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de de/ïïn tiennent du gothique perfectionné. Sa gravure peut être comparée à celle d’Albert-Durer ou plutôt de Lucas de Leyde , mais fans en avoir le mérite ; ce qu’il imitoit de ces anciens maîtres , c’étoit fur-tout la féchereffe : il n’avoir d’ailleurs aucune idée du clair-obfcur ni de l’harmonie. Mais Couvent les figures Se leurs ajuftemens ne manquent pas d’une certaine grâce , & l’on trouve chez lui des têtes de femmes qui ont de la beauté.

Les François ont reçu affez tard la gravure. Le premier qui l’ait exercée cil Jean Duvet , natif de Langres qui travaiiloir à Paris vers 1550. On cite encore les noms d’un No’élCarnier & d’un Etienne de Laidne.

(30) Mais Léonard Gaultier mérite d’être diftjngué pour avoir gravé le jugement dernier de Michel- Ange , d’un burin encore plus fin & plus net que celui de Martin Rota : d’ailleurs Ion eflampe paroît n’être qu’une copie de celle ■du graveur Dalmate.

Cet artifte travailloit vers le commencement du dix-feptième iiècle ; C’efl : à cette époque ■que la gravure à l’eau-forte , jufqu’alors affez négligée, devint d’abord l’amufement de plusieurs artiftes, & fit enfuite la gloire de plusieurs.

(31) Lanfranc , célèbre par fes talens dans la peinture , ri’eft pas un de ceux qui ont manié la pointe avec le plus de fuccès. (32) Mais Corneille Schut , néà Anvers en 2590, & mort dans la même ville en i6j6 a gravé d’après fes compelitions des eaux- fortes juftemant recherchées. Peu de peintres ont pu le vanter d’avoir une pointe plus fpirituelle & plus ragoûtante. Il étoit en même-temps peintre habile & poète eflimé. Il aimoit la grande machine de la peinture & ce qu’en peut nommer la peinture d’apparat.

(33) François Périer , néà Mâcon en 1590 , & mort en 1660 reçut à Rome des leçons de ■Lanfranc , & fe diftingua dans la peinture. Il a gravé à l’eau-forte un grand nombre de fiâmes Se de bas-reliefs antiques ; mais il en fait feulement connoitre l’attitude Se le mouvement. Sa collection feroit plus utile s’il fe fût attaché ■davantage à exprimer le deflîn & le caractère des chefs-d’œuvre qu’il gravoit. L’antique Se les grands maîtres dans l’art du defjin doiyent ■être copiés avec la plus grande précifion, la plus exacte fidélité , j^oferois même dire avec une foumiffion fervile , car il n’y a pas de honte à fe rendre efclave de tels maîtres. (34) L’eau-forte n’avoit encore occupé que les inflans de loilir des peintres-, Jacques Caliot fe confbvra tout entier à ce genre de gravure. C’étoit un gentilhomme Lorrain, né à Nancy en 1503. Il s’échappa de la maifon paternelle Se fit le voyage de Rome pour fe livrer fans obflacle à Ion goût pour le defîîn. Il GRA

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paffa de Rome à Florence pour y continuer l’es études. Le goût qui regnoit dans cette patrie ds Michel - Ange étoit trop chargé. C’efl : un vice dans’ie grand , c’efl une vertu dans le petit , où les formes prendroient un caractère de froideur fi on ne leur donnoit pas une certaine charge en les réduifant. Ainlî le vice de l’école Florentine devenoit une manière propre au genre auquel le jeune Callot étoit appelle par la nature. Il fut honoré des bienfaits du Grand Duc , 8e ne retourna dans fa patrie qu’à la mort de ce Prince. Le Duc Henri, qui regnoit alors en Lorraine, accueillit fes talens Se lui fit éprouver fa générofité.

Tout le monde connoît au moins quelques ouvrages de Callot , & l’on fait quel efprit il mettoit dans fes compolitions. Si l’on veut le coniïcérer feulement comme graveur , on lui trouvera le plus grand talent pour traiter de fort petites figures , & l’on s’appercevra que fes travaux prennent une certaine pefanteur, Se perdent quelque chofe du goût Se de l’efpric qui diflinguent ce maître quand il pafTe à une plus grande proportion. Les graveurs à l’eauforte couvrent ordinairement leur cuivre d’un vernis mou comme de la poix Se qui cède aifément au tranchant de la pointe. On dit que Callot employa le premier le vernis dur des luthiers que les Italiens nomment vernice grojfo de’ lignaiuoli. Il réfifle à la pointe , & en même-temps il la contient : on peut même repaffer pluueur3 fois fur la même taille Se lui donner de la profondeur. Auffi Callot donnat-il à fes tailles la fermeté de celles au burin, au lieu de leur prêter l’agréable badinage qui fait le charme de la pointe. Il n’a point obtenu à cet égard les applaudiffemens de la poftérité , & les connoiffeurs préféreront toujours à fes travaux un peu compaflés la ragoûtante négligence de la Belle. Les deffins de Callot font recherchés ; on y trouve encore plus d’efpric que dans fa gravure. Il n’étoit pas facile à fe contenter lui-même dans fes ouvrages capitaux, & l’on fait qu’il a fait au moins quatre deffins arrêrés de la tentation de Saint-Antoine avant de graver ce fujet. Cette eftampe , celle de la grande rue de Nancy, fes foires , fes fupplices , [es misères de la guerre, fa grande Se fa petite paillon , fort parterre , fon éventail, font regardés comme fes chefs-d’œuvre. Ses talens lui ont fait la plus grande réputation ; il n’en mérite pas moins par fon courage. Il eut la gloire de réfifter à Louis XIII , ou plutôt au Cardinal de Richelieu à qui rien ne réfifloit. Les François ayant pris en 1331 la ville de Nancy fur le Duc de Lorraine , ïbuveraih de Callot , le roi ou fon miniftre voulut qu’il gravât cette conquête comme ilavoit déjà gravé la prife de laRochelle : mais l’artifte refufa de confacrer par fes talens l’humiliation de fon Prince , & A a a.ij