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chose qu’arroser légèrement. Ainsi on dit bassiner une couche, pour dire l’arroser médiocrement, & y verser en petite quantité l’eau de l’arrosoir en passant.

BATARD. Ce mot est opposé à franc, & se dit de toute plante sauvage ou qui n’est point cultivée. On nomme aussi bâtards les fruits qui ne sont pas de la véritable espèce dont ils portent le nom. Telle est la reinette bâtarde.

Un arbre bâtard est un arbre dont la tige est plus haute que celle d’un nain, et moins haute que celle d’un arbre de demi-tige. On peut planter les potagers avec ces sortes d’arbres. Le labour en est plus facile ; le fruit du bas est plus aéré, & l’ombre qu’ils portent est moins étendue & moins considérable.

BATARDEAU ; ouvrage de charpenterie construit dans l’eau avec deux fortes cloisons d’ais soutenus de pieux, entre lesquelles est un massif de terre glaise qui défend l’entrée de l’eau dans l’espace ou l’on veut fonder à sec.

BATARDIERE ou pépinière. On appelle ainsi un endroit du jardin où l’on place près à près des arbres tout greffés, pour y recourir au besoin. La bâtardière fournit aussi des arbres de diverses formes, et propres à regarnir les places vacantes d’un jardin. Parmi ces arbres greffés il y en a qui font disposés en buisson, d’autres en éventail, & qui font tout de suite leur effet quand on les transplante pour garnir des vides.

BATTE à bras ; instrument de jardinage. (Voyez pl. XXIII, fig. 1). C’est un maillet de bois long, épais d’un pied et demi, large de huit à neuf pouces, & emmanché diagonalement par le milieu. On s’en sert pour applanir les allées, & pour plaquer du gazon.

Batte à main ; elle est plus petite que la batte à bras ; elle ressemble assez à un battoir de lessive (Voyez pl. XXIII, fig. 1. Cet instrument est principalement employé pour plaquer les enroulemens de gazon & les bordures des bassins.

BATTEUR EN GRANGE ; c’est à la campagne l’ouvrier ou l’homme de journée qui frappe le bled avec un fléau pour faire sortir le grain de l’épi. (Voyez pl. XVI).

L’art, si simple en apparence, de séparer le grain de l’épi a été, pour les hommes, le sujet de bien des réflexions & d’un grand nombre d’expériences. La pratique la plus usitée dans l’antiquité, étoit de préparer en plein air une place en battant bien la terre, d’y répandre ensuite les gerbes, & de les faire fouler par des bœufs ou par d’autres animaux, qu’on faisoit passer & repasser dessus plusieurs fois. On se servoit aussi de grosses planches hérissées de chevilles ou de cailloux pointus, qu’on traînoit sur les gerbes ; c’est encore la méthode dont on se sert en Turquie : on étend les épis dans une grande place, on les dispose de façon qu’is forment un grand cercle, afin qu’on puisse passer également partout, que le bled sorte, & que la paille soit bien moulue ; pour cet effet, on a soin de retourner la couche de bled qui est fort épaisse, avec deux planches, longues de cinq pieds, larges d’un pied & demi, épaisies de trois pouces, terminées d’un côté en angle aigu, & attachées à un attelage de chevaux ou de bœufs : on enfonce dans ces planches une grande quantité de petits cailloux tranchans ; on étend cette espèce de herse sur la paille, on la charge d’une grosse pierre qui sert de siège à celui qui tient les guides d’une main, & un fouet de l’autre pour diriger ces animaux ; il se promène ainsi tout le jour, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, jusqu’à ce que la paille soit bien hachée, & que les épis soient dépouillés de leurs grains. Après cette opération, on jette le tout en l’air, le grain va s’accumuler en monceau à quelques pas de là ; & la paille hachée, emportée par le vent, va former un autre tas un peu plus loin. Cette paille ainsi hachée est excellente pour la nourriture des bestiaux, & se vend beaucoup mieux que la paille entière. Enfin on a imaginé de froisser les épis par le moyen de voitures pesantes, telles que les charriots, les traîneaux : en Italie & en Gascogne on suit cette méthode. A la Chine, la manière de battre le bled est de faire passer sur les épis un rouleau de marbre brut. Toutes ces pratiques subsistent encore aujourd’hui dans la plupart des pays chauds.

Parmi nous, la manière la plus ordinaire est de battre le bled au fléau. Le Batteur en grange bat le bled en hiver sur l’aire de la grange ; il range les gerbes par terre, en mettant les épis les uns contre les autres, & frappe le bled à grands coups de fléau, instrument très-simple, qui n’est qu’un long morceau de bois, au bout duquel est attaché, avec une forte courroie, un morceau de bois plus court, mais qui conserve toute sa mobilité : c’est à l’aide de ce petit morceau de bois qui reçoit le mouvement qu’on lui imprime en haussant & en baissant le fléau, que l’on sépare le bled de son épi, en retournant plusieurs fois les différentes poignées de chaque gerbe : par cette méthode, on détache très-bien les grains sans les écraser.

Quelque bons que soient tous ces procédés, ils sont cependant un peu longs, & comme tout ce qui tend à abréger la main-d’œuvre doit être précieux à la société, nous allons donner le détail d’une machine avec laquelle on peut battre