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peut donner cinq à six pouces de profondeur au sillon, sept à huit dans les terres légères & sablonneuses, & six à sept dans les autres qu’il appelle moyennes. Les expériences qui ont été faites font croire que ces profondeurs seroient trop grandes pour notre climat, & on peut à cette occasion consulter ce que nous avons dit dans le corps de l’ouvrage.

Il faut avoir grande attention que les roues ne glissent pas sur le terrain, mais qu’elles tournent & qu’elles emportent avec elles le cylindre qui les traverse. C’est pour cela qu’on fait la tête des clous qui attachent les bandes fort grosse. Les oreilles de la charrue doivent aussi être un peu plus ouvertes qu’elles ne le sont ordinairement.

Il est presque inutile d’avertir qu’il faut que le bled soit bien nettoyé, & qu’il ne reste point de barbe à l’orge pour que les cuillères puissent enlever un seul grain à chaque fois, & que ce grain coule aisément par les ouvertures qui sont au fond du semoir.

À l’égard des préparations qu’on donne à la terre pour la disposer à être ensemencée, elles sont les mêmes qui sont en usage dans chaque province. Mais quand on veut semer, le laboureur commence par ouvrir un sillon de trois à quatre pieds de longueur, jusqu’à ce que la charrue ait assez piqué dans la terre, alors on attache le semoir à la charrue.

On a recommandé que les oreilles de la charrue fussent plus ouvertes qu’à l’ordinaire, pour que le grain fût mieux enterré ; mais elles produisent encore le bon effet de détourner les pierres & les mottes, & d’empêcher qu’elles ne frappent contre le semoir & qu’elles ne le dérangent. Néanmoins si elles ne produisoient pas suffisamment cet effet, on pourroit ajouter deux autres oreilles, qui seroient de quatre à cinq pouces plus hautes que les premières ; alors le semoir ne courra aucun risque d’être endommagé.

Le tems le plus avantageux pour semer le froment, est quand la terre est sèche, ou médiocrement humectée ; dans ce cas le semoir fait son office sans que les roues se chargent de terre, & sans que les trous par lesquels la semence doit sortir se ferment. Il faut faire les raies assez près les unes des autres, pour que la semence soit bien distribuée ; & quand la terre est ensemencée, on la herse pour la bien unir, & qu’il ne reste pas d’apparence de sillon. Mais quand les terres sont en plaines & sujettes à retenir l’eau, on les refend par des sillons qui en procurent l’écoulement, ayant soin de ne pas les faire trop près, pour ne point perdre inutilement du terrain, & parce qu’il n’est pas


avantageux de trop faciliter l’écoulement des eaux, puisque dans plusieurs circonstances les grains souffrent de la sécheresse, sur-tout l’été & dans les pays chauds.

L’essai de cet instrument 8& de cette façon d’ensemencer les terres, fut fait en présence du roi d’Espagne à Buen-retiro, avec un succès qui passa toute espérance ; car un homme de la campagne ayant semé à l’ordinaire une certaine quantité de terre, on recueillit 5125 mesures ; & une pareille quantité de terre ayant été semée suivant la méthode qu’on vient d’expliquer, on recueillit 8175 pareilles mesures ; ce qui faisoit un bénéfice considérable, sans faire attention à l’épargne qu’on avoit faite sur la semence.

On fit quelque tems après une autre épreuve de cette façon de semer dans le Luxembourg (in Istria), en présence de l’Empereur. La récolte ordinaire n’est dans cette province que de quatre à cinq pour un, & elle fut de soixante pour un ; ce qui fut constaté par un certificat en forme, donné à Vienne le 1er août 1663, par un officier que l’Empereur avoit expressément commis pour suivre cette expérience depuis la semence jusqu’à la récolte.

Ces expériences prouvent qu’il y a plus de cent ans que l’essentiel de la méthode de M. Tull a été éprouvé en Espagne. Et un Espagnol fort éclairé nous a assurés qu’on la suivoit encore dans quelques provinces d’Espagne.

SENTIER ; c’est un petit chemin étroit qui sépare les planches d’un quarré ; il a ordinairement le quart de leur largeur. Les sentiers d’un parterre qui en divisent les compartimens, doivent avoir la moitié de la largeur de la plate-bande. Ils sont nécessaires au jardinier pour l’arrosement & la récolte des légumes, des fleurs, & de leurs graines.

SERFOUETTE, (la)espèce de binette, est un outil de jardinage qui a une partie de son fer faite en forme de petite besoche, & l’autre en forme d’une petite fourche à deux dents renversées. Cet outil sert à donner un labour léger aux plantes. (Voyez pl. XXIV, fig. 34.)

SERFOUIR ; c’est labourer avec la binette, ou la serfouette de l’un ou de l’autre de ses côtés, ou de tous deux, pour enfouir les graines ou enlever les mauvaises herbes.

SERPE ; instrument, de fer plat, large & tranchant, en forme de grand & large couteau dont la lame a le bout courbe & croissant. La serpe est emmanchée dans une poignée de bois. On se sert de la serpe dans le jardinage pour émonder les arbres. (Voyez pl. XXIV, fig. 38.)