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placent le lin, & le retournent, sous la broye, aussi près qu'il est possible du centre de son mouvement.

Voyez Espade hollandoise. (Essai de la société de Dublin).

BRULER ou Égobuer les terres ; action de mettre le feu aux plantes.

Quand on veut défricher les terres qu'on a laissé reposer pendant long-tems, il est assez d'usage de les brûler, afin que le feu divise leurs parties, & que la cendre des feuilles & des racines leur donne quelque fertilité.

Evelyn dit que deux charrettes de gazon peuvent en rendre une de cendres. Il ajoute que les terres, ne conservant plus le principe de végétation quand elles sont trop calcinées, elles doivent être seulement réduites en cendres noires, pour fertiliser beaucoup.

En Finlande & dans la Norwège, quand on veut défricher un canton de bois pour y mettre du grain, on en abat le bois qu'on laisse sécher pendant deux ans sur la place. Après ce tems, on, choisit, vers le milieu de l’été, une circonstance qui paraît annoncer une pluie prochaine, pour mettre le feu à ces arbres. Puis on sème du seigle sur les cendres mêmes, encore assez chaudes pour fendre l’écorce du grain & le faire pétiller : s'il survient promptement de la pluie, on est sûr d'une récolte si abondante, qu'un seul boisseau rend ainsi dix muids de grain. Mais si la pluie manque, on ne recueille rien. Cette pratique est encore sujette à un autre inconvénient ; c'est que le premier feu sert de signal pour tous les autres, en sorte que tout un grand pays est embrasé à-la-fois ; il y a des maisons brûlées, & des morceaux de pins tout en feu sont emportés par le vent dans des forêts quelquefois même assez éloignées, qui en sont consumées entièrement. Aussi a-t-on défendu cette méthode en certains endroits.

Quant au détail de la manière de brûler les terres qu'on veut défricher par le feu, Voyez l’article Défrichement.

BRULURE ; maladie qui attaque l'extrémité des branches & des racines, & les tiges des arbres en espaliers, des pêchers sur-tout & des poiriers, pruniers & abricotiers, à l’exposition particulièrement du midi.

Durant l'hiver, il tombe sur les arbres des neiges, des gelées blanches, du givre, du grésil & toutes sortes de frimats qui, fondant à l’ardeur du soleil, découlent de branche en branche


sur la greffe & le tronc de l'arbre, & se congelant ensuite par l'effet de la gelée sur toutes les parties mouillées, y forment une incrustation de verglas qui presse fortement sur la peau, la gele & la brûle. Le soleil darde encore ses rayons tant sur les nouveaux frimats de la nuit, que sur cette incrustation de verglas, & les fait fondre. La gelée les durcit de nouveau ; or, c’est cette alternative de dégels & de congélations qui brûle les arbres en espaliers.

L'arbre attaqué de la brûlure doit être rapproché & rabattu jusqu'au vif ; mais si les racines en sont atteintes, c'est un arbre mort. On tâche de prévenir cette cruelle maladie en abattant avec un balai de plume, de jonc ou de genêt, les neiges & les frimats qui font sur les arbres, avant que le soleil les ait convertis en verglas.

On peut encore prévenir cette maladie en couvrant les espaliers avec des paillassons, en lardant dans le haut de l’espalier, en fixant sur le treillage de la paille ou pezet de pois, dont on couvre les arbres en entier aux approches des fortes gelées & des neiges. On larde ce pezet dans le treillage.

Quelquefois il n'y a que les bouts des branches qui paraissent brûlés, sur-tout sur les arbres à pépin : cela peut venir du dessèchement des racines & de leur moisissure. On remédie au dessèchement par les eaux du fumier, & à la moisissure par la coupe des racines moisies & chancies : cela peut aussi venir du fond de terre qu'il faut alors changer.

BUFFLE ; bœuf plus grand, plus épais & plus fort que le bœuf domestique. Il a la peau très-dure, la tête petite à proportion du corps. Il porte sur le front un bouquet de poils frisés. Tout son corps est couvert de poils noirs ou noirâtres. Ses cornes sont noires, grosses, un peu applaties, recourbées en haut & un peu couchées sur le dos. Tel est le buffle qu'on trouve dans l’Etat Ecclésiastique & dans le royaume de Naples.

En Italie, le buffle est employé aux mêmes travaux que le bœuf domestique.

BUISSON ; c'est un petit arbre touffu, composé de branches horisontales. On donne particulièrement ce nom à un arbre nain, garni de branches dans son pourtour, qu'on coupe à environ un pied au-dessus de la greffe, & qui est évidé dans son milieu. On réserve aujourd'hui les arbres en buisson pour former des quinconces ; on les remplace dans les allées par des éventails ou contre-espaliers qui occupent moins de terrain, en donnant une bordure fort agréable.