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■de Goitzîus & de Miîller. On peut voir dans l’eftampe où il a gravé le peintre Sptangers & Catherine Muller , défunte époufe de cet .artifte , à quel degré il a porté la gravure du portrait. Il a, en quelque forte , crée & conduit à la perfection .cette branche importante de l’art.

Jean Sadeler eft mort .à Venife en 1600 , Raphaël dans la même ville en 1617 & Giles à Prague en 1629. L’œuvre des deux oncles Se du neveu eft au moins de deux jnille eftampes.

Dans le même temps lîorifToisnt Pierre de Jode , le vieux , & les trois Galle , Philippe , ’Théodore & Corneille , dit le vieux. (21) Corneille Galle a gravé le paylage au burin pur. Les roches font fermes, le feuille a de la légèreté , la couleur eft agréable & vraie, chaque objet porte fon caractère , & tout le travail eft large & moelleux.

(23) Enfin un grand peintre Italien ne dédaigna pas de difpurcr aux artiftes de l’Allemagne & des Pays-Bas le prix de la gravure. C’étoit Auguflin Carrache dont nous avons parlé à l’article Ecole. On exige àpréfentplus de fini qu’il n’en mettoit dars fes eftampes , mais on n’exigera jamais des travaux plus favamment établis. Il fera toujours un excellent objet d étude pour les graveurs ,& ih gagneront à le regarder au moins comme le meilleur modèle qu’ils puiffent fe propofer pour l’ébauche de leurs travaux , & fur-tout pour celle des chairs. Il ne fe piquoit pas d’exciter l’étonnejnent en faifant tracer à fon burin des chemin : , longs Se difficiles ; mais il manioit cet Outil avec afl’ez d’adreffe peur l’obliger à fuivre favamment le fens des mufcîes, & il mettoit autant de goût que defcier.ee dans fa manœuvre. Enfin , fes eftampes font d’excellentes ^études de gravure & de deflin , & plufieurs même d’entr’elles., fans être terminées à la man : ère moderne , feront toujours regardées par le petit nombre des connoiffeurs comme les ouvrages d’un artifte qui connoifToit le point jufte où il eft bon de s’arrêter. M. Huberconnoît une épreuve du Saint-Jérôme qui femble prouver qu’Auguftin gravoit au premier coup. Les parties qui fe trouvent fur cette épreuve font terminées , les autres ne font encore indiquéas que par un trait léger*

(14) Annihal Carrache , fon frère , ne peut être compté au nombre des peintres dont les eaux-fortes ont ce charme auquel les artiftes donnent le nom de goujlofe ; mais fon trait eft çûr, hardi, favant Se arrêté. Ses travaux font fermes Se bien établis. Dans fon eftampe de la chafte Suzanne , les travaux qui forment" le fein & le bras gauche de cette figure , mériteroient, non d’être copiés, mais fuivis comme Une belle indication, fi l’on vouloir faire d’ar /eaum-Àrts. Tome I.

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près le même tableau , une eftampe plus finie & plus foignée. La tête & la barbe du vieillard qui eft le plus près de Suzanne , offrent aufli l’indication des travaux les plus convenables ; il feroit de même impoiïible de mieux exprimer les cheveux courts de l’autre vieillard. Enfin , les eftampes d’Annibal , très-précieufes pour les peintres qui les regardent comme de bons deffins d’un grand maître , mériteroient auffi d’être confultées par les gra» veurs : ils y apprendroient à joindre ce qus l’art a de favant & de pittorefque à ce que la partie de leur talent qu’on appelle le métier, peut avoir de flatteur. Le Guide , élève d’Annibal , a aufli gravé à l’eau-forte & d’une manière plus aimable.

(25) François Villamfne, natif d’ Affilé , fut élève d’Auguftîn Carrache pour la gravure. Sa manière peu chargée de travail , & dans laquelle le travail eft même trop économifé , indique plutôt des deffins d’un effet très-doux que des tableaux colorés. Elle eft d’ailleurs propre & agréable ; mais on fenr qu’il eft plus facile de conferver la propreté des travaux quand on en met fi peu. Quoiqu’il ne manquât pas abfolument de facilité dans le burin , il n’avoit pas encore toute celle que ce genre femble exiger, ce qui donne à fes travaux un fentiment de maigreur. Son deflin eft manière fur- tout pour les extrémités , & malgré fa réputation , il femble ne pouvoir être l’objet d’une étude fort utile ni pour les peintres ni poulies graveurs. Il eft mort à Rome en 1616, Se y étoit venu vers 1585.

Les arts qui commencent à fleurir confervent encore de la timidité : s’il s’élève alors quelques artiftes qui combattent cette timidité par un excès d’audace ,. ils préparent de nouveaux progrès en infpirant à leurs émules un jufte degré de hardieflé. On ne peut trouver le milieu fans connoître les deux extrêmes. Michel-Ange en outrant les formes Se les mouvemens, apprit aux peintres & aux fculpteurs cmel étoic le point où ils dévoient tendre , & où il falloit s’arrêter : Goltzius , & fes élèves plus audacieux que lui, -n’ont peut-être pas été moins utiles aux graveurs.

{26) Henri Goltz , que nous appelions Goltzius naquit à Mulbrecht, dans le Duché de Juliers en 1558, & eft mort à Harlem en 1617. Il étoit fils d’un peintre iiir ,verre qui fut l’on maître pour le deflin , Se il reçut plutôt des confeils que des leçons de gravure d’un nommé Coornhert qui doit aux talens de fon élève toute fa célébrité. Il voyagea en Allemagne & en Italie , & il étudia Raphaël & l’antique , fans perdre une manière barbare que les Allemands s’étoient faite en croyant imiter Michel-Ange. Savant dans le deflin , il détruifit par fon goût vicieux l’eftime que mériteroit fa feience : Aa a