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ovale qui reçoit le cheval ou le bœuf, car on ne met d'ordinaire qu'un de ces animaux.

Ces brancards, ou bras, s'infèrent dans, une forte pièce qu'on nomme la cambettc, qui, avec les pièces suivantes, compose le train. Le dental, qui est lapièce traînante, porte deux oreilles, & soutient le soc ; il est lié à la cambette par deux liens de fer, appelles tendilles, qui les embrassent ensemble, & qu'assujettissent par-dessus, deux chevilles de bois, dites tescotes. Une troisième cheville plus longue, c'est le tescou, accompagne & assujettit, par derrière, le manche du soc. L'arrière-train consiste en un manche qu'on fait plus ou moins courbe ou crochu ; on le nomme lestèbe ; à son extrémité, & par une entaille ou arrête, sont attachées deux cordes servant de guides.

Le brancard appuie sur la selle par une large courroie, qu'on nomme la souffre, & qui se boucle sur le milieu des deux bras, à l'un desquels elle est clouée. Deux petites chevilles de bois, qui sont fichées aux extrémités des bras, servent à retenir ceux-ci contre le collier du cheval, & à fixer toute la machine.

Cette espèce de charrue est traînée par un seul cheval, plus communément par une mule. Elle pourroit être tirée par plusieurs, à plein trait, comme une charrette ; mais alors il faudroit, outre le laboureur qui dirige & soutient la machine par le manche, un charretier pour conduire le premier cheval. Cela ne se pratique pas ici.

Quant à l'autre araire, nommé doublis, son avant-train est composé d'un timon ou d'une flèche, formée de deux perches qui chevauchent l'une sur l'autre, & qui sont liées étroitement par deux bandes de fer. A l'extrémité du timon, on place le joug, auquel on accole, tantôt deux bœufs, tantôt deux mules ou deux chevaux ; dans ces cas, le joug change de forme. Le reste du train du doublis est le même que celui du fourcat, si ce n'est qu'il est plus fort ; & il doit d'être, puisque l'attelage est renforcé. Il est même des cantons dans le Haut-Languedoc, dans la Guyenne & ailleurs, où l'on attelé quatre, six, huit paires de bœufs robustes à cette sorte de charrue rendue plus pesante, tandis que le fourcat, plus léger, est quelquefois traîné par un bardot.

Le doublis diffère quelquefois du fourcat, lorsqu'on y adapte la mousse ; voici ce que c'est. Nos laboureurs donnent le nom de mousse à un grand dental plat en dessous, du moins son arrête est peu sensible & s'use bientôt : il est fourchu par sa partie postérieure, de manière qu'une des branches qu'on nomme la queue (c'est toujours la droite) entre dans une rainure de la cambette, & c'est sur cette branche que porte le manche


du soc, tandis que le reste du soc appuie tout le long jusques sur l'extrémité du dental. L'autre branche du dental porte une oreille immense, qui s'élève perpendiculairement ; elle est fixe, & on la revêt d'une lame de fer sur les bords, pour la rendre plus durable. Cette oreille est une grande pièce de bois contournée ; elle est faite, ainsi que tout le dental, de bois de hêtre, qu'on nomme ici le fayard ; tandis que la cambette et le timon, dit le bassègue, qui la prolonge, font de bois d'orme. On ne feroit qu'une seule pièce des deux, si l'on trouvoit commodément & à un certain prix, des ormes assez droits dans leur longueur, & assez courbes par leur base.

Le soc qui doit servir à la mousse est plus fort que celui du fourcat ; il change aussi un peu de forme. C'est un gros fer de lance irrégulier, dont l'aile gauche est plus longue que la droite ; & depuis l’angle de cette aile jusqu'à la pointe, le soc déborde un peu le dental, & fend la terre de toute sa longueur. L'extrémité de ce soc n'est pas pointue, mais un peu applatie & tranchante ; elle s'émousse par l'usage. Enfin ce soc est-ordinairement du poids de douze à treize livres, & le coûtre qui l'accompagne, qu'on nomme ici le couteau, en pèse neuf ou dix. On peut cependant adapter le coûtre au doublis, sans que cela constitue la mousse. Ainsi le doublis est de trois espèces : le simple, celui qui est armé d'un coûtre, & celui avec la mousse.

Le soc de l’araire ordinaire est plus petit ; il est pointu & forme le fer de lance irrégulier. On nomme également l'un & l'autre, en terme du pays, la reye.

Si l'on ôte le dental à la mousse, pour y substituer le dental et le soc du fourcat, ce sera l'équipage du doublis ordinaire auquel on peut adapter, si l'on veut, le coûtre sans la mousse, lequel traversera la cambette un peu obliquement, & viendra rencontrer, par son tranchant, la pointe du soc.

Remarquez qu’on peut se servir du doublis à la mousse, à la manière ordinaire, en en retranchant la mousse, Si qu'on ne peut adapter la mousse au simple doublis. La raison en est qu'au doublis simple, il manque la rainure ou mortaise que j'ai dit devoir être pratiquée à l'extrémité traînante de la cambette.

On doit observer encore que l'on ne se sert du doublis à la mousse que quand on veut essarter un terrain rempli de racines, ou défricher une prairie. Le coûtre coupe les brandes & toutes les plantes qui se présentent ; il fend en même tems la terre, & donne au soc la facilité d'entrer & de labourer plus profondément. On s'en sert aussi pour bien labourer les terres qui ont du fond, & pour mieux renverser la terre.