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en suivant la première, l’eau n’auroît point d’écoulement, puisque les guerets la retiendroient ; par la seconde, on lui procureroit un écoulement trop précipité, de sorte qu’elle entraîneroit toute la substance de la terre.

Pour rendre l’écoulement plus parfait, l’auteur exige qu’il n’y ait point de cavité dans les sillons, & que leur extrémité soit l’endroit le plus bas de toute leur longueur. Quant au degré d’obliquité qu’il convient de donner, soit aux rayons & aux sillons, il doit toujours être relatif à la position du terrain, c’est-à-dire, l’obliquité doit être moins sensible pour une terre dont la pente est très-considérable, que pour une autre qui l’est moins.

Quoiqu’un terrain situé sur le plan incliné d’un coteau ou d’une montagne, ne soit point sujet à retenir l’eau, on ne doit pas se dispenser, en le labourant, de tracer des raies transversales, afin de donner un écoulement aux eaux trop abondantes, & d’empêcher qu’elles n’entraînent les terres.

Lorsqu’un sol profond & ferme est horizontal, en le labourant transversalement, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, il est sujet à être froid & humide, parce que l’eau y séjourne longtemps. Pour remédier à ces inconvéniens si nuisibles à la végétation, il faut, en le labourant, le disposer en rayons obliques. L’auteur fait, à ce sujet, des observations pour détourner les cultivateurs de la méthode de labourer transversalement, afin de leur faire adopter la pratique des rayons, comme la plus propre à favoriser les productions de la terre. 1°. Le labour transversal, dit-il, est plus ordinairement désavantageux qu’utile, parce qu’il ne procure pas un écoulement aux eaux, indispensable dans les terres humides. 2°. Le cultivateur craint de perdre du terrain, s’il ne suit pas sa méthode de labourer transversalement ; mais il est certain qu’un champ labouré en rayons, a plus de superficie, que quand il est labouré à plat. « Si, par cette méthode, nous donnons deux pieds sur seize pour un sillon vide, la différence de surface qui se trouvera entre le terrain labouré à plat, & le terrain labouré en raies, se trouvera à l’avantage du fermier ; parce que toute la surface étant ainsi élevée en rayons, est en état de porter du bled, & que le fermier, par conséquent, gagnera autant de terrain de plus. »

Outre qu’on gagne une augmentation réelle en labourant en rayons, l’auteur est persuadé que, par cette méthode, on rend le sol sec & chaud, parce que les rayons se servent réciproquement d’abri les uns aux autres & se garantissent des vents froids d’ailleurs, il ajoute que si le terrain se trouve épuisé, après avoir beaucoup produit,


on a l’avantage de se procurer un terrain neuf très-fertile, en remettant les sillons en rayons.

Des terres en friche. L’auteur, à l’imitation de Duhamel, comprend, sous le nom de terres en friche, celles qui sont en bois, en bruyères artificielles ou naturelles ; en un mot, toutes celles qui n’ont point été ensemencées depuis longtemps ; ce qui nous dispense d’entrer dans de plus grands détails sur la manière de les cultiver. L’auteur s’éloigne seulement du système de Duhamel, relativement aux prairies artificielles ou naturelles, converties en terres à bled : il les regarde, avec raison, comme de vraies jachères, relativement au bled, parce que leurs racines n’ont pas épuisé la surface ; & il conseille que la première récolte soit en turnips, & non en grains, qui verseroient dans une pareille terre.

Le gentilhomme cultivateur n’entre point dans le détail du nombre des labours qu’il convient de donner à la terre avant de l’ensemencer ; il se contente de vanter les bons effets du labourage, afin d’exciter les cultivateurs à remuer souvent la terre, pour l’améliorer & la rendre propre à la végétation des plantes. Il observe cependant, que quoiqu’il soit très-avantageux de détacher les parties de la terre, de les ameublir, afin qu’elles s’imprègnent aisément des rosées, des pluies, de l’air, il convient de conserver au terrain une certaine consistance ou fermeté analogue au grain qu’on veut y semer ; autrement les plantes seroient exposées à être renversées par le vent, leurs racines n’étant point assurées. Pour obvier à cet inconvénient, il approuve la méthode de faire passer le rouleau, ou de faire parquer les moutons sur un champ semé en froment, quand on a lieu de présumer que le sol n’a pas toute la consistance qu’il faut pour tenir les racines dans un état de fermeté.

Il ne faut jamais trop surcharger les terres d’aucune sorte d’engrais ou d’amélioration. Lorsqu’elle est trop fertile, rarement elle produit une récolte abondante en grains : la paille y abonde, & le cultivateur a manqué son objet. Si le terrain est trop riche, c’est une sage précaution de le dégraisser en y semant de l’avoine, avant d’y semer du froment. Il considère la marne, la chaux, la craie, le sel, comme les meilleurs engrais que la terre puisse recevoir avant d’être ensemencée, lorsqu’ils sont administrés avec intelligence & avec modération ; parce qu’ils n’apportent point dans la terre les semences d’aucune mauvaise herbe, comme la plupart des fumiers souvent remplis d’insectes qui rongent les racines des plantes, & les font mourir.

Le trèfle est un des meilleurs préparatifs que puisse recevoir un terrain où l’on se propose de semer du froment : cette plante n’exige pas assez