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coup moins de frais ; le bled seroit plus net, n'y ayant ni terre ni gravier, inconvénient qu'on ne peut éviter en battant les bleds dans des aires, parce que les coups redoublés des fléaux en font toujours sortir de la terre, du graviers ou un sable très-fin qui s'incorpore avec le grain, & se mêle si bien avec la farine, quand on le fait moudre, qu'il n'est pas possible de l'en séparer au blutoir, ce qui rend la farine graveleuse, & ce qui doit altérer la santé.

Quoiqu'au premier aspect cette machine paroisse devenir inutile pendant plus des trois quarts de l'année par le défaut d'exercice, on peut cependant en tirer parti en y mettant à côté un moulin à moudre du bled, que le même courant d'eau feroit aller. Pour cet effet, il n'y a qu'à substituer à la grande roue une roue à couronne dont les dents s'engrènent dans le lanternon du rouleau, & une autre roue à couronne qui tourne horizontalement, & s'engrène de même audit lanternon. Un cheval, attaché au bris qui tient à cette roue, peut la faire tourner, ou, a défaut d'un cheval, deux hommes la feront mouvoir en poussant ce même bras.

Lorsque les grains sont séparés de leurs épis, le batteur les met dans une espèce de grande corbeille d'osier, de forme semi-circulaire, qui n'a point de rebord d'un côté, & à laquelle, de l'autre côté, sont attachées deux mains aussi d'osier ; cette corbeille se nomme le van : il met dedans une certaine quantité de bled, & se tenant debout, il imprime à ce van qu'il pose sur ses genoux, & qu'il agite par le mouvement de ses bras & de son corps, une sorte de mouvement circulaire qui fait rapprocher d'un des bords, à raison de la force centrifuge, les enveloppes du grain & toutes les matières étrangères les plus légères, qu'il sépare & rejette avec la main. Ce van demande une certaine adresse pour être bien manié.

L'ancienne manière de vanner le bled pour le nettoyer, & qui subsiste encore aujourd'hui en Italie & dans plusieurs pays chauds, consistoit à avoir une pelle de bois, à jetter en l’air le grain mêlé avec la paille, & à se placer de manière que le vent emportât la paille.

Lorsque le bled est bien nettoyé, avant de le porter au grenier, il le mesure dans une espèce de seau que l’on nomme minot, de hauteur & de largeur toujours constantes dans chaque pays, & dont un certain nombre donne la mesure qu'on nomme le septier.

BATTRE la terre.

C'est, avec un outil de bois épais et plat qui est au bout d'un manche, donner de grands coups dessus la terre pour la faire enfoncer, & la rendre ferme &


dure. Cela se pratique d'ordinaire pour les allées qu'on veut sabler.

On bat la terre en la rendant plus dure, à force de piétiner dessus. Il faut battre la terre, quand les grandes pluies ou les pluies d'orage plombent sa superficie ; mais auparavant on doit la labourer ou la biner.

Battre les gerbes. Lorsqu'il y a beaucoup d'herbes, dans le bled, on fait battre à demi les gerbes sans les délier. De cette façon on a le grain le plus mûr & le mieux conditionné, & peu de mauvaises graines, d'autant que les herbes plus courtes que le bled se trouvent ordinairement au bas de la gerbe.

Il faut battre le froment par un tems sec, & sur-tout quand il gele.

BÊCHE ; instrument de fer quarré & tranchant, dont on se sert pour remuer la terre. (Voyez planche XXII, fig. 5.) La bêche se termine en un fer plat & battu, haut d'environ neuf pouces, & large de sept à huit. Ce fer a par en haut une douille pour y adapter un manche de bois droit et robuste. Le laboureur enfonce la bêche dans la rerre en pesant fortement avec le pied sur les angles saillans du fer. Il se sert du plat pour retourner & rejeter la terre qu'il a enlevée, & qu'il façonne ensuite en la remuant avec le taillant.

Comme il est très-important de connaître les différentes espèces de bêches qui servent à remuer la terre, nous allons en donner la description & les meilleures formes d'après le Manuel du Jardinier.

I. La bêche ordinaire.

Trois objets concourent à sa formation : 1°. la main ; 2°. le manche & la partie en bois de la pelle ; 3°. le fer ou tranchant qui forme avec le bois la pelle toute entière.

La longueur du manche est ordinairement de deux pieds quatre pouces. Il peut être raccourci d'un à deux pouces, ou allongé sur les mêmes proportions, relativement à la personne qui travaille. Ce manche a depuis douze jusqu'à treize lignes de diamètre. Il forme une même piece de bois.

La main est une autre pièce qu'on ajoute ensuite. Dans le milieu une mortoise est pratiquée pour recevoir l'extrémité du manche, coupée en proportion de la largeur & de la profondeur de la mortoise ; il faut que cette portion du manche, enfoncée dans la mortoise, soit de niveau & affleure la partie supérieure de la main, afin qu'il ne reste ni prééminence, ni creux, ce qui fatigueroit le dedans de la main de l'ouvrier. Une


Art aratoire.

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