Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHA CHA 43


res, excepté les terres glaises & bourbeuses, qui s'attachent aux roues, & les embarrassent tellement qu'elles ne peuvent pas tourner.

On se sert en quelques endroits d'une invention pour remédier à cet inconvénient, qui est d'entourer les cercles de fer et les raies des roues de cordes de paille d'un pouce d'épaisseur. Les roues pressant la terre, les cordes, en s'applatissant, s'écartent des deux côtés, & cet écartement repousse la boue & l’empêche de s'attacher aux roues, comme elle le seroit sans cela.

La charrue dont il s'agit, est ordinairement divisée en deux parties, savoir, la tête & la queue. La tête contient les deux roues & leur essieu de fer qui passe le long d'une traverse fixe, dans laquelle il tourne aussi bien que dans les roues ; les deux montans qui sont inserés perpendiculairement dans cette traverse, & dont chacun a deux rangs de trous qui servent à hausser & à baisser la flèche, en haussant & en baissant une traverse mobile, pour augmenter ou diminuer la profondeur du sillon ; la traverse d'assemblage, au bout de laquelle les montans s'ajustent en haut dans les mortoises où ils sont cloués ; le châssis avec ses anneaux & crochets de fer par lesquels toute la charrue est tirée ; la chaîne qui attache la queue de la charrue à la tête par le collier d'un bout, & passe de l’autre bout par un trou au milieu de la traverse fixe, où elle est attachée par une tringle ; la chaîne dont l'un des bouts est attaché à la flèche par une cheville, & l'autre au bout d'en haut de la même tringle, laquelle est retenue contre le montant gauche par le cercle d'osier qui les embrasse tous deux, & va passer à gauche par-dessous le bout de la traverse d'assemblage, ou au lieu de ce cercle d'osier, par un bout de corde, & quelquefois par le bout de la chaîne, quand elle est assez longue.

La queue de la charrue contient, la flèche, le coûtre, le soc, la planche, l’érançon., qui passe (par la flèche près du bout ; le manche court, c qui est attaché avec une cheville vers le haut de a l'étançon, & avec une autre au haut de la planche ; le montant, qui appartient au côté droit de la queue de la charrue, & auquel la pièce d'en bas est attachée, comme l’est aussi la planche du dessous dont la partie antérieure est attachée au montant avec une cheville dont l’autre bout entre dans la fleche ; & le double tenon, qui supporte la planche en haut, & passe par la flèche pour y être attaché par ses vis ou par les écrous.

La flèche diffère quelquefois en longueur, étant de dix pieds quatre pouces dans certaines charrues, au lieu que dans d'autres elle n'est que


de huit pieds ; elle est aussi de différente figure, étant droite d'un bout à l'autre dans les unes, tandis que dans d'autres elle ne l’est que depuis l’endroit où elle monte en haut tout d'un coup ; de sorte que si on laisse tomber un plomb du coin à la surface unie sur laquelle elle est placée, on y trouvera onze pouces & demi, qui sont sa hauteur dans cet endroit ; & si on laisse tomber un autre plomb du coude de la flèche sur la même surface, on y trouvera un pied huit pouces & demi, qui sont la hauteur à laquelle la flèche est élevée de la terre à cet endroit ; & si on laisse tomber un troisième plomb depuis le bas de la flèche à l’endroit qui porte sur la. Traverse à la surface de la terre, il fera voir que la fleche est élevée de deux pieds dix pouces au-dessus de la surface à cet endroit ; il y a d'un bout à la partie postérieure du premier coûtre trois pieds deux pouces ; de-là jusqu'au dos du coûtre suivant, treize pouces ; de-là au troisième, treize, & de-là au quatrième, autant.

Cette courbure de la flèche est faite pour éviter la trop grande longueur des coutres antérieurs, laquelle serait nécessaire, si la flèche étoit droite ; & alors, à moins qu'ils ne fussent extrêmement épais & pesans, ils seroient sujets à se fausser, & la pointe du quatrième seroit si éloignée de son emboîture, qu'il aurait une force presque insurmontable pour lâcher les coins qui le contiennent ; d'où il arriveroit que le coutre se leveroit, & ne trancheroit plus la terre ; ce qui n'arrive pas quand la flèche est courbée. Cette flèche se fait ou de frêne, qui est le bois le plus léger, ou de chêne, qui est le plus durable ; sa dimension, tant en épaisseur qu'en largeur, peut varier, suivant que la terre qui doit être labourée, est plus pesante ou plus légère ; mais celle que nous venons de décrire, a cinq pouces d'épaisseur au trou du premier coutre, & quatre de largeur.

A la planche, qui est large de sept pouces, sont joints les tenons de fer, dont le gauche doit être plus avancé, afin que le bord de sa partie intérieure, qui est plat, soit bien serré contre le bois de la planche. Cette piece tient la planche attachée à la flèche par ses vis & ses écrous, comme le fait aussi une cheville qui est dans le trou auquel correspond une petite partie de la flèche ; la cheville y étant poussée, tire la planche en haut, & la tient serrée contre la flèche. La principale chose dont on doit prendre connaissance, c'est l’angle qui montre l’élévation de la planche. Quand cet angle est plus grand que le 45e degré, une charrue ordinaire ne va jamais bien : dans cette charrue à quatre coutres, on le fait de 42 ou 43 degrés au plus.

Passons au soc, où l'on distingue le bout de


F 2