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cher précisément le fond du grand trou, comme une tangente ; car si elle n'étoit pas plus longue, il pourroit arriver quand il n'y a point de semence dans la mortaise, & que la langue est bien serrée, qu'une roue en tournant ou autrement, reculât un peu, & fût cause qu'un cran du noyau saisît le bout de la langue, & l'arrachât de la mortaise ; c'est pourquoi il est bon qu'elle descende un peu au-dessous du noyau.

Si la langue étoit placée si obliquement, qu'elle fit un angle de beaucoup moins de 45 degrés, elle se leveroit trop contre le biseau de la mortaise, & le ressort auroit plus de difficultés à la faire retourner dans sa place, quand elle auroit été chassée en arrière par la force des crans.

D'ailleurs si la langue étoit éloignée du noyau, il pourroit y avoir tant de place entre elle & les côtés de la mortaise, que quelques grains de semence passassent par-là.

La longueur de la vis qui tient le ressort attaché à la langue, est ordinairement d'un demi-pouce ou environ ; son épaisseur doit être proportionnée, à ses autres dimensions ; & au degré de roideur qui est nécessaire ; son épaisseur ordinaire est d'environ celle d'une pièce de 24 sous.

On mesure les degrés de roideur de cette manière : on attache deux planches, laissant dans un endroit une ouverture entre elles d'un pouce de longueur ; on met le ressort quand il est trempé à travers de cette ouverture, de manière que son milieu soit exactement dessus. On met alors sur le ressort un cordon, dont on fait passer les deux bouts par l’ouverture, & on y attache au-dessous des planches un poids capable de tirer en bas son milieu, au point qu'il touche l’ouverture, & qu'il soit au niveau de ses deux bouts ; cela fait voir le degré de sa roideur : on remarque qu'il doit être courbé, & porter seulement sur ses bouts, le côté creux devant être en haut.

Il doit porter contre le revers de la langue aux deux bouts, & être creux au milieu ; le degré de son creux est essentiel, car c'est de-là que dépend la distance du mouvement que fait la langue vers le noyau par la semence,qui est pressée contre elle par la force des crans quand les roues les font mouvoir ; car plus le ressort est courbé, plus il pouffera la langue loin de son milieu, si sa force est supérieure à celle qui lui résiste, comme elle doit l'être : ce mouvement de la langue est appelle son jeu.

Pour mesurer la distance ou la quantité de ce mouvement, il faut considérer que la langue se mouvant sur son axe en haut, décrit par son


bout d'en bas un arc de cercle, la corde duquel arc est la mesure requise.

Mesurer cette distance par l’angle que la langue fait à son centre, ne seroit pas une règl» pour faire les boîtes, à cause que quelques langues sont plus longues, d'autres plus courtes à proportion des différens diamètres des noyaux contre lesquels elles ont leur mouvement : les plus courtes doivent cependant avoir autant de jeu que les plus longues ; c'est-à-dire, qu'elles doivent décrire un aussi grand arc à l’endroit de la pression, & par conséquent les plus courtes feroient les plus grands angles.

Une manière courte & aisée de la mesurer, est donc la suivante. On tourne la vis du dedans, jusqu'à ce que la langue soit à un quart de pouce près du noyau ; on ôte alors ce dernier, & on tire du centre du trou sur le côté de la mortaise une ligne perpendiculaire à la langue, sur le bord de laquelle on fait une marque avec un compas ou une plume ; on la fait alors retourner par force contre la vis aussi loin qu'elle puisse aller, c'est-à-dire, jusqu'à ce que le ressort touche le revers entier de la langue. On prolonge la même ligne au même bord de la langue, ou on y met le bout de la règle, & on tire avec elle une autre ligne depuis la marque jusqu'au bord de la langue, quand elle est le plus en arrière, & l’on y fait la seconde marque : la règle employée de cette façon montrera & la perpendiculaire, & la mesure.

Une voie plus expéditive est celle-ci : on place la langue avec la vis sur le bout du trou ; & lorsqu'elle est enfoncée à force, on mesure depuis la langue jusqu'à la plus proche partie du trou, ce qui fera toujours une ligne perpendiculaire tirée du centre du trou à l’endroit de la pression ci-devant mentionnée, & on y fait une autre marque. Or, la distance qu'il y a entre ces deux marques, est à peu près la mesure du jeu de la langue à l’endroit de la pression ; quoique cette ligne qui est tirée sur le côté de la mortaise ne soit pas exactement perpendiculaire à la surface de la langue, mais seulement à son bord, cependant la différence n'est presque rien, & on ne doit pas y avoir égard.

Si la mesure est un quart de pouce, l'expérience fait voir qu'elle est d'une bonne grandeur pour toutes les sortes de bled & les pois ; si elle est un peu moindre, il n'y a pas de mal ; mais si elle est un peu plus, c'est un défaut préjudiciable.

Quand la largue a trop de jeu, la semence est sujette à être chassée trop vîte, ou bien trop lentement, quoi que fasse le semeur ; car quand elle est mise à sa vraie distance du noyau, & qu'elle est poussée tout-à-fait en arrière par la


semence