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mais même des tons de l’impression de la toile.

Suivant Lairesse, la meilleure méthode, quand il doit y avoir du paysage dans le tableau, est de commencer l’ébauche par le fond, parce que c’est d’après la clarté ou l’obscurité du ciel qu’il faut disposer toutes les autres parties & régler toutes les teintes des objets.

Mais si ce sont des figures ou d’autres grands objets qui forment la principale partie du tableau, il croit qu’alors il faut commencer par l’endroit où doit être employée la plus grande force. Il recommande, pour ne pas faire un travail inutile, d’observer dès l’ébauche la perspective aerienne, & de disposer les couleurs & les teintes de maniere qu’en regardant le tableau à un certain éloignement, il y ait déjà un parfait accord dans l’ensemble. Il juge avec raison que cette méthode procurera beaucoup de facilité pour la suite du travail.

Il blâme sur-tout les peintres qui ne suivent que le caprice dans le choix de la partie du tableau par laquelle ils commencent leur ébauche ; qui, si leur imaginaion est flattée de la représentation d’un vase d’or, commenceront par ce vase, pour passer, ensuite sans un dessein bien déterminé & bien réfléchi, à une draperie bleue, puis à une draperie rouge, &c. Il trouve le même inconvénient à peindre d’abord & à terminer entièrement le nud, pour passer ensuite aux draperies & à tous les accessoires. Les ouvrages, commencés par cette méthode vicieuse, n’offrent, suivant lui, qu’une incohérence qui embarrasse plus l’artiste que s’il n’avoit sous ses yeux qu’une toile imprimée. Mais quand la disposition, le coloris, l’entente générale ont été bien observés dans la première couche de couleurs qui forme l’ébauche, quand tout y a été le produit de la réflexion sur l’ouvrage qui doit suivre, l’artiste peut s’appliquer avec goût à, la meilleure manière de finir ce qu’il a si bien indiqué.

On se sert aussi du mot ébauche dans la sculpture & la gravure. On dit ébaucher une statue, un bas-relief, une planche : mais on dit plus volontiers esquisser un dessin, quoique les premiers travaux par lesquels on établit les formes intérieures & le clair-obscur répondent à ceux de l’ébaucheen peinture, puisqu’un dessin terminé est en effet un tableau d’une seule couleur, un camayeu. (Article de M. Levesque).

ÉCAILLE, Écaillé. On dit qu’un tableau s’ecaille, lorsqu’il s’en détaché de petites parties qu’on appelle écailles. Les peintures à fresque sont sujettes à s’écailler. Le stuc s’écaille


aisément. On dit : ce tableau s’écaille, est tout écaille. (Article de l’ancienne Encyclopédie).

ÉCHAMPER, (v acte.) C’est terminer les contours des objets, les tirer du champ, c’est-à-dire, les détacher d’avec le fond. (Article de l’ancienne Encyclopédie).

ÉCHO de lumière, (subst. masc.) On appelle ainsi métaphoriquement la répétition de la lumière, comme au sens propre, on appelle écho la répétition du son.

On ne doit jamais répéter la lumière principale ; mais il est important de la rappeller dans les diverses parties de la composition, à moins qu’on ne traite des sujets de nuit. Pour soutenir la lumière principale, il faut introduire des échos lumineux qui appellent successivement l’œil du spectateur, & qui, le promenant d’un bout à l’autre sur des lignes diagonales, lui fassent paroître le tableau plus grand que la toile.

C’est à l’endroit où se passe le plus fort intérêt de l’action qu’il convient ordinairement de placer la lumière principale ; les échos doivent être distribués sur les circonstances les plus considérables. Ils peuvent être portés à l’éclat le plus vif sur les premiers sites, pourvu que le volume n’en soit pas bien large, & qu’ils ne soient, par rapport à la lumière dominante, que ce que sont les touches de la masse. La lumière principale doit être liée avec tous les objets qui l’environnent par ces échos, c’est-à-dire, par des lumières secondes moins vives, & qui ne disputent avec elle ni par l’éclat, ni par le volume. (Article extrait du Traité de Peinture de M. Dandré Bardon).

ÉCLAT, éclatant. Le tableau qu’un dit un de l’éclat, lorsqu’il est clair presque par-tout, & que, quoiqu’il y ait très-peu d’ombres pour faire valoir les clairs, il est cependant extrêmement brillant. (Article de l’ancienne Encyclopédie).

ECOLE, (subst. fem.) dans les beaux arts, signifie proprement une classe d’artistes qui ont appris leur art d’un maître, soit en recevant ses leçons, soit en étudiant ses ouvrages, & qui en conséquence ont suivi plus ou moins la manière de ce maître, soit à dessein de l’imiter, soit par l’habitude qui leur a fait adopter ses principes. Une habitude si ordinaire à des avantages sans doute, mais elle a peut-être encore de plus grands inconvéniens. Ces inconvéniens, pour ne parler ici que de la peinture, se sont principalement sentir dans la partie de la couleur, si j’en crois les habiles artistes & les connoisseurs vraiment éclairés. Selon eux, cette espèce de convention tacite formée dans une