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E

EAU, l’eau de source qui forme les fontaines & les rivières, est la plus convenable aux arrosemens. Celle de puits ne doit s'employer qu'après avoir été exposée à l'air. C'est l' eau qui contribue principalement à la végétation, & à l'accroissement des plantes.

ÉBARBER. En terme de jardinage, c'est retrancher de menues branches d'arbres avec le croissant ou les ciseaux, par leur extrémité seulement.

Les fagotteurs ébarbent les fagots avec la serpe.

ÉBORGNER. En terme de vigneron, c'est ôter une partie des yeux d'une vigne qu'on veut faire monter, pour former un cordon le. long du chaperon d'un mur.

EBOTTER ; terme de jardinage qui signifié abattre en partie les branches d'un arbre : dans cette opération, on ne laisse à un 'arbre que les plus grosses branches taillées fort courtes. On se sert, dit-on, de ce moyen pour mettre à fruit les arbres, ou pour leur faire pousser du bois ; ce qui ne réussit pas toujours.

EBOURGEONNER. Dans le jardinage, c'est l’art de supprimer avec discernement les bourgeons surnuméraires, pour ne lajsser en place que les nécessaires & les plus convenables. C'est de la manière d' ébourgeonner à propos que dépend la belle figure de l'arbre, sa fécondité & sa santé.

L'ébourgeonnement demande encore plus de précaution & d'intelligence que la taille, en ce que l'on peut réparer une taille défectueuse, & que rien ne peut suppléer à un ébourgeonnement vicieux.

A la taille, on rapproche, on resserre, on concentre l'arbre ; à l'ébourgeonnement, au contraire, on ne sauroit lui donner trop d'extension, pour que la sève puisse jouer & travailler à son aise.

Le pêcher a sur-tout besoin d'être ébourgeonné.

En l'ébourgeonnant, il faut tirer du plein au vuide, sans forcer, croiser, ni faire aucune confusion.


Le vrai tems de l’ébourgeonnement est lorsque la pousse du pêcher est à un pied ou quinze pouces, ce qui arrive à la fin de mai, ou au commencement de juin ; il y a danger & inconvénient à le faire plus tôt ou plus tard.

Si on a taillé tard, l’ébourgeonnement se diffère à proportion.

Les poiriers & les pommiers doivent être ébourgeonnés aussi à la fin de mai, ou dans les premiers jours de juin, parce qu'il faut donner le tems aux bourgeons de se former & de se façonner : plus tôt, il est à craindre que la force de la sève ne se jetant ailleurs, ne fasse éclore d'autres bourgeons nouveaux, qu'il faudrait ensuite ébourgeonner ; & cette nouvelle production, occupant la sève, ne travailleroit pas à donner du fruit.

Plus, tard, le même inconvénient se rencontre : la sève, occupée à la nourriture de trop de bourgeons, néglige & laisse avorter le fruit.

Dans le cas où l'arbre n'est point à fruit, il est alors permis de casser.

On peut connoître qu'un arbre sera à fruit l’année prochaine, la suivante, & même la troisième, par le nombre des feuilles & des boutons éclos sur le poirier.

Lorsque vous voyez six, sept, huit ou neuf feuilles sur un bouton, vous pouvez le regarder comme bouton à fruit pour l’année prochaine ; s'il ne s'en trouve que quatre, cinq ou six, cela regarde la seconde année ; enfin, s'il n'y en a que trois ou quatre, c'est du fruit pour la troisième année.

On doit palisser en même tems qu'on ébourgeonne, pour mieux juger du plein & du vuide qu'on doit laisser ; il faut présenter la branche sur le treillage, avant d'ébourgeonner, pour décider de ce qui gêne, de ce qu'il faut supprimer, laisser ou arranger, si elles sont fructueuses, sans jamais rien forcer.

Si une branche fructueuse saillit trop en avant, on la coude un peu, & on l’attache avec le jonc, en demi-cercle.

Il faut, de préférence, commencer à ébourgeonner les arbres qui sont au midi, & les plus vigoureux, laisser pour les derniers ceux des autres expositions, en finissant par le Nord ; il faut