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FER – FER


saire : des bois, tant d’affoüages, qu’en traite, pour savoir sur quoi vous pouvez compter : la connoissance des mines, leur traite, leur produit, la qualité du fer, le débit.

Déterminé sur cette première combinaison, ne perdez point de temps à faire les apprêts nécessaires. Les bois veulent être coupés dans un certain temps, d’une certaine, mesure., séchés, dressés, cuits, hébergés dans certaines saisons. Le travail des mines doit être suivi avec la même exactitude : l’intelligence doit fur-tout s’exercer au fourneau & à la forge, qu’il faut pour cela bien connoître. La vente des fers, ainsi que des autres parties, consiste en trois choses ; à qui, combien & comment. Je veux dire, connoitre les marchands, pour ne point exposer sa fortune ; la valeur des choses & des temps, pour ne point être la dupe, & prendre garde à ses engagemens, qu’on doit remplir en quantité, qualité, temps & lieu, & aux paiemens qui doivent être combinés avec le courant des affaires, afin que la caisse ne manque pas.

Une bonne réputation, ce qu’en terme d’art on appelle bon crédit, est bien nécessaire : elle vous donne le choix dans les ouvriers, la préférence dans les bois des seigneurs, souvent dans les usines qui leur appartiennent. Vous aurez ce crédit parmi les ouvriers, par l’égalité entre ceux de la même valeur, le retranchement sans retour & avec éclat des vicieux, la fidélité dans les comptes & paiemens ; vous l’acquerrez des marchands, par le soin de remplir vos traités : vos voisins, de quelque état qu’ils soient, ne pourront vous le refuser, par l’habitude où vous les aurez mis de vous voir remplir votre travail fans ostentation & sans détour.

Il y a entr’autres trois ouvriers auxquels il ne faut donner sa confiance qu’après les avoir bien connus ; le charbonnier, le fondeur, & le marteleur. Comment juger de leurs talens, si on ignore le travail du charbon, de la fonte, & du fer ?

Quelquefois une affaire est trop considérable par les fonds qu’elle demande ; c’est le cas de choisir un ou plusieurs associés. Les sociétés-bien composées sont le nerf, le soutien, l’agrément du commerce ; mais nous voyons mille exemples funestes des sociétés où plusieurs gouvernent les mêmes parties, pour une qui finit en paix. Comment trouver dans plusieurs personnes la même exactitude, pour ne pas dire fidélité ? Dans le cas de société, partagez l’affaire ; & que chacun régisse une partie pour son compte.

Il y a des forges auxquelles sont joints des domaines qui fournissent beaucoup de denrées : nous voyons aussi des maîtres qui en achètent pour remettre à leurs ouvriers ; ceux qui le font dans l’idée d’entretenir l’abondance & le bon marché, font bien ; mais le droit de garde & de déchet décèle un peu l’envie de gagner. Il est commun que ceux qui fournissent des denrées perdent par la mort ou la fuite des ouvriers : ne pourroit-on pas en soupçonner la raison & la punition ?

Je ne puis finir les qualités d’un maître de forges, sans faire remarquer que celles de sa femme sont essentielles à cet état, & en font souvent le bien ou le mal. Si la paix & l’ordre ne règnent pas dans l’intérieur de la maison, il est impossible de réussir. La paix demande de bonnes mœurs, de la douceur, de la simplicité,de l’ordre, de l’intelligence, du travail, du bon exemple.

Des commis.

Avoir une fidélité à toute épreuve ; se connoître bien en bois, en mines ; mieux en exploitations, au travail des forges & fourneaux ; visiter souvent les denrées, les domestiques, les écuries, les chevaux, les siamois ; savoir tenir les livres, & rendre compte de son travail. Pour tout dire, il faut qu’un commis soit en état de remplacer un maître. Comment espérer de trouver un pareil homme ?

Vous aurez plus aisément pour le fait des mines un principal ouvrier, qui content d’une moyenne rétribution, vous rendra compte du travail ; il faut qu’il soit homme connu, auquel vous donniez l’autorité nécessaire, & vous veillerez qu’il n’en prenne au-delà.

Pour les bois, élevez vous-même un domestique en qui vous découvrirez quelques dispositions. Une condition avantageuse entretient les gens dans le bien. Si le maître fait ses paiemens, & qu’il ait des yeux un peu clair-voyans, il est difficile qu’il soit trompé long-temps, & dans des choses essentielles. Un homme aux mines, un dans les bois, ne vous coûteront pas moitié d’un commis. Tenez vos livres, & faites les paiemens vous-même : si vous ne pouvez, ayez un troisième élève qui remplisse cette partie sous vos yeux.

Des charbonniers.

Le devoir particulier d’un charbonnier est de veiller au dressage, tant pour le nettoiement des places à fourneaux, que pour l’arrangement du bois ; faire fouiller & couvrir ses fourneaux dans les temps convenables à la quantité qu’il doit fournir ; ne point manquer à cette fourniture, sans presser aucune pièce ; faire la provision de claies dans la saison, & relativement à son travail ; savoir gouverner le feu ; le conduire également par-tout ; se souvenir que jour & nuit, & à proportion des mauvais temps & changemens de vent, le travail augmente : point de retard à s’y transporter ; & pour cet effet, tenir le soir ses lanternes prêtes, ses outils toujours en bon état ; avoir de bons compagnons, de bons valets. Un charbonnier chasseur, ou, pour mieux dire, braconnier, est un ouvrier dont il faut se défaire.

Des fondeurs.

Les fondeurs sont ordinairement fort mystérieux sur leurs ouvrages ; par-là ils obvient aux questions qu’ils ne peuvent résoudre ; ils ne savent que méchaniquement telle ou telle dimension ; ils craignent de multiplier les gens de leur espèce. Il est rare de

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