Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T05.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée
258
MOU MOU


enlevant légèrement les coutures sans endommager les formes ; on se sert pour cela d’une ripe douce & de la peau de chien de mer.

S’il se trouve des vent ou soufflures dans les plâtres, on les bouche avec du plâtre noyé qui se fait en le gâchant extrêmement clair ; lorsqu’il commence à prendre, il faut le battre plusieurs fois de suite, il perd alors sa force, & devient parfaitement semblable à celui qui a été coulé.

Couleur de terre cuite, & vernis blanc.

Une figure de plâtre étant ainsi réparée, veut-on la mettre en couleur de terre cuite ? on prendra du blanc de plomb broyé à l’eau, du jaune broyé également, du vermillon en poudre. L’on fait dissoudre ces couleurs séparément dans des vaisseaux propres ; on prend ensuite de la gomme arabique, fondue dans de l’eau tiède, on fait un mélange de ces couleurs avec l’eau de cette gomme. La quantité n’est pas absolument déterminée, elle est plus ou moins considérable à proportion du volume de la figure.

Avant d’employer la couleur, il faut bien la remuer avec le pinceau, & en faire l’essai sur un morceau de plâtre ou blanc d’Espagne : si elle est trop rouge, on y ajoute du blanc ; si elle est trop blanche, on y ajoute du jaune : on observe soigneusement de ne pas faire d’épaisseurs, & de ne pas passer plusieurs fois sur le même endroit.

On vernit aussi les plâtres en leur donnant plusieurs couches de savon blanc, détrempé dans de l’eau claire. Le plâtre doit être bien sec ; & lorsque le savon est bien imbu dans le plâtre, on frotte légèrement la figure avec un linge fin : c’est ce qui donne le poli au plâtre. Cette manière est susceptible de jaunir.

Manière de mettre les figures de plâtre en bronze

Il faut que le plâtre soit entièrement dépouillé d’humidité, afin que le bronze ne pousse pas de verd-de-gris ; on passe ensuite sur la figure une couche d’huile grasse faite suivant la méthode indiquée.

Lorsque cette première couche est sèche, on en met une seconde, dans laquelle on ajoute du noir de sumée[illisible] broyé à l’huile, ou de la terre d’ombre, ou du rouge d’Angleterre.

Cette seconde couche étant sèche, il faut appliquer le mordant ; & lorsqu’il est à son point, qu’il happe le doigt en le posant dessus sans se détacher, on prend un blaireau, avec lequel on couche le bronze en poudre pour faire plus d’illusion : il faut mettre sur les parties saillantes de la figure le bronze d’une teinte plus claire ; l’on peut aussi mêler le bronze dans le vernis qui sert alors de mordant.

On bronze de même les figures au vernis, en y mettant trois couches : la première imbibe la figure & bouche les pores du plâtre ; on met dans la seconde un peu de noir de sumée, & la troisiéme doit être uniquement de vernis gras à l’huile ; lorsqu’il commence à sécher, on pose le bronze avec une brosse douce, comme on l’a dit plus haut.

Une figure ainsi bronzée & faite avec goût, trompe l’œil & imite la nature.

Pour conserver une figure en blanc, on l’enferme dans une caisse de verre, ou on la recouvre d’une gaze blanche. Ces précautions empêchent les taches que les mouches font ordinairement sur les figures de plâtre.

On a trouvé depuis quelque tems une autre manière de bronzer dans le genre antique ; il faut encoller le platre avec une eau de colle de Flandre, ensuite on fait la teinte verte au point désiré, & l’on détrempe le bronze avec cette eau ainsi que la couleur.

Après en avoir mis partout également, on prend un peu de bronze que l’on met sur les parties saillantes.

Lorsque la couleur est sèche, on passe une dent de loup sur les saillies, & un morceau de buffle sur toute la figure.

Manière d’estamper dans les creux.

Lorsqu’on est obligé d’estamper dans les creux (on dit communément pousser la terre dans le creux) avec de la terre molle, on commence par attacher solidement toutes les pièces aux chapes, & après avoir huilé le creux, on prend de la terre un peu ferme, qu’on pousse dans le moule en commençant par les fonds, ayant soin que les pièces ne se dérangent pas.

Si on ne remplit pas entièrement le creux de terre, il faut couler dedans un noyau de plâtre, afin que la terre ne se déjette pas, & que le modèle prenne de la consistance.

La terre étant bien imprimée, on retire les pièces avec toute l’attention possible, afin de ne pas arracher la terre avec les pièces.

L’huile laisse ordinairement sur la terre un œil gras, qu’on peut faire passer en soufflant du vinaigre dessus.

Les sculpteurs, dont le commerce consiste en figures de terre cuite, estampent ainsi les vases de jardins & autres figures & ornemens, dans des moules faits pour cet usage, ainsi que ceux qui font des poêles de faïence ; ce sont des creux plats sans pièces, dans lesquels ils poussent la terre en frappant : ils la laissent ensuite bien sécher avant de la mettre au four.

Manière de mouler sur la terre cuite, sur la terre sèche sans être cuite, sur le plâtre & sur le marbre.

La terre cuite se moule de même que la terre molle ; on remarquera seulement que la terre cuite est cassante, & que le plâtre en se gonflant se resserre & donne beaucoup de peine pour le dégager.

Pour prévenir ces inconvéniens, il faut se servir de mastic & de plâtre cuit au four.

On fait des coupes sur la terre suite, sur celle qui ne l’est pas : l’on se sert pour cela d’une scie d’horloger la plus mince & la meilleure,