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exemple, s’ils s’exercent sur la figure entière, ils nomment cet essai, académie. Ainsi le mot étude est employé assez ordinairement pour les parties différentes dessinées ou peintes. On dit une étude de têtes, de mains, de piés, de paysage, de draperies ; & l’on nomme esquisse le projet d’un tableau, soit qu’il soit trace, dessiné ou peint. On appelle ébauche ce même projet dont l’exécution n’est que commencée, & généralement tout ouvrage de peinture qui n’est pas achevé. (Article de M. Wateelet.)

Étude. Mengs, comme tous les maîtres de l’art, propose aux élèves, pour objets de leurs études, les chefs-d’œuvre des grands artistes ; mais il veut qu’on les copie moins qu’on ne les imite. En se contentant de copier un ouvrage, on ne se rend pas copable d’en produire d’autres qui lui ressemblent ; il faut sur-tout méditer les principes, les considérations qui ont guidé l’auteur, & qui sont la cause de son ouvrage.

Un tableau, ajoute-t-il, offre deux parties essentielles : l’une comprend les motifs qui ont conduit les opérations du maître, & peut être regardée comme la trace de son génie ; l’autre n’est que son faire, c’est-à-dire, la manière qu’il s’est formée. C’est cette manière que ceux qui copient s’attachent communément à imiter ; & lorsqu’ils veulent ensuite faire d’eux-mêmes un ouvrage, comme ils ne trouvent rien dans la nature qui ressemble à cette manière dont ils ont fait leur principale étude, ils restent sans guide, & se trouvent avoir sait une étude inutile. Mais ceux qui étudient principalement les causes qui ont déterminé les grands artistes, peuvent employer ensuite ces mêmes causes pour produire des effets semblables, & s’ils n’atteignent pas au mérite des maîtres qu’ils ont pris pour modèles, ils ont au moins acquis des principes raisonnés dont ils retireront de grands avantages, & leurs études n’auront pas été perdues.

M. Reynolds conseille, pour objet d’étude, aux jeunes artistes, de dessiner de mémoire la figure qu’ils ont dessinée d’après le modèle, & de se rendre compte, le crayon à la main, des belles parties qu’ils auront admirées dans quelques tableaux. En suivant ce conseil, on acquerra tout ensemble de l’exactitude & de la facilité, & l’on se fixera pour long-temps dans la mémoire ce qui n’y laisseroit que des traces fugitives.

Mais si le jeune artiste, continue le même professeur, doit manier souvent le crayon, il ne doit pas oublier que le pinceau est l’instrument de son art. Qu’il peigne donc ses études encore plus souvent qu’il ne les dessinera : c’est le moyen d’acquérir un maniement facile du pinceau, & de se familiariser avec l’emploi des couleurs. L’art de peindre renferme le dessin


& le coloris : pourquoi ne pas se former à la fois aux deux qualités de dessinateur & de coloriste ? En faisant la plupart de ses études au pinceau, on parviendra à peindre aussi aisément qu’on dessine, & à faire l’un & l’autre aussi facilement qu’on écrit.

C’étoit la pratique des écoles qui se sont distinguées par la couleur, celles de Venise & de Flandre. Elles ont enrichi les cabinets de peu de dessins, & ces dessins ne sont en général que des esquisses indécises. Les maîtres de ces écoles faisoient le plus souvent leurs études leurs esquisses au pinceau, soit en couleurs, soit en grisaille. Les dessins finis qui portent leurs noms sont ordinairement les ouvrages de leurs graveurs ou de leurs élèves ; on les donne pour les premières idées de leurs tableaux, & ce n’en sont que des copies faites au lavis ou au crayon.

Cependant l’artiste doit se rendre, familier avec le crayon, pour l’employer dans les occasions où il ne pourroit faire usage du pinceau ; car il doit étudier par-tout, dans les compagnies, dans les promenades, dans les voyages. Tantôt c’est un effet de lumière qui mérite d’artirer ses regards ; tantôt c’est le ton d’une fabrique, la forme, les plis d’un vêtement, le feuillé d’un arbre, les gibbosités de son tronc, les rugosités de son écorce, les effets que produit sur le visage & dans le maintien des hommes la présence ou l’absence des passions, les variétés des proportions & des formes dans les différens individus. Aucun de ces objets n’est indigne d’entrer dans la mémoire de l’artiste, & quand il en aura la commodité, il fera bien de les confier au papier. Ce sont autant de richesses dont il ne manquera pas de trouver l’emploi.

Les plus grands maîtres ne sont parvenus qu’à force d’étude & de travail à produire leurs chefs-d’œuvre : c’est l’ignorance qui croit pouvoir sans peine fixer l’admiration. Leur méthode étoit lente & laborieuse ; mais le résultat n’offroit que de la facilité. « Quand ils avoient conçu un sujet, dit M. Reynolds, ils en faisoient d’abord plusieurs esquisses dont ils tiroient ensuite un dessin fini. Ils faisoient ensuite des dessins étudiés & corrects de chaque partie prise séparément. Après avoir étudié une figure entière, ils faisoient encore plusieurs dessins de la tête, des mains, des pieds de cette même figure. Après l’avoir drappée, ils étudioient séparément différentes suites de plis. Ces études préliminaires ne les empêchoient pas de prendre le modèle pour peindre le tableau, & de le reprendre encore à différentes reprises pour le retoucher. » Tant de travail effraie-t-il l’imagination ? un mot doit rendre le courage : le