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BÊC BIL 21


On sent combien cette bêche évite de fatigue ; lorsqu'on l’a enfoncée en terre avec le pied ; il ne s'agit plus que de peser sur le manche de la bêche, dont le support devient alors le point d'appui ; la bêche se lève par ce moyen, sans que les reins fatiguent tant ; & par le maniement ordinaire de la poignée, on jette la terre dans la place où on le juge à propos ; ainsi, le travail est infiniment plus doux, et on peut le soutenir plus long-temps.

A l’aide des trous qu'on a pratiqués au manche de la bêche, on approche ou l’on éloigne le support du fer de la bêche, suivant qu'on sent plus d'aisance, & suivant la grandeur de la personne qui travaille. En se conformant à cette méthode, on peut fabriquer des bêches plus longues, plus larges qu'à l’ordinaire.

Bêche angloise. Instrument très-commode pour fouir les graviers durs, les glaises fortes ou les terres à craies.

On donne seize pouces de long au fer de cet instrument, & quatre ou cinq de large avec une épaisseur proportionnelle. Le manche doit en être très-fort. Voici la manière de s'en servir : commencez par creuser une petite tranchée de dix ou douze pouces de profondeur, & enfoncez à deux ou trois pieds de-là l’instrument dans la terre avec une hie ou massue ; après quoi, deux hommes pèseront sur l'extrémité du manche, & lèveront la terre jusqu'à l’endroit où l’on a creusé la tranchée. Ce moyen est puissant & très-expéditif.

Bêche de la province de Lincoln en Angleterre. On se sert de cette bêche dans les marais de la province de Lincoln : ses bords sont aussi tranchans qu'un couteau, & par conséquent très-propres pour couper les racines des mauvaises herbes, sur-tout dans les endroits où il n'y a pas de pierres. Quelques-unes ont un de leurs côtés tourné, de façon qu'en donnant un coup dans la terre, la tourbe se trouve coupée comme elle doit l’être, de sorte que, lorsque le terrain est marécageux & mou, un homme fait autant d'ouvrage en un jour avec cette bêche, que deux autres avec une bêche ordinaire.

Bêche du comté d'Essex. On se sert dans le comté d'Essex, en Angleterre, d'une bêche dont le fer est très-large ; le manche est enchassé dans une douille où il y a une espèce de fer, pour poser le pied dessus, & que l’on tourne du côté qu'on veut. C'est une des meilleurs dont on puisse se servir pour bêcher les glaises dures et pesantes ; mais elle est trop petite pour les terres légères.

Bêche de la province de Hertforden, en Angleterre. Cette bêche, extrêmement tranchante, a son fer qui se relève en forme de croissant. On


s'en sert particulièrement pour détruire les fourmilières.

BELVEDER. C'est dans l’endroit le plus élevé d'un jardin, une plate-forme soutenue d'un glacis de gazon, ou revêtue d'un mur de terrasse, & souvent ornée d'arbres taillés en berceau, d'où l’on peut jouir d'une belle vue, et du spectacle d'une vaste étendue de la campagne.

BÉQUILLE, instrument de jardinage ; son fer, moins large que celui de la ratissoíre, est recourbé en rond ; le manche est aussi plus court. Cet instrument a pris son nom de ce que jadis au bout de son manche, il y avoit un morceau de bois en travers, posé comme celui qui forme une béquille d'infirme ou de vieillard. Au reste, cette forme de manche est plus embarrassante qu'utile.

BÉQUILLER, biner, serfouir, bêchoter, se dit dans le jardinage, quand on fait un fort petit labour avec une roulette, ou une espèce de béquille, ou avec la serfouette ou la bêche, dans des caisses d'arbrisseaux, ou dans des planches de légumes ou de fleurs.

Cela se fait pour ameublir la terre, lorsqu'elle paroît battue, en sorte que l'eau de pluie ou les arrosemens puissent pénétrer jusqu'au fond de la motte de terre, ou du moins en-dessous de la superficie, pour servir de nourriture aux racines.

BERCEAU. C'est dans un jardin un cabinet ou une espèce de galerie faite de treillage & garnie de verdure. On dresse aussi des allées couvertes en forme de berceaux.

BESOCHE ou PIOCHE. Ces deux instrumens de jardinage sont à-peu-près la même chose, excepté que la besoche est camuse & la pioche est pointue.

BILLIONS (Labourer en). C'est laisser d'un sillon à l'autre, trois ou même seulement deux pieds de distance. Cette pratique est usitée pour les terres les plus sujettes aux inondations. On peut la regarder comme une espèce de labour en planches.

Le laboureur ne trace pas le premier sillon au bord de la pièce ; il commence à deux ou trois pieds au-delà ; puis il en ouvre un autre en deça, lequel remplit ce premier sillon. Ensuite il tourne en former un troisième de l'autre côté du premier, sur lequel il renverse encore la terre de ce troisième ; c'est ce qui fait le milieu de la planche : après quoi, il continue à labourer en tournant du troisième sillon auprès du second ;