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ij AVERTISSEMENT.


précision, une clarté, une grace même qu'on ne trouve dans aucun autre ouvrage sur les arts[1]. » Mais ce qui donnoit encore une idée plus complette de ce que seroit son dictionnaire, c’etoit les articles qu’il avoit fournis à la première Encyclopédie, & qui faisoient attendre avec impatience ceux qui devoient completter la théorie & la pratique des arts.

Aussi, peu de tems après la mort de M. Watelet, l'homme de lettres que nous venons de citer, ne craignoit-il pas de s'exprimer en ces termes sur le Dictionnaire des Beaux-Arts: « ouvrage précieux, disoit-il, non-seulement aux jeunes artistes pour lesquels il a été composé, mais encore pour tout homme à qui le sentiment des arts n’est pas étranger. On y trouve le résultat des études & des réflexions d’un homme d’esprit & de goût, passionné pour les arts, & qui a passé sa vie à les cultiver, à en observer les effets, & à en comparer les productions. On y aimera sur-tout cet amour sincère des arts que tant d’amateurs jouent, & que si peu ont au fond de leur ame, qui est si propre à donner du poids aux préceptes en se communiquant, parce que les hommes sont, toujours plus prêts à partager les sensations des autres, qu’a adopter leurs opinions. »

M. Watelet s’occupoit depuis un grand nombre d’années de cet ouvrage mais avec les fréquentes & longues distractions que lui causoient des essais multiplies de gravure dans la manière de Rembrandt, & diverses compositions en vers & en prose, entre lesquels il partageoit son activité: car son ame, toujours ardente en un corps languissant, ne lui permettoit de se reposer d’un travail que par d’autres travaux. Souvent il interrompoit un ouvrage commencé pour se livrer à un nouvel ouvrage, qui étoit bientôt interrompu lui-même pour une idée nouvelle. C’est ainsi qu’une vie assez longue, & constamment occupée, n’a produit qu’un petit nombre d’ouvrages terminés.

  1. Article de Nécrologie par M. Suard, de l’Académie Françoise, inféré dans le Journal de Paris, du 28 Janvier 1786. M, Watelet étoit mort le 12 du même mois, en croyant s’endormir.