur. Il faut donc faire un ufage très-fobre de ce menfonge qui efb trop aif ment découvert quand il eft trop répété. Il n’en refte pas moins vrai que l’eftampe à la nape, quoiqu’elle offre ancore quelques autres bizarreries , eft un chef-d’œuvrs de gravure & peut être le plusbeau morceau qui qui ait été fait d’après le Titien. Il eft rare eue, dans les ouvrages de Maffon , les beautés ne compenfent pas avantageufement les défauts qu’il n’avoit que parce qu’il aimoit à les avoir. Dans le portrait de Gafpard Charrier qu’il a oravé d’après Blanchet , les cheveux indiquent plutôt les tuyaux d’un hériiTbn que la chevelure d’un homme ; mais la face eft d’un beau travail , les yeux fur-tout font gravés avec le fentiment le plus rare, & la peinture ne rendroit pas mieux l’humidiré bri ;lante du chryftallin. Il a gravé un affez grand nombre de portraits à-peu-près grands comme nature ; mais ce n’eft pas dans cette proportion qu’il a le mieux réuffi.

M. de Jaucourt dit , dans l’ancienne Encyclopédie , que Maffon , » au lieu de faire agir la 55 main droite fur la planche, comme c’eft l’ordid naire , pour conduire le burin fuivant la forme » du trait que l’on y veut exprimer, tenoit » au contraire fa main droite fixe , ik avec fa » main gauche , il faifoit agir la planche dans » le fens que la taille exigeoit. a Affurément «e n’eft pas Maffon qui a le premier imaginé G R A

de tourner la planche , puifqu’on iîé peut tr’às cer autrement au burin des tailles tournantes. Comment M. de Jaucourt imaginoit-il que Goltzius, que Muller euffent pu produire leurs travaux en JaiîTant la planche immobile ’ Comment, avant Maffon , auroit-on gravé en tailles arrondies la prunelle de l’œil fans tourner 1» planche ? Il n’eft pas vrai non plus que Maffon tînt fa main droite fixe, peneant qu’il tournoit le cuivre de la gauche. Ce qui eft vrai, & ce que’ nous ofons affirmer fans avoir vu graver Maffon , c’eft que de la main gauche il tournoit le cuivre vers la droite, tandis que du poignet droit il pouffoit le burin vers la gauche, &, fans ce mouvement du poignet droit, ni Maffon , ni perfonne ne pourrait couper le cuivre.

(52) dandine Bousonnet Stelia , nièce de Jacques Stella , peintre eftimable originaire de Lyon, eft née à Lyon en 1636 & eft morte à Paris en 1697. Elle mérite la palme entre les femmes qui fe font appliquées à la gravure , non que plufieurs ne l’aient furpaffée par ces alléchemens de l’art qui charment le peuple des amateurs, mais parce qu’elle en a poffédé mieux qu’aucune autre la profonde feience. On pourrait même avancer qu’aucun homme, n’a faifi comme elle le véritable caraélère du Poulïïn. C’eft ce qu’il fera facile de reconnoître en comparant les autres eftampes gravées d’après ce maître , avec celle du boiteux à la porte du temple, du calvaire, du Moyfe fauve, & furtout du Frappement du rocher, tous ouvrages de Claudine. On eftime les eflampes de Pefne parce que, dans fa gravure peu agréable, on trouve au moins quelque fentiment des beautés que lui fourniffoient les tableaux du Pouilîn. Mai* avec combien plus de fineffe & : de précifïon Claudine rendoitle deffin du Raphaël François.’ Et comme fes travaux bien fui vis expriment mieux les différens objets, que le défordre des travaux de Pefne qui , dans leur confufion n’off.ent pas même le charme à’an abandon pittorefque .’ Ses tons, favamment dégradés, annoncent les différens plans avec une rare jufteffe ; enfin aucun graveur n’eft parvenu comme elle à indiquer la couleur du Pouilin ; en voyant les cftampes de Claudine, on fe reprefente les tableaux , & dans cette parti* elle l’emporte même fur Gérard Audran. Elle avançoit confidérablement fes eftampes à l’eauforte, & n’employoit le burin que pour les accorder, ylntonïne fa fœur a auffi gravé l’hiftoire , mais avec moins de fuccès. ( 93 ) Sehaflien Ls Clerc , né à Metz en" 1637, mort en 1714. Voifm de la patrie de Caliot, il avoit avec lui quelques conformités ; on pourrait dire que c’étoit Cafiot annobli. Nous laifferons parler fur cet artifte M. Dandré Bardon » Le Clerc s’eft autant diflingué’