Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/241

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
TER TÊT 225


terres sabloneuses : il leur faut du fumier gras. On peut les amender en les mêlant bien avec des terres grasses & humides. Les arbres fruitiers plantés dans les terres sèches & légères veulent être arrosés tant que la chaleur est continuelle & excessive.

Quant aux terres fortes, on en compte trois espèces. La terre forte proprement dite ; ou terre argileuse ; la terre forte sabloneuse où sable fort gras, & la terre forte pierreuse. Toutes trois d'une nature visqueuse qui demandent un labour profond & toujours fait par un beau tems, afin de détruire les herbes inutiles qui y abondent. On doit aussi choisir un tems chaud & sec, pour labourer dans les jardins les terres fortes & humides ; cette circonstance étant très-propre pour dessécher & réchauffer.

A l’égard des fumiers qui leur conviennent ; ce qu'on peut faire de mieux est de mélanger ceux de mouton, de vache, & celui de cheval bien consommé.

Ces sortes de terres sont plus-propres au froment qu'à d'autres grains. Il y vient en abondance, sur-tout lorsque les années ne sont point trop pluvieuses.

On donne jusqu'à quatre & cinq labours aux terres fortes pendant l’année de jachère, à mesure que les herbes y croissent. Ces terres demandent à être labourées profondément.

On peut encore amender cette sorte de terre, en la mêlant bien avec du sable, des cendres lessivées, de la marne graveleuse, du fumier de cheval & de bergerie, &c.

Il y a des pays où la terre est pleine de craie, & ce ne sont pas les plus fertiles en bled. Deux sortes de fumiers paroissent propres pour cette espèce de terre, pourvu qu'ils soient pétris avec elle ; savoir celui de mouton & celui de vache ; & si l'on veut y ajouter encore des boues ramassées & égouttées, elles ne pourront produire qu'un bon effet. En général, il faut attaquer cette terre peu-à-peu, multiplier les labours & ne pas épargner les engrais.

On ne sauroit guères espérer de profit par rapport au bled des terres marécageuses. Ce n'est pas que le froment n'y vienne quelquefois bien ; mais lorsque cette terre est nouvellement défrichée, souvent on y recueille beaucoup de folle avoine, ou le bed y pousse avec tant de force, qu'on moissonne beaucoup de paille & très-peu de grain ; c'est ce qui fait qu'un pareil terrain est toujours meilleur en pré qu'en labour. Cependant, à force de labours, on parvient à détruire les mauvaises herbes, ces terres perdent un peu de leur excessive fertilité ; & l’on a des


fromens & des avoines magnifiques dans des marais desséchés.

On reconnoît la terre meuble en la maniant. Elle n'est ni trop sèche ou légère, comme les terres sabloneuses ; ni trop humide, comme les terres marécageuses ; ni trop forte, comme les terres franches : mais on sent qu'elle est douce & qu'elle a le grain menu & sans pierres.

TERREAU ; c'est le résidu, l’excrément en quelque sorte, & l’arrière-faix du fumier. C'est aussi le fumier même réduit en terre après avoir servi aux couches. On appelle encore terreau de la bonne terre bien meuble, bien grasse, & déposée depuis long-tems. Pour avoir de bons melons, point de terreau pur, mais une terre factice à-peu-près comme pour les orangers, excepté qu'il la faut moins matte, mais douce & molette. Pour que le terreau soit gras & vif, il est essentiel qu'on l’ait nouvellement amoncelé en brisant les vieilles couches ; à son défaut, on prend le dessous préférablement à la superficie. Toutes sortes d’herbages entassés depuis long-tems & réduits en terre, forment un excellent terreau.

TERREAUTER ; terme de jardinage ; c'est répandre deux ou trois pouces de terreau au pied des arbres nouvellement plantés, sur une couche, sur une planche de potager. Cette précaution entretient les arbres verts, sert à faire avancer les graines & empêcher les terres d'être trop battues par les pluies.

TERREIN ; on emploie ce mot relativement à certaines qualités de la terre ; ainsi on dit un terrein maigre, dur, gras, bon, mauvais, &c.

TERRER ; terme de jardinage. C'est porter de la terre dans les places creuses & dans celles qu'on veut élever. On terre les vignes, c'est-à-dire qu'on les amende par des terres neuves. Ce secours est plus durable que le fumier ; il est aussi plus utile pour leur fertilité. Cependant il n'est guères usité que pour les vignes situées sur un terrein en pente, lorsqu'elles ne poussent que foiblement. On porte tout du long de leur extrémité supérieure plusieurs hotées de terre, jusqu'à ce qu'il y en ait au moins un pied de haut sur douze de longueur, & on la met sur leurs racines mêmes. Cette opération se pratique depuis septembre jusqu'en mars. Par les labours subséquens, la terre descend toujours assez. Dans les vignes dont le terrein est plat, on la place dans les rigoles à une distance raisonnable. (Dict. du Jard.)

TÊTES DE SAULE ; on donne ce nom à


Art aratoire.

F f