Page:Encyclopédie méthodique - Arts aratoires, T01.djvu/230

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214 SER SER


SERPETTES ou petites Serpes ; outils de jardinage. (Voyez pl. XXIV, fig. 38.) Les serpettes ordinaires ont une lame alongée, de la longueur même du manche, & ne sont que médiocrement courbées par le bec. Le manche est fort court, le ressort affleurant la garniture du manche, & la taille de la lame qui emboîte le ressort étant également à fleur du manche, comme le tout est à tous les couteaux ; le clou rivé de la lame est par une conséquence nécessaire sur le petit bord du manche.

Dans les serpettes de nouvelle invention, le manche est d'un pouce plus long ; le ressort, au lieu d'être à fleur, est plus court au moins d'une ligne ; par conséquent l'emboîture de la lame descend d'une ligne de plus, & le clou rivé se trouve plus bas d'autant ; ce qui fait qu'une partie de la lame est enfermée dans le manche, & jamais elle ne peut ni branler, ni se casser. Enfin le bec de la lame des nouvelles serpettes a beaucoup plus de croissant, ce qui facilite beaucoup le service des ouvrages auxquels elles sont destinées.

On peut distinguer encore quatre sortes de serpettes :

1°. Les grandes, qu'on nomme dans plusieurs départemens goyes, ou serpes, pour les gros ouvrages, quand on veut travailler dans les haies, les brossailles & dans les bois.

2°. Des serpettes moyennes, pour tous les ouvrages quelconques.

3°. Des demi-serpettes, pour les moindres ouvrages.

4°. De petites serpettes, appelées serpillons, qui sont de la plus grande commodité pour l'ébourgeonnement & le palissage, & pour nombre de même besogne, comme pour marcotter des œillets, tailler les melons & concombres, &c.

Les serpillons ont un long manche, une lame courte & à petit bec.

Il y a aussi des serpettes renforcées, dont le manche a quatre pouces un quart de long, dégénérant par le bas un peu en arrondissement en dehors. Ce manche a onze lignes de diamètre & neuf d'épaisseur ; la lame a deux pouces trois quarts, & les plus grandes trois pouces sur un de largeur. Au lieu d'être alongée & peu courbée par la pointe, elle a une sorte de bec arrondi en dedans. L'œil ou le clou rivé qui traverse le manche & la lame, est à trois quarts de pouce en-deçà de son extrémité supérieure. Cet éloignement du bord garantit la lame & la tient ferme.


L'outil nommé fausse serpette, diffère des autres serpettes en ce qu'il a vers le milieu du dos un tranchant qui sert à couper des osiers ou de petites branches en frappant.

L'instrument vulgairement nommé poudadoure dans les départemens méridionaux de la France, sert particulièrement pour tailler la vigne & en couper les plus gros sarmens. Cette serpette réunit dans sa construction les avantages d'un grand nombre de petits instrumens tranchans. Elle peut même servir de hache pour couper à coups sucessifs les gros tronçons des ceps, tandis qu'un autre tranchant peut couper en glissant les sarmens les plus robustes.

Enfin il y a une sorte de serpette faite en forme de petite faucille, dont on se sert dans plusieurs provinces pour travailler à la vigne.

Serpette à crochet & à échenilloir. Cet outil s'ajuste sur une perche de bois léger de cinq à sept pieds de longueur, & la douille est retenue sur le bois par une vis qui traverse l'un & l’autre de part en part. Cette serpette est composée de différentes parties qui font un seul tout. Une de ces parties est tranchante & sert à couper les bourgeons qui poussent inutilement du tronc, une autre division de la lame est la vraie serpette pour abattre les bouts des branches chargées de nids de chenilles. Sur un des côtés est une forme, de crochet en fer & non tranchant, pour tirer doucement à soi des branches trop élevées, & soit pour en cueillir les feuilles, soit pour les tailler.

SERRE ; c'est tout lieu destiné pour serrer pendant l’hiver les plantes & les arbres en caisse qui redoutent le froid.

Serre chaude ; édifice destiné à élever des plantes exotiques, ou à accélérer la maturité des plantes indigènes par le moyen d'une chaleur artificielle. (Voyez planche XXVII, XXVIII, XXIX, XXX, & leur explication.

On distingue deux sortes de serres chaudes. La première est construite en charpente, avec des châssis vitrés. On les place vers Noël le long d'un escalier dont ils doivent enfermer les arbres. Cette serre s'échauffe avec des mottes de terre, ou avec du bois qu'on allume dans des poëles de fayence dont les tuyaux de grès sont portés horisontalement sur des soutiens de fer, On leur substitue des tuyaux de tôle à l'endroit où ils montent, afin de conduire la fumée derrière la serre. Le bois est préférable aux mottes pour la chauffer, parce qu'elles communiquent leur odeur aux fruits. Au reste, ceux qui y naissent, n'ont que le mérite de la précocité