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mais ils sont privés de la faveur des fruits venus dans l’ordre de la nature.

La seconde espèce de serre chaude se nomme serre à tan. Son emplacement est en plein midi ; elle doit être peu profonde, comme de quatre pieds, très-large, & garnie par-devant de châssis vitrés & inclinés qu'on ouvre & ferme à volonté. On les couvre aussi dans les mauvais tems de toiles roulées en manière de stores vers leur partie supérieure. Si on veut donner à cette serre une certaine étendue, de 80 pieds, par exemple, on la sépare en deux parties par une cloison vitrée.

Dans la première, on creuse au milieu une fosse ou bache de quarante-pieds de long sur six de large & quatre de profondeur, entourée d'un mur à fleur de terre, de neuf pouces d'épaisseur, & arrondie dans ses angles. On l’emplit entièrement de fumier de cheval qu'on laisse durant quelques jours s'affaisser, on le plombe ensuite, & on met par-dessus un pied & demi de tannée pour recevoir les pots d'ananas. La cheminée est placée derrière la serre, dans une petite pièce séparée à l’endroit où est la cloison qui la partage en deux ; elle doit être de brique & fermée de plaques de tôle. On la divise en deux parties, & on scelle en travers une grille de fer un peu élevée, destinée à porter le bois ou les mottes à brûler. Deux conduits formés de briques, d'un pied de large, & renfermés entre les deux murs & de la fosse sous des carreaux de terre cuite, fait circuler la chaleur tout autour, & reviennent à l’endroit d'où ils sont partis pour faire sortir la fumée par la cheminée.

Dans la seconde partie de la serre qui est également carrelée, & dont les conduits de brique font également le tour, on arrange le long des murs, sur des gradins de bois, les plus jeunes ananas, qui seront ensuite mis dans la fosse. On y renferme ensuite les plantes exotiques, qui demandent le même degré de chaleur qu'un thermomètre y entretient. Il ne faut pas oublier d'y placer un baquet rempli d'eau : on la puise avec un pot, & on la verse dans un entonnoir qui la distribue aux plantes.

On pourroit aussi faire une serre qui coûteroit très-peu, dans l’angle formé par deux murs, l'un au midi, l’autre au couchant, en creusant un peu au pied de ces murs, & en enveloppant le pourtour de paillassons dont ceux du devant seroient mobiles.

Suivant l'opinion de Linnæus, les plantes, de la Zône tempérée froide ne s'accommodent pas de la chaleur des serres chaudes portée au-delà de 33 dégrés. Les plantes de la Zône glaciale soutiennent les plus fortes gelées, & la chaleur


des serres leur est nuisible.

Celles qui croissent sur les plus hautes montagnes sont de même nature.

Ce savant naturaliste souhaite donc qu'un jardin ait trois serres différentes : l'une destinée aux plantes qui viennent sous la Zône torride, dont la chaleur soit toujours de 56 à 70 degrés ; la seconde pour les plantes de la Zone tempérée, voisine de la torride, ne demande que 35 à 40 dégrés de chaleur. La troisième, où seront conservées les plantes de la Zône tempérée, voisine de la glaciale, n'a pas besoin de chaleur ; elle ne sert qu'à garantir d'une gelée trop rude.

On doit regarder comme très-utile de pouvoir renouveler de tems à autre l’air des serres.

Aux plantes originaires des pays situés au-delà de la ligne, il faut donner de la chaleur en hiver ; à celles qui croissent sur les montagnes, ce doit être au printems ; & en automne, à celles qui viennent sous la ligne.

Les serres communes ne servent pas seulement aux arbustesen caisses ou en pots, & aux plantes élevées de même : on transporte aussi avant les fortes gelées certaines plantes élevées cn pleine terre dans le potager, mais que le froid endommageroit, ou dont on ne pourroit pas jouir si la terre venoit à s'endurcir considérablement.

SEVE ; c'est, dans les végétaux, ce liquide spiritueux provenant des sucs de la terre ; lequel est le principe de la formation des plantes, de leur accroissement, de leur fécondité & de leur multiplication. La sève leur sert de nourriture & leur tient lieu de sang.

On dit que les arbres sont en sève, quand les boutons commencent à mouvoir. Il faut saisir le tems de la sève pour greffer les arbres.

On distingue la sève du printems & celle d'août. La sève étant le principe actif de la végétation, on emploie, suivant les circonstances, divers moyens, ainsi que disent les agriculteurs, pour l’arrêter, la troubler dans son cours, la retarder, la précipiter, l’éventer, l’épuiser, l’appauvrir, & même l’amuser, en laissant beaucoup de bourgeons à un arbre, suivant l’expression & la méthode de certains jardiniers.

SEVRER une plante ; c'est quand ayant couché en terre un rameau de quelque plante, ce qu'on appelle marcotte, on le coupe, & on le sépare de la plante sa mère, après que ce rameau a pris racine, pour le replanter ailleurs.

Cette séparation se fait en coupant le rameau, quand cela se peut, avec le couteau ; ou en le