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mes qui pratiquent les arts ou qui en sont instruits. En effet, si l’on suit les idées & les discours des enthousiastes dont j’ai parlé, & sur-tout de ceux qui sont absolument comédiens à cet égard, on apperçoit qu’elles n’ont aucune suite, aucune gradation, & que les mots, les tours, les expressions, manquent d’exactitude ou sont embarrassés & toujours obscurs.

La multiplicité des épithètes les rend diffus, comme les exclamations qu’ils prodiguent les rendent monotones. Au contraire, ce que l’on sent & ce que l’on conçoit bien s’énonce toujours clairement, & toujours d’une manière nouvelle. Cette règle s’étend à la louange comme au raisonnement. Ecoutez un homme véritablement épris & inspiré par les perfections de l’objet qu’il aime, quelque enthousiasmé qu’il soit, il exprime clairement les différens transports ; les expressions, les tours, les accens de son discours se varient comme ses sentimens ; mais ils disent toujours quelque chose qu’on entend ; il intéresse enfin & communique ses impressions. Mais si vous appercevez que l’enthousiaste se répéte, si vous le trouvez obscur, alors, refroidi à son égard, vous concluez qu’il joue la passion, & vous ne vous trompez pas.

Si l’on observe plus particulierement encore les enthousiasmes joués qui deviennent si communs & si épidémiques parmi nous, que les hommes les plus sages ont peine à ne s’en pas trouver quelquefois coupables, on y démêle plusieurs nuances & plusieurs motifs. Les uns n’ont dessein que de faire dire qu’ils ont une sensibilité extraordinaire ; ils s’efforcent de s’échauffer, ils s’échauffent enfin ; mais la prétention de sentir vivement & de s’exprimer d’une manière distinguée est trop facile à appercevoir pour qu’on s’y méprenne. Il en est enfin qui ont pour but plus secret une prédilection déterminée, & ils demasquent, malgré eux, ce motif par les occasions qu’ils amenent de louer sans mesure les genres qu’ils affectionnent, ou de déprimer les artistes qui ne leur plaisent pas.

Tous ces enthousiasmes faux sont plus contraires aux arts que la froideur & l’indifférence. Ils sont regarder injustement comme peu sensibles ceux qui ne sont émus qu’autant que les objets le méritent, & qui ne parlent qu’avec franchise d’après leurs impressions, qu’ils donnent pour ce qu’elles sont, sans tyranniser ceux qui n’en ont pas de semblables.

Le véritable enthousiasme, que les beaux ouvrages, les louanges consacrées à leurs auteurs, la belle nature, lorsqu’elle se rencontre, excitent dans l’ame de ceux qui pratiquent les arts ou qui les aiment, est un heureux don, agréable à-la fois & utile à ceux qui l’exercent & à ceux qui le causent.

Mais dans les arts, il a malheureusement produit, comme dans la religion, l’hypocrisie, & l’hypocrisie s’y est montrée plus d’une fois, pour les objets les moins importans, sous les traits du fanatisme & de l’intolérance. (Article de M. Watelet.)

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EPISODE (subst. masc.). Ce mot appartient proprement à la théorie de la tragédie & du poëme épique, & il désigne toute action qui, dans ces poëmes, est liée à l’action principale, mais qui pourroit s’en détacher, & qui ne lui appartient pas essentiellement. Il a passé du langage de la poésie dans celui des arts, & il y est employé dans le même sens ; mais les amateurs en sont plus d’usage que les artistes. Cette expression semble pourtant nécessaire à la théorie de l’art, & elle n’est pas sy nonyme du mot accessoires. On entend plus particulièrement pat les accessoires, des représentations d’objets inanimés qui servent à décorer la scène, à en marquer le lieu, à en fixer le temps (Voyez l’article ACCESSOIRES) ; & par épisodes, des représentations d’objets animés, des figures ou des grouppes qui sont liés au sujet principal, mais qu’on peut en détacher sans détruire ce sujet. Par exemple, dans le tableau de la prédication de Saint Paul par le Sueur, le jeune homme qui souffle le feu pour brûler les livres qui ont été apportés sur la place, est une figure épisodique, & le sujet pourroit subsister sans elle, puisque le peintre auroit pu prendre le moment où feu auroit été suffisamment allumé ; mais quoique cette figure ne soit pas absolument nécessaire à l’action, elle n’y est pas inutile, puisqu’elle contribue à marquer le zèle avec lequel on obéissoit à la prédication de l’apôtre.

Souvent le peintre introduit des épisodes pour lier les grouppes, pour étendre les masses d’ombres & de lumières, pour orner, pour enrichir son sujet : toutes ces intentions sont louables, & s’il parvient à les remplir, il a réussi dans la partie qu’on peut appeller d’apparat & de décoration ; mais s’il aspire à la gloire de réussir dans la partie du génie, qui seule constitue le grand artiste, il faut que toutes ces richesses, qu’il ajoute à son sujet, contribuent encore à en fortifier l’expression, & qu’on ne puisse en retrancher aucune sans affoiblir l’effet que son tableau doit produire sur l’ame des spectateurs.

Il est de l’essence de l’épisode de n’être pas absolument nécessaire à l’action principale ; mais il est défectueux, s’il n’y est pas lié, s’il est d’une expression qui la contrarie, s’il est bas lorsqu’elle est noble, s’il est ridicule lorsqu’elle est grave, s’il est comique lorsqu’elle est attendrissant, &c.

Comme il y a des poëmes épisodiques, il y a des tableaux qui pourroient mériter le même