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cheville d'un bois dur donne de la solidité, & fixe ensemble la main & le manche. Quelques personnes en mettent deux, & l’ouvrage est plus solide.

L'extrémité inférieure du manche, c'est-à-dire, Ce qui fait partie de la pelle, a depuis huit jusqu'à dix lignes d'épaisseur, sur une largeur de sept à huit pouces. Elle est lisse & platte sur les côtés, & taillée en coupant dans toute la partie inférieure, afin qu'elle puisse s'adapter juste à la rainure ou ente formée dans la tranche. La pelle de bois ainsi préparée, & entrée jusqu'au fond de la gorge ou rainure, on fixe le tranchant contre le bois, au moyen des clous plantés à un pouce près les uns des autres sur les bandes de fer. Ces bandes ont deux lignes d'épaisseur, & leur largeur suit celle du bois, de sorte que la bêche toute emmanchée présente une espèce de coin de huit à neuf pouces de largeur dans la partie supérieure, de sept à huit pouces dans l’inférieure, sur une hauteur de 10 à 12 pouces. L'épaisseur du bois, recouvert de la bande de fer, est d'un pouce, & le bois et le fer vont en diminuant insensiblement jusqu'à l’endroit où le fer n'a plus qu'une demi-ligne d'épaisseur.

II. La bêche poncins.

On l’appelle ainsi du nom de Poncins qui l’a fait exécuter, & s'en servait habituellement. C'est la même que la précédente, quant au fond, mais non pas pour les proportions. Afin de la distinguer de la suivante, nous l’appellerons petite poncins.

La petite poncins a sa pelle de dix-huit pouces de hauteur, sept pouces de large à son sommet, six pouces & demi de large à l’endroit où le bois est incrusté dans le fer ; enfin, de cinq pouces de large au bec de la bêche, ainsi que la petite bêche ; mais la différence essentielle est dans l'épaisseur du fer, dans les reins de la bêche, au-dessous du bois. A cet endroit, dans la bêche commune, le fer n'a pas tout-à-fait six lignes, tandis qu'à celle-ci il en a sept ; ensuite, en descendant jusqu'au bec, le fer doit se soutenir plus épais que dans l'autre bêche ; le bois de celle-ci doit être enté ou incrusté d'un pouce de profondeur dans le fer.

La force dans les reins de cette bêche, & l’enture du bois d'un pouce dans le fer, sont deux précautions sans lesquelles on doit s'attendre à voir beaucoup de grandes bêches brisées, parce que le coup de levier de cet outil étant très-fort, il a besoin d'être plus solidement constitué ; enfin, le manche de cette grande bêche est plus long de deux pouces que celui de la petite.


Le rapport géométrique des surfaces des deux bêches, est, pour celle de dix-huit pouces, de cent dix pouces quarrés, & pour la surface de la bêche d'un pied, il est de quatre-vingt-cinq. Ainsi, en supposant que chaque bêche soulève en raison de sa surface, une tranche de terre de la même épaisseur & de la même pesanteur spécifique, la petite poncins se trouvera chargée, en poids absolu, d'un quart et quelque chose de plus que la bêche ordinaire. Il est prouvé qu'un pionnier de force ordinaire & bien exercé, ne peut soulever à chaque coup de bêche que cinquante livres de terre ; il résulte que c'est douze livres et demi de terre que la petite poncins soulèvera de plus que la bêche ordinaire.

Mais comme la bêche d'un pied pénètre plus facilement en terre que la petite bêche poncins, l’ouvrier coupe des blocs plus épais, & conséquemment soulève aussi pesant, & peut-être plus, que celui qui mène la grande bêche ; ce qui fait qu'à poids égal, la petite poncins est plus lente et pluspénible que l'autre. La raison en est que l’ouvrier est obligé à un coup de levier plus puissant lorsqu'il la ramène seulement d'un pied. Il faut encore qu'il monte la jambe plus haut pour placer le pied sur une si longue bêche ; d'où il suit que, moins les hommes seront grands, moins ils auront d'avantage.

Il paraît résulter de ces observations, que tout l’avantage est pour la bêche ordinaire, & le désavantage pour la petite poncins. Cependant l’inventeur de cette bêche s'est assuré, par une longue suite d'expériences, que le travail de la bêche de dix-huit pouces devance d'un cinquième de tems sur une tranchée celui de la bêche d'un pied, sur deux tranchées, lorsque l’on veut miner un terrain. Voici les raisons qu'il donne de cette différence.

« Le mouvement de la grande bêche n'est qu'à deux tems, & à chaque tems elle ne décrit que dix-huit pouces, en sorte que dans les deux tems elle ne décrit que trois pieds ; au contraire, dans la minée de la bêche d'un pied il y a trois tems, & dans ces trois tems la bêche décrit cinq pieds : ainsi, quelque preste que soit la petite bêche, & quelque lente que soit celle de dix-huit pouces, il n'y a pas plus à s'étonner de voir la grande bêche devancer la petite, que de voir dans la musique la mesure à deux tems plus rapide que la mesure à trois tems. »

III. Grande poncins de deux pieds de hauteur.

Elle pèse huit livres trois quarts, elle a six pouces et demi de large au sommet, cinq pou- ces neuf lignes à l’endroit où le manche est incrusté dans le fer ; enfin, quatre pouces cinq lignes de large au bec de la bêche. Sa superficie est de cent trente-un pouces quarrés, de sorte