Page:Encyclopédie méthodique - Beaux-Arts, T01.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(v)


faits, précisément parce qu’ils devoient l’être par plusieurs; on se les renvoyoit l’un à l’autre. L’art de faire des renvois suppose un jugement bien précis.... L’on négligea de remplir les renvois qui appartenoient à la partie même dont on étoit chargé…. On trouve souvent une réfutation à l’endroit où l’on alloit chercher une preuve.... Il n’y eut aucune correspondance rigoureuse entre le discours & les figures, &c. »

Nous sommes bien éloignés d’adopter en entier ce jugement un peu rigoureux, sur un ouvrage dont M. Diderot pouvoit se croire en droit de faire les honneurs; car si l’Encyclopédie, considérée dans chacune de ses parties séparées, est très-incomplète, il n’est pas moins vrai qu’elle


renferme une multitude d’articles excellens, faits de main de maître, auxquels il faut bien se garder de toucher. Il y a même des parties presque entières, comme les Mathématiques, la Littérature, les Arts & Métiers mécaniques, qui sont plus complètes dans l’Encyclopédie que dans aucun autre ouvrage; & on ne doit jamais perdre de vue, en corrigeant & en complétant ce dictionnaire, en lui procurant les degrés de perfection qui lui manquent, qu’il a été composé en grande partie par les hommes les plus célèbres de notre nation, & que dans son état d’imperfection, il est encore, on le répète, un des plus beaux monumens que les hommes, dans aucun temps, aient jamais élevé à la gloire des lettres, des sciences, & des arts.

__________________________

PLAN DE TRAVAIL POUR L’ENCYCLOPÉDIE MÉTHODIQUE,

adopté par MM. les Auteurs & Rédacteurs de cette édition.

Quoiqu’il y ait aujourd’hui plus de vingt mille exemplaires de l’Encyclopédie répandus chez les nations civilisées, par les éditions qui ont été faites à Paris, à Genève, à Lucques, Florence, Lyon, Yverdum, Lausane; cependant, comme un dictionnaire complet & universel des sciences, des arts, & des métiers sera nécessaire dans tous les temps, on ne peut douter qu’une édition de l’Encyclopédie, rangée par ordre de matières, augmentée, corrigée, & perfectionnée dans toutes ses parties, ne doive avoir du succès & mériter l’approbation & l’accueil de l’Europe éclairée. Mais le succès de cette nouvelle entreprise ne peut dépendre que de la perfection réelle de chacune des parties. Pour y parvenir & bien connoître le travail que chacun des gens de lettres qui se sont chargés de la révision d’une partie avoit à faire, on a cru nécessaire de s’assurer de l’état véritable de tous les articles qui composent chacune des parties de ce grand ouvrage. En conséquence, on a pris deux Encyclopédies in-folio, & deux exemplaires des supplémens, on a fait couper tous les articles, & en réunissant ceux qui ont rapport au même objet, on a formé un nombre de parties principales; chacune de ces grandes parties forme un dictionnaire séparé, qui, n’étant point confondu avec les autres, permet que l’homme de lettres, le savant chargé de sa rédaction, juge de l’imperfection de la nomenclature & des défauts de chacun des articles qui le composent; il n’est point obligé de lire vingt-un volumes in-folio, il n’est point accablé sous le poids de la masse entière. Pour éviter le défaut d’ordre & de concert qui a régné dans la première édition de l’Encyclopédie, il étoit aussi nécessaire que les nouveaux rédacteurs s’étendissent & travaillassent sur un plan commun.


La première & la principale attention de chaque auteur a été de circonscrire son objet, de bien connoître les limites dans lesquelles il a dû se renfermer, & de dresser le plan de la science ou de l’art dont il s’est chargé; sans cette attention, il se seroit exposé à comprendre dans son travail des objets qui doivent être traités par d’autres coopérateurs, & à faire nombre de doubles emplois. Le dictionnaire de Physique, par exemple, ne contiendra que les articles qui appartiennent directement à la Physique, parce que tous les autres articles qui ont avec la Physique un rapport plus ou moins éloigné, se trouveront dans les dictionnaires des sciences auxquels ils appartiennent directement, & qui feront eux-mêmes partie de l’Encyclopédie par ordre de matière. Ainsi, le dictionnaire de Physique ne contiendra aucune notion élémentaire de Mathématiques, d’Astronomie, aucun terme de Chimie, d’Anatomie, de Physique céleste, puisque chacun de ces objets sera traité séparément dans les parties de Mathématiques, de Chimie, d’Anatomie, &c.

Il n’y a que des hommes très-instruits qui puissent parfaitement connoître les limites de la science dans lesquelles ils doivent se renfermer. Ces limites ont été quelquefois difficiles à saisir, parce qu’il y a des connoissances, comme celles des sciences économiques, qui embrassent tout ce que l’on veut, & dont le circuit n’a jamais été bien déterminé: il a fallu nécessairement fixer ces limites dans cette nouvelle édition, pour ne rien confondre, ne pas se répéter; & ces opérations préliminaires, qui ont été arrêtées avec les auteurs, font connoître qu’il étoit nécessaire qu’ils s’accordassent & s’entendissent pour mettre, dans tout le cours de cet ouvrage, de l’unité, de l’ordre,