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qu’elle a vingt-un pouces de plus en surface que la petite poncins, & quarante pouces de plus que la bêche d’un pied. Au sommet, joignant le manche, elle a quinze lignes d’épaisseur. Quant aux autres dimensions, & à la solidité depuis le sommet jusqu’aux reins, depuis les reins jusqu’au bec de la bêche, elles sont à-peu-près les mêmes que dans la petite poncins.

IV. Trident, ou triandine, ou truandine.

La bêche pleine ne peut être d’aucun usage dans les terrains pierreux & graveleux : celle-ci, avec ses trois dents de fer, supplée aux trois premières. Toute sa partie inférieure est en fer, sa longueur est de huit pouces, & sa hauteur est de douze pouces. La hauteur de la traverse en haut est d’un pouce, & son épaisseur de huit lignes : c’est la même épaisseur pour les trois branches qui composent le trident, ainsi que la même largeur dans le haut ; mais elles vont en diminuant, & finissent par n’avoir que trois lignes d’équarrissage. Ce trident est garni dans son milieu d’une douille qui fait corps avec lui, & cette douille reçoit le manche. La douille est percée d’un trou par lequel on passe un clou qui traverse le manche, et va répondre au trou pratiqué dans la douille & vis-à-vis ; de cette maniere le manche est solidement fixé.

V. La pelle bêche simple.

Le manche est de trois à quatre pieds de longueur. Plus ce levier est long, cependant proportion gardée, plus on a de force pour jeter au loin la terre qu’on soulève. La pelle est toute en fer, ainsique la douille, dont l’épaisseur va en diminuant. L’épaisseur de la pelle est dans le haut d’une ligne & demie jusqu’à deux lignes ; sa largeur est communément de huit pouces, sur neuf à dix de longueur. Le manche & la pelle sont assujettis ensemble par un clou qui traverse de part en part, & qui est rivé de chaque côté.

Un défaut de cette pelle-bêche, est d’être trop foible à l’endroit où cesse l’épaisseur de la continuation de la douille. C’est là que le fer se casse ordinairement, ou plie s’il est trop doux ; mais à force de plier et d’être redressé, il casse enfin.

Un second défaut de cet outil, c’est d’être trop mince dans la partie supérieure sur laquelle le pied repose, lorsqu’il s’agit de l’enfoncer dans la terre. Ce fer coupe la plante des pieds ; les souliers, même très-forts, ne garantissent pas d’une impression qui devient à la longue douloureuse. C’est pour parer à ces inconvéniens que les cultivateurs des environs de Toulouse, du Lauragais ont imaginé la bêche-pelle suivante.


VI. La bêche-pelle à hoche-pied mobile.

Elle ne diffère en rien de la précédente, sinon par un peu plus de grandeur et de largeur, et sur-tout par-son hoche-pied. La douille de la pelle de fer n’a qu’un seui côté de plein, le reste est vuide : le manche s’ajuste dans cette douille, & sert de côté opposé à la douille, de manière qu’adapté au manche & à la douille, il réunit si exactement l’un & l’autre, qu’ils forment un outil solide. Ce hoche-pied ou support a trois lignes d’épaisseur, un pouce de largeur. Tous les ouvriers ne bêchent pas du même pied ; mais pour parer à cet inconvénient, on peut le tourner à droite ou à gauche, alors il sert à l’un et à l’autre pied. Le même reproche que l’on fait à la bêche-pelle, s’applique à celle-ci : le fer est sujet à casser dans l’endroit où la douille finit ; mais elle a sur elle l’avantage de ne pas blesser la plante du pied de l’ouvrier qui travaille, parce qu’il l’appuie sur le hoche-pied, qui a plus d’un pouce de largeur, et même jusqu’à dix-huit lignes. L’ouvrier peut enfoncer cet outil dans la terre jusqu’à la hauteur du hoche-pied, de sorte qu’il remue la terre à la profondeur de douze à quinze pouces.

VII. La bêche-pelle de Luques.

Elle diffère de la précédente par la manière dont le hoche-pied est placé sur le manche. Quant à la pelle, ainsi que la douille, elles sont de fer. La pointe s’use en travaillant, & s’arrondit ainsi que les angles. La pelle de quelques-unes cependant a la forme des pelles.

VIII. La bêche-lichet simple.

Elle est en usage dans le comtat d’Avignon & dans le Bas-Languedoc. La pelle est composée de deux plaques de fer minces, tranchantes & réunies par le bas, ouvertes par le haut, pour y insinuer un manche contre lequel elles sont clouées. Ce manche, placé dans l’ouverture de la lame, en a toute la largeur ; et pour le reste, il est tout semblable aux autres manches ordinaires, c’est-à-dire, qu’il a environ trois pieds de longueur, & un pouce & demi de diamètre. La largeur de la pelle est de huit à neuf pouces dans le bas, & de douze pouces dans la hauteur. Dans le Bas-Languedoc, on nomme cet instrument lichet.

IX. La bêche-lichet à pied.

Elle est en usage dans le Comtat. Elle diffère simplement de la précédente par le morceau de fer sur lequel l’ouvrier pose le pied pour enfoncer l’outil dans la terre.


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