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FIG

imiter l’adresse que la nature employe à cacher son mécanisme. L’extérieur de la figure est un objet d’étude d’autant plus essential à l’artiste, que c’est par cette voie principalement qu’il prétend aux succès ; contours nobles & mâles, sans être grossiers ou exagérés, que notre imagination exige dans l’image des héros ; ensemble doux, flexible & plein de graces, qui nous plaît & nous touche dans les femmes ; incertitude de formes dont l’imperfection fait les agrémens de l’enfance ; caractère délicat & svelte, qui, dans la jeunesse de l’un & de l’autre sexe, rend les articulations à-peu-près semblables : voilà les apparences charmantes sous lesquelles la nature, aussi agréable qu’elle est savante, cache ces os dont l’idée rappelle l’image de notre destruction, & ces muscles dont les développemens & la complication viennent peut-être d’effrayer le lecteur.

Les attitudes que font prendre à lafigure humaine ses besoins, ses sensations, ses passions & les mouvemens involontaires qui l’agitent, diminuent ou augmentent les graces dont sa construction la rend susceptible. J’aurois pu ajouter la mode ; car elle établit des conventions d’attitudes, de parures & de formes qui contredisent souvent la nature, & qui, en la & déguisant, égarent les artistes, dont le but est de l’imiter : mais ces réflexions que j’indique me conduiroient trop loin ; je me borne à exposer seulement les liaisons de cet article avec ceux qui en sont la suite. Quelques remarques sur les attitudes trouveront leur place au mot Grace. Les caractères des figures suivant leur sexe, leur âge, leur conditions, &c. entreront dans les divisions du mot Proportion de figures. On doit sentir que toutes ces choses y ont un rapport plus immédiat qu’au mot figure. Enfin, les expressions, les mouvemens extérieurs, ou du moins ce qui jusqu’à présent est connu sur cette matière, qui tient à tant de connoissences, seront la matière du mot Passion, regardé comme terme de peinture. (Article de M. Watelet.)

FIGURE (terme de sculpture.) Ce mot s’emploie quelquefois comme synonyme de statue. L’Apollon du Belvédère est une figure divine. Quelquefois aussi ces deux expressions ne doivent pas être confondues. Le mot statue, venant du mot latin stare(se tenir debout) convient aux figures qui sont dans cette position : mais il ne convient pas à celles qui sont assises ou couchées. Ainsi l’Antinoüs est une statue, & ; le Gladiateur mourant une figure. On doit donner le nom de statue au Milon du Puget, & celui de figure au Milon de M. Falconet. Les personnages qui sont à genoux sur les anciens tombeaux, ou ceux qui y sont couchés sont des figures. Il semble donc que, dans la scrupuleuse régularité du langage, on peut donner le nom de figures aux statues, mais qu’on ne peut


pas donner le nom de statues aux figures. (L.)

FIGURINE (subst. fém.) On donne ce nom à de fort petites figures en peinture, en sculpture, en fonte. Il reste plus de figurines antiques que de statues.

On voit dans le cabinet de M. Smeth, à Amsterdam, un petit bronze d’environ cinq pouces de hauteur. Il a été apporté de la Grèce. La comparaison avec d’autres bronzes antiques de la même proportion témoigne pour son anquité. C’est un grouppe de trois figurines qui représente le Laocoon & les enfans. « La figure du père, dit M. Falconet, est posée comme celle du marbre antique, à l’exception des bras, des jambes & de la tête qui ont des différences notables : pour les deux enfans, ils sont absolument changés. Celui du côté droit est tombé mort ou mourant sur la cuisse du père ; & son dos qui fie présente, produit une masse large, un repos harmonieux, qui me paroît l’emporter de beaucoup sur celui de Rome ; par sa proportion il paroît du même âge. L’autre enfant peut avoir quatre ans ; il est assis au bas & au côté gauche du Laocoon, & par ses cris & ses efforts, il veut se débarrasser du serpent qui l’enveloppe. »

« Ce petit bronze est bien exécuté, c’est-à-dire, autant que peut l’être une belle esquisse étudiée de cette proportion. Il en résulte que les auteurs du très-beau grouppe de marbre n’ont pas choisi le mieux possible pour l’exécuter, puisqu’assurément l’aspect de cet enfant mort ou mourant est plus attendrissant que celui du marbre ; ou qu’il y avoit un autre grouppe de Laocoon ; ou qu’un autre statuaire aura dit : Voici comme je le composerois, & je varierois ainsi la poësie de mon sujet, en ne présentant pas trois sujets de douleurs égales dans mes trois figures. Ce statuaire eût eu raison sans doute ; mais Agesander, Polydore, & Athénodore, pour ne pas avoir donné, peut-être, la meilleure idée possible, n’en ont pas moins produit dans l’art un chef-d’œuvre d’un ordre très-supérieur. Peut-être aussi les trois artistes avoient-ils fait chacun une esquisse, & se sont-ils déterminés en faveur de la composition qui remplissoit le mieux la niche. »

FINESSE (subst. fém.) On employe plus ordinairement dans le langage de l’art ce mot au pluriel. qu’au singulier. On dit des finesses de ton, des finesses de touche ; on dit aussi des passages fins, un trait & des contours fins.

Ces manières de s’exprimer ont rapport à ce qu’on appelle en peinture le précieux, le terminé, enfin au soin que met l’artiste dans son, travail, & à sa propreté dans l’exécution.

La finesse des passages & des tons demande