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FER – FER
perficie, qui est leur bien, en payant la portion d’héritage, suivant l’arpentage qui en seroit fait aux frais du manufacturier, conformément au tarif du pays ; sauf après la traite, à remettre au propriétaire gratuitement son héritage dans l’état qu’il se trouvera : c’est rendre au roi, au public, aux manufacturiers, aux propriétaires ce qui leur appartient.

Art. V. De la manière de nettoyer les mines.

Ayons devant les yeux les différens genres de mines ; celles jointes à de la terre seule, premier genre ; terre & pierre en petits volumes, second genre ; beaucoup de terre, & peu de pierres accrochées foiblement, troisième genre ; moins de terre & plus de pierres liées plus étroitement, quatrième genre ; pierre très-solide jointe très-fortement, cinquième genre.

L’atelier propre à nettoyer celles du premier gente, s’appelle patouillet. Voyez pl. VII, de la première section du fer, Tome II. Le patouillet est composé de deux châssis en bois, fig. 1, FF, éloignés de six, sept ou huit pieds, sur trois ou quatre pieds de hauteur, arrêtés par le bas par de fortes traverses G, & terminés aussi par le bas en plein ceintre H. On ménage une feuillure profonde au-dedans des chevalets, pour y attacher ou des membrures bien jointes H, ou des plaques de fonte coulées dans les fourneaux : on garnit de même les côtés LL ; ce qui forme la huche. Au-dessus de la huche, du côté de la rivière, vous ajustez un canal A, tout près le côté opposé à la roue : ce canal formé de bois ou pierres, quarré ou rond, de quatre pouces de largeur sur autant de hauteur, fournit l’eau du réservoir. Au milieu du bas de la huche, du côté opposé à ce canal, vous ménagez une ouverture C de six pouces en quarré, fermé en-dehors par sa pelle de bois C à longue queue, & appuyé par un morceau de bois traversant le dessus d’un petit canal M, qui sert de déchargeoir. Du côté du coursier, tout au-dessus de la huche, vous ménagez une ouverture deux fois plus large & moins haute que l’entrée de l’eau, afin qu’il puisse en sortir autant qu’il en entre, sur moins de profondeur.

La huche est traversée par un cylindre de bois N, qu’on appelle l’arbre, garni aux deux bouts de tourillons O de fer ou fonte, portant sur des empoisses P, traversé des bras d’une roue qui tombe exactement dans un coursier, & garni dans l’intérieur de l’étendue de la huche, de trois barreaux R coudés à deux branches, enclavés les uns dans les autres à tiers points, de la profondeur de la huche ; de façon que quand un barreau finit de travailler, le voisin commence, & de même le troisième ; ils entretiennent alternativement le mouvement dans la mine, au fond & sur les côtés de la huche.

L’ouverture du bas de la huche servant de déchargeoir, est garnie en-dehors d’un canal en bois Q, de la même dimension que l’ouverture, sur la longueur de quatre pieds, garni des deux côtés d’un hérisson en pierre, ou affermi par du bois : il faut que ce canal aille un peu en pente, & aboutisse à un lavoir S de dix pieds en quarré, au-dessus duquel, du côté opposé au canal, il y a une ouverture très-large sans être profonde, suffisante pour passer l’eau de la huche ; quand il est nécessaire. Au bas de ce lavoir, & du même côté dans un coin, vous ménagez une ouverture fermée par une pelle T, qui coule entre deux rainures. Il est avantageux ensuite de ce lavoir, d’en avoir un second V, qui recueille la mine que la force de l’eau pourroit faire échapper du premier.

Le jeu de cette machine consiste à laisser entrer l’eau par le canal A ; l’ouverture étant fermée de la pelle C, la huche s’emplit de terre aux deux tiers ; la roue mise en mouvement par l’eau du coursier, le premier barreau soulève la terre proportionnément à son étendue, puis le deuxième, & troisième. L’eau bourbeuse s’échappe par l’ouverture T, pendant qu’elle se renouvelle par l’ouverture A ; & en très-peu de temps, on est débarrassé de la terre qui se mêle perpétuellement à l’eau, pendant que la mine plus lourde gagne toujours le fond.

Vous connoissez avec un peu d’habitude quand la terre est lavée ; mais elle l’est certainement, quand vous voyez que le mouvement de la roue est retardé au point qu’elle s’arrêteroit ; parce que, quand la mine est bien nettoyée ; elle s’entasse si fort, que les barreaux ont grande peine à y entrer : d’où il est avantageux pour les soulager, ainsi que la roue, de les tailler en prisme, présentant un angle au travail. Alors vous tirez la pelle C, ayant soin que les pelles des lavoirs de dessous soient baissées : l’eau & la mine de la huche aidées par l’eau nouvelle & par le mouvement des barreaux, descendent dans le premier lavoir, & l’eau s’échappe par l’ouverture du dessus, faisant la même manœuvre dans le second. Quand la mine de la huche est coulée, vous fermez la pelle C ; & pendant qu’un ouvrier va remplir la huche, l’autre nettoie avec un riaule le devant des pelles des lavoirs, & les lève. Comme elles tirent l’eau du fond, la mine reste seule & à sec ; de-là il va vider la huche, afin que le lavage s’opère pendant qu’ils viendront achever l’opération : pour cet effet, à quatre ou cinq pieds de distance du premier lavoir, il faut en avoir un qui tire l’eau directement du réservoir. Les ouvriers tirent la mine, patouillée, & la posent sur le bord de ce dernier lavoir, dans lequel un ouvrier plonge un panier, & le second jette la mine dedans : en remuant continuellement le panier, la mine passe au fond du lavoir, & les morceaux mal nettoyés se mettent à côté de la huche ; ils ramassent la mine criblée, la tirent d’un côté du lavoir, pour la mettre en tas à côté : quand elle est égouttée, elle est prête à être mise au fourneau ; pendant cette opération, celle de l’intérieur de la huche est faite.

On place le canal A tout contre le côté opposé à l’ouverture D, afin que l’eau soit obligée de faire tout le tour de l’intérieur de la huche, avant de sortir ; ce qui donne le temps à la mine de