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ou quatre yeux, ou même à un bourgeon ; il en naît des branches-crochets qui seront à fruit l’année suivante.

S’ils sont trop forts, s’ils croissent considérablement tout-à-coup ; à la fin de mai, on rabat ces gourmandes jusqu’à la branche, ou rameau de côté, qu’ils ont poussé ; puis, dans le mois de juin, on les rabaisse à un ou deux bourgeons, ou crûtes latérales : puis, en juillet, on les rabat à un, deux, trois, ou quatre yeux : le tout avec la serpette ou le serpillon, & proportionnément à leur vigueur.

C’est sur les gourmandes qu’il faut asseoir sa taille annuelle, autant que l’arbre peut l’exiger, en leur donnant une charge, c’est-à-dire, une étendue proportionnée à leur vigueur, en les allongeant le plus qu’il est possible.

Il faut toujours se conformer à la règle de l’V déversé, qui a sur tout lieu pour le pêcher, & allonger toujours, le plus qu’il est possible, les mères-branches, sauf à rabattre & à concentrer l’année suivante, s’il se fait quelque vide.

Le pêcher se taille depuis le 15 mars jusqu’au mois d’avril ; mais il faut pourtant avoir égard à la rigueur de la saison ; car si l’hiver était encore trop rude, il faudroit différer.

(Elémens du Jardinage.)

TAILLIS ; bois que l’on coupe régulièrement tous les sept, neuf, dix, douze, vingt, vingt-cinq, trente & même jusqu’à quarante ans. Ceux qui sont plus âgés ont le titre de demi-futaies.

TALON ; dans le jardinage on donne ce nom à la partie basse d’une branche coupée, où il se trouve un peu de bois de l’année précédente. On s’en sert pour greffer lorsque l’extrémité est trop foible.

TALUS ; ce terme se dit, dans le jardinage, d’une élévation de terre ou naturelle ou artificielle qui a du devers, étant beaucoup plus saillante par en bas que par en haut. Le talus est plus roide que le glacis, qui doit être imperceptible.

On dit talus d’un rayon d’asperges, d’un rayon de vignes, &c. ; talus d’une terrasse retenue par des gazons en guise de muraille.

Border une allée ou une planche en talus, c’est-à-dire qu’il faut battre les terres, afin de les faire rentrer du haut, & que le bas soit plus saillant.

On bat le talus avec le revers de la bêche ou avec le dos d’une, pelle, pour empêcher que les terres ne s’éboulent dans les sentiers.


Couper en talus, c’est retrancher en biais ou en pied de biche une branche ou un tronc d’arbre.

TAN ou Tannée. Le tan est de l’écorce de jeunes chênes pilée & battue, réduite en poudre, dont on se sert dans la tannerie pour travailler les cuirs ou peaux des animaux, en resserrer les pores, & leur donner plus de consistance & d’épaisseur.

Le tan est aussi employé dans le jardinage, pour mettre sur des couches de fumier chaud ; mais ce n’est point la tannée qui a servi à la préparation des cuirs, laquelle a perdu dans ces apprêts tous ses esprits & les forces, c’est le tan lui-même & qui n’a pas servi. On en met sur ces couches chaudes communément un bon pied d’épaisseur : on dépose au fond sur le fumier même, le plus gros de cette poudre, qui tient plus de chaleur que les parties fines & déliées.

Dans cette superficie, on fait des trous, & l’on y dépose des pots qu’on remplit d’une terre factice où l’on sème & où l’on plante des ananas & autres plantes curieuses qui ne peuvent venir dans nos climats que par une forte d’artifice. Le tan ainsi déposé sur une couche de fumier tient fort long-tems sa chaleur ; elle dure le triple & le quadruple des couches de fumier ordinaire. C’est principalement aux jardiniers anglois & hollandois que l’on est redevable de cette invention.

TAPIS ; grande pièce de gazon pleine & sans découpure. Les beaux tapis de verdure sont faits avec des gazons rapportés d’herbe fine qu’on lève dans les endroits où paissent les moutons, & qu’on assujettit avec la batte. Ils doivent être fauchés souvent, battus & foulés avec de gros rouleaux très-pesans.

TAQUET ; pique : qu’on enfonce en terre à tête perdue, à la place des jalons qui ont été drestés sur un alignement. Le taquet sert par la fuite de repaire ou de reconnoissance. (Voyez Piquets).

TARDIF ; se dit du fruit qui ne vient qu’après d’autres d’une même espèce, ou qui se garde bien avant dans l’hiver.

TAUPES ; voici un secret indiqué dans les livres de jardinage comme infaillible pour détruire ces animaux ennemis des jardins :

Il faut prendre des noix, les faire bouillir une heure & demie dans de l’eau avec une bonne poignée de ciguë ; en mettre environ de la grosseur d’une noix dans chaque trou. La taupe, fort friande de ce mets, n’en a pas plutôt mangé