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dix-sept pouces de longueur, & sont aiguisées en couteau comme les coutres de charrue. Il y a quatre de ces dents attachées à chaque bras au brisoir & qui y sont fixées par un écrou : il en sort du bois douze pouces, & il y a un talon à l’arrière de la dent qui porte sur le bois, afin qu'elle ne soit pas facilement renversée ou courbée par les pierres qui f ; rencontrent dans les champs.

Il faut mettre sur ce brisoir quatre chevaux ou quatre bœufs ; une herse de moindre volume ne produiroit pas les effets dont on a besoin, quand il n'est pas nécessaire de donner un labour avec la charrue.

Il est sur-tout utile dans les terres glaiseuses, après les jachères, les foins, luzernes, sainfoins, lorsque la charrue lève beaucoup de grosses mottes qui ne se fondent ni ne s'émiettent par la pluie, ni par les sécheresses. On fera passer le brisoir aussi-tôt après le labour à charrue, ce qui rompra les mottes, aplanira la terre ; & le labour suivant sera plus facile & meilleur. Au mois de mars ou d'avril, lorsqu'on laboure une terre forte pour y semer des grains de mars, sur-tout s'il s'y trouve du chiendent, donner une façon de brisoir en travers du dernier labour, est plus profitable que de croiser ce labour à la charrue, & il en coûte moitié moins.

Lorsqu'on a labouré une terre inculte, & bout de qu'au quelque temps on a croisé ce labour par un autre, il devient très-utile d'employer le brisoir immédiatement après le dernier labour, pour qu'il n'y ait point de portion de terre qui n'ait été divisée & émiettée.

La herse commune n'est bonne que pour les terres légères, & celles qui sont facilement divisées, rompues ; elle est trop légère pour les terres où il y a des mottes dures, encore faudroit- il que les dents fussent de fer & non pas de bois ; car les dents de bois ne font que déplacer les mottes ou passent par-dessus. Une bonne preuve que la herse commune travaille mal, c'est que l’on est obligé d'en mettre plusieurs l’une après l'autre, & de repasser sur la même terre plusieurs fois. Ainsi des trois usages de la herse qui sont de briser les mottes, d'applanir la terre & de couvrir la semence, la herse légère & à dents de bois n'en remplit que le dernier, & encore mal ; car quand elle ne fait que déplacer les mottes, il s'ensuit que les grains qui se trouvent sous les mottes y périssent ne pouvant les percer.

BROUETTE ; instrument de jardinage, servant à transporter divers fardeaux. C'est une espèce de petit tombereau monté sur une roue, & qu'un homme peut pouffer devant lui & con-


duire avec les mains, par les deux brancards, entre lesquels il se place.

Il y a différentes sortes de brouettes qui varient suivant les ouvrages & les services auxquels on les destine. (Voyez pl. XXIV, fig. 56.)

Brouette à fumier ;

espèce de civière montée sur une roue & terminée par un dossier. Elle est d'un grand usage pour charrier le fumier dans les jardins, sur-tout la longue paille pour les couches.

brouette de nouvelle invention. (Voyez pl. LIII, fig.3)

Les brouettes ordinaires ayant leurs roues au bout de leur caisse, il arrive que ceux qui s'en servent ont deux sortes de peines ; ils ont la peine de porter le fardeau dont elles sont chargées, & la peine de les pousser ; mais celle de nouvelle invention que l’on propose ici & marquée A, fig. 3, ayant sa roue B dans le milieu de sa caisse, la roue B porte elle seule tout le fardeau qui se trouve alors partagé par égale portion sur son essieu, & l’ouvrier qui s'en sert n'a plus d'autre peine que celle de la pousser, encore cette peine qui est la moindre des deux que nous avons remarquées, est diminuée par la partie du fardeau qui est en avant.

Cette méthode de placer la roue dans le milieu de la brouette n'est sujette à aucun inconvénient, car l’on pratique dans le milieu de la caisse une ouverture suffisamment grande pour laisser tourner librement la roue, & l’on couvre cette ouverture en forme d'étui avec de petites planches, pl. C ; & pour ce qui est de la place qu'occupe l'étui C, on peut y remédier en faisant la caisse plus grande qu'à l’ordinaire.

Avec ces brouettes on peut faire le transport des terres ou de quelques autres matériaux que ce soit en moins de temps & avec moins de monde qu'il n'en faudroit en se servant de brouettes ordinaires ; c'est-à-dire que si, pour faire transporter une quantité de terrain proposée avec les brouettes ordinaires, il vous y faut employer vingt hommes pendant vingt jours, il ne faudra pas, pour cette même manœuvre, employer plus de quinze hommes pendant quinze jours en se servant des brouettes nouvelles, ce qui se trouve un avantage de plus de moitié sur les frais, & d'un quart sur le temps. On conviendra facilement de cette proposition, pour peu qu'on fasse réflexion que, puisque le manœuvre qui se sert de la brouette A, n'a plus la peine de porter le fardeau dont elle est chargée, on peut augmenter considérablement le fardeau, sans que cependant il en soit plus fatigué. Ainsi ayant fait la caisse de ces brouettes plus grande que celle des brouettes


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