Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(xv)


la théorie de l’art, ni le détail des opérations. Elles exigent une longue suite de préceptes que la démonstration seule, sous un habile maître, peut leur faire comprendre, en leur donnant à chaque instant la raison de toutes les actions variées qui doivent se suivre pour la perfection d’une opération dont la durée n’est pas d’une minute dans l’exécution. Cependant on ne négligera pas ce qui pourra être utile aux élèves : les principes fondamentaux feront connoître la différence des méthodes, la diversité des cas où elles peuvent ou doivent être admises de préférence, & détermineront positivement les procédés à suivre ou à éviter, sur-tout lorsque les auteurs qu’on a coutume de prendre pour guides, se trouveront d’opinions différentes. C’est rendre un service important que de ne laisser, pour l’intérêt général de la société, aucun prétexte aux indécisions dont les suites pourroient être si dangereuses, sur-tout dans les cas graves, plus fréquens qu’on ne l’imagine, & qui ne le deviennent quelquefois que par des secours mal administrés.

Des lumières acquises par une étude particulière sur les questions de Chirurgie relatives à la Jurisprudence, étendront l’utilité de ce dictionnaire : les tribunaux ont accueilli plusieurs de nos consultations en ce genre, & ils en ont fait le principe de leurs jugemens. Enfin rien ne sera négligé de ce qui pourra rendre les articles de Chirurgie intéressans, suivant le vœu de tous ceux à qui ils peuvent être utiles sous différens aspects.

Un discours préliminaire fera connoître la méthode d’étudier les principes de l’art ; la nomenclature alphabétique, à laquelle la distribution des articles assujettit, ne peut pas donner l’enchaînement des matières suivant l’ordre où elles doivent se ranger dans l’esprit, pour une étude suivie & profitable. Un plan raisonné indiquera cet ordre, & sera, pour ainsi dire, l’ame de cette production.

__________________________

[VI.] DICTIONNAIRE UNIVERSEL ET RAISONNÉ DE CHIMIE,
de Métallurgie, & de Pharmacie ; par M. DE MORVEAU, Avocat Général au Parlement de Bourgogne, membre de plusieurs Académies, quant à la Chimie ; par M. Duhame, Inspecteur général des Mines, quant à la Métallurgie ; par M. Maret, Secrétaire perpétuel de l’Académie de Dijon, quant à la Pharmacie, deux volumes in-4°.

LA Chimie, cette science aujourd’hui si cultivée, dont on a établi des cours publics dans plusieurs villes de province ([1]), dont le médecin, le physicien, le naturaliste ne peuvent plus se passer, dont tous les arts commencent à emprunter les lumières, la Chimie est, sans contredit, la partie la plus imparfaite de toute l’ancienue Encyclopédie.

Ce n’est pas que l’on ait à reprocher aux éditeurs d’avoir négligé le choix de leurs coopérateurs en cette partie ; il suffit pour les justifier de nommer MM. Venel, Malouin, Rouelle, &c. Il n’étoit guère possible d’appeler des hommes plus dignes de la confiance de la nation, puisqu’ils se sont placés dans le petit nombre des chimistes dont les travaux ont enrichi la science, dont les opinions sont encore d’un grand poids, dont les vues serviront long-temps à diriger les recherches ultérieures. On y trouve en effet quantité d’excellens articles ; mais aucun de ces savans ne s’étoit chargé de tour rédiger, ou du moins de tour revoir : de là vient qu’il n’y a nul ensemble, que les faits sont décousus, que les principes établis en quelques endroits sont souvent combattus dans un autre volume, qu’il manque une infinité de mots, quoiqu’indiqués par des renvois, quoique destinés à compléter des points de théorie, ou à décrire des opérations essentielles. Par exemple, le mot affinité n’y est pas même expliqué ; il faut chercher au mot menstrue les principes de la dissolution, & ces principes démentent formellement ce qui avoit été établi sous les mots adhérence, attraction, Cohésion.

Dans les supplémens, il n’y a encore que des articles détachés qui ne font corps ni entre eux, ni avec l’Encyclopédie ; l’auteur qui en a fourni le plus, n’avoit pas formé l’entreprise de suppléer ni de corriger toute la Chimie ; il s’est borné à retraiter quelques-uns des principaux articles de théorie, tels que assinité, causticité, cristallisation dissolution, équiponderance, hépar, phlogistique, &c. Du reste, on ne s’est pas même attaché à compléter la nomenclature.

L’on ne peut douter que les auteurs de cette partie de l’ancienne Encyclopédie avoueroient eux-mêmes la nécessité de refondre tout leur travail. Notre plan sera peu différent de celui qu’ils avoient adopté, & qui nous paroît tenir essentiellement au système encyclopédique ; il nous reste peu de chose à ajouter ici pour achever de le faire connoître.

  1. Dijon, Rouen, Grenobie, Nancy, Metz, Bordeaux, Amiens, &c.