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xxiv AVERTISSEMENT.


les transports, & auxquelles il sembloit qu’il craignît de s’abandonner. Il s’étoit interdit tout projet de fortune, d’ambition & de gloire ; aussi ne chercha-t-il dans l’étude que des plaisirs & non des succès. Son amour-propre n’offensa jamais celui des autres ; il ne troubla l’amitié par aucun sentiment inquiet. On aimoit à s’entretenir avec lui, parce qu’il savoit écouter, & sur-tout parce qu’en répandant un grand intérêt, il ne songeoit point à s’emparer des suffrages. Ses observations ne déplaisoient point, parce qu’il étoit indulgent & juste : toujours calme, jamais indifférent, quoiqu’il eût l’air de s’oublier lui-même, son plus grand bonheur étoit de croire que ses amis ne l’oublioient jamais, & ce caractère n’étoit point un masque dont il se couvrît. M. Watelet étoit le même dans tous les lieux &. pour tous les hommes. Plus on le voyoit, plus on sentoit le prix de cette longue habitude de se vaincre qui mène infailliblement à la vertu, de cette constance dans les goûts ; de cette simplicité dans les mœurs qu’expriment si bien les vers suivans ; où il s’est peint lui-même, & par lesquels je terminerai cet éloge :


Consacrer dans l’obscurité
Ses loisirs à l’étude, à l’amitié sa vie ;
Voilà les jours dignes d’envie ;
Être chéri, vaut mieux qu’être vanté. ([1])




  1. (1) Essai sur les jardins, pag. 151.