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ensuite on relève la terre autour des tas pour former comme autant de Bassins, d'un pied d'épaisseur. Après quoi on répand un demi-pied de terre en forme de dôme sur le tas même. La chaux se fuse eu cet état, s'éteint, se pulvérise, & en même-tenu augmente de volume, ce qui fend la couverture de terre. On visite de tems en tems avec soin les tas de chaux, pour réparer ces fentes, par lesquelles la pluie pourroit s'insinuer. Le meilleur moyen de les fermer est de jetter de nouvelle terre sur le sommet, sans la battre avec le dos de la pelle.

Quand la chaux est bien éteinte & pulvérisée on la recoupe avec des pelles, & on la mêle le mieux qu'il est possible avec la terre qui la couvroit. Enfin, on la rassemble en tas, pour la laisser exposée à l'air pendant six semaines ou deux mois. Vers le mois de juin, on distribue ce mélange de terre & de chaux par pellées en petits tas dans toute l'étendue du terrain : on a observé que ces petites masses sont plus propres a exciter la végétation que si le mélange étoit épars à l'uni. Après quoi on donne le dernier labour en piquant beaucoup.

La chaux, employée en cette quantité, fertilise beaucoup la terre ; mais cet amendement est très-dispendieux.

Il y a des laboureurs qui, pour répandre la chaux plus commodément, augmentent le nombre des monceaux & les font plus petits. D'autres mettent la chaux dans une grande raie qui traverse tout le champ. Ceux qui pensent que la chaux produit un meilleur effet quand elle est près de la superficie, l’enterrent avec la charrue ; puis, avant de semer, donnent un autre labour qui ramène la chaux vers la surface.

CHEVAL ; ce quadrupède, considéré comme instrument de labour, doit avoir la tête grosse d'ossemens, & peu chargée de chair, afin qu'il ne soit point sujet aux maux d'yeux ; que ses oreilles soient petites, étroites, droites & hardies ; ce qu'on reconnoît lorsque, le faisant marcher ou galopper, il en tient les pointes avancées sans aucun mouvement de haut en bas ; que ses naseaux soient bien fendus & bien ouverts pour qu'il respire aisément.

Le cheval qui a le front enfoncé environ depuis les yeux jusqu'à l'endroit où porte la muserolle de la bride, est ordinairement bon pour le travail : à la différence de ceux qu'on achète pour monter, qui doivent avoir le front égal & médiocrement large. Il faut que le front soit marqué d'une étoile, lorsque les chevaux ne sont ni gris ni blancs.


On observera que les yeux d'un bon cheval doivent être clairs, vifs, pleins de feu, médiocrement gros & à fleur de tête, la prunelle grande, les salières élevées ; car si elles sont enfoncées, c'est signe que le cheval est vieux ou engendré d'un vieil étalon. S'il regarde effrontément, c'est encore un bon signe.

La bouche du cheval doit être médiocrement fendue, qualité essentielle. Le palais en sera décharné, & les lèvres minces. Il faut que la bouche soit fraîche & pleine d'écume, marque de bon tempérament d'un cheval, moins sujet à s'échauffer qu'un autre. Ce n'est pas néanmoins que la bouche soit la chose à laquelle il faille plus regarder pour un cheval de charroi, qui, pour l’avoir méchante, n'en tire souvent que mieux.

Un cultivateur n'a pas à chercher de ces encolures fines & qui sont essentielles à un cheval de monture pour être beau. Un cheval de harnois n'en vaut pas moins pour avoir l’encolure un peu épaisse & charnue ; il rend même plus de profit lorsque, depuis le garror, cette encolure ne monte pas droit en haut, ou qu'elle penche même quelquefois.

Le cheval doit avoir la poitrine large & ouverte. Il n'est pas à craindre que cela le rende pesant, n'étant toujours qu'une bonne marque pour le cheval destiné au tirage.

Les épaules seront grosses pour avoir plus de facilité à tirer, & pour faire que le harnois ne blesse pas sitôt. Un cheval pesant n’en est que meilleur pour le charroi ; car plus il est attaché à terre, plus on l'estime pour cet usage.

Il est nécessaire qu'un cheval qu'on achète pour le harnois ait les reins doubles, c'est-à-dire un peu élevés aux deux côtés de l’épine du dos. Il faut aussi qu'il ait les côtes amples & rondes, afin qu'il ait plus de boyaux & un meilleur flanc. Pour le ventre, il doit être grands, pourvu qu'il ne fasse pas le ventre de vache. Il aura les flancs pleins & le moins larges qu'il sera possible pour n'être point sujet à s'éflanquer dans le travail.

On estime un cheval qui a la croupe large ronde, ni avalée, ni coupée. On prendra garde que la queue soit ferme, forte & sans mouvement, que le tronçon en soit gros, qu'elle soit garnie de poil, & placée ni trop haut ni trop bas.

Les jambes sont les parties les plus à considérer comme étant celles qui ont à supporter le fardeau de tout le corps, auquel elles doivent être proportionnées. Les jambes de devant seront plutôt choisies plates & larges que rondes ; la