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Mai & Juin.

Si vos abeilles ne sont pas à portée de l’eau, mettez auprès du rucher une auge de pierre ou de bois ; dans laquelle vous entretiendrez de l’eau propre, que vous renouvellerez de tems en tems, & dans laquelle vous répandrez çà & là des brins de mousse, pour servir d’appui aux abeilles. Si vous avez une ruche foible & une très-forte, mettez, par un beau jour, à onze heures ou midi, la forte au lieu de la foible, & celle-ci à la place de la première, où se porteront les abeilles qui étoient dehors. Toutes vivront en bonne intelligence & formeront une ruche bien peuplée. Cette expérience a réussi au C. Collot, de Troyes, en 1783 & 1784.

Préparez vos hausses pour recevoir vos essaims ; deux pour l’essaim ordinaire & trois pour un essaim fort, c’est-à dire pesant cinq à six livres. Faites veiller constamment depuis huit heures du matin jusqu’à cinq du soir. Quand un essaim sort de la ruche, le moyen sûr pour l’arrêter, est d’y jeter de l’eau avec un balai ou de la poussière. Lorsqu’il sera fixé aux haies, arbustes ou arbres, vous (étant armé de l’andouille & couvert du camail) mettrez sous la branche une hausse, sans trous, dans laquelle vous les ferez tomber & les poserez ensuite à terre. Vous la couvrirez d’une ruche, à deux ou trois hausses, que vous aurez frottée avec du thym ou autre plante odoriférante, & où vous aurez fait couler du miel & du vin bien délayé. Vous ne couvrirez pas cette ruche exactement, mais vous y laisserez un vuide suffisant, afin que les abeilles du dehors puissent s’y introduire, & au soleil couché vous la porterez au rucher. Il est prudent de bien fumer l’endroit où elles se sont fixées, pour empêcher le retour. Si deux ou trois essaims foibles se réunissent à la même branche, recevez-les dans une seule ruche ; s’ils font forts, essayez de les diviser avec une ficelle, de découvrir les reines, & d’en porter une dans chaque ruche, avec une quantité d’abeilles à peu près égale. On y est parvenu à l’aide d’un petit balai de plume ; les mains lavées avec de l’urine servoient de cuiller. Si vous ne le pouvez pas, alors divisez au hasard. Comme il importe quelquefois d’empêcher une ruche de s’affoiblir par un second, & même un premier essaim, vous y parviendrez en mettant une hausse dessous.

Si vous vous êtes servi de la ruche sur laquelle vous avez adapté un saladier, quinze jours ou trois semaines après, au plus tard, vous introduirez avec précaution un petit coin de chêne très-mince, ou une lame de couteau, pour donner entrée à un fil de laiton que vous ferez passer entre la tablette & le saladier, après avoir


enlevé celle qui l’assujettissoit, & vous le trouverez plein du plus beau miel, comme l’expérience le prouve.

Juillet.

À commencer au ir juillet, jusqu’à la fin d’août ou environ, on peut, par un beau jour, & depuis neuf heures jusqu’à trois, appliquer, sans risque, à son profit, tout ce qui excède le besoin des abeilles, mais avec beaucoup de discrétion. Armé & habillé comme pour recevoir un essaim, j’introduis çà & là un ciseau ou une lame de couteau ; je divise la tablette sans trous, qui couvre la hausse supérieure, où j’introduis le plus de fumée qu’il est possible. Les abeilles descendent ; alors je détache avec précaution la première hausse de la seconde, je l’enlève, la renverse & vois si je ne puis rien prendre, ou si je puis prendre le tout ou une partie. Dans le premier cas, je remets exactement ma hausse dans sa première position, suivant la ligne rouge ou noire que j’aurai tirée, comme on l’a observé. Dans les second & troisième cas, il faut user d’adresse & de célérité : je fais mettre ma hausse à peu de distance du rucher, sur le vuide d’une chaise renversée, tandis que, par les trous, je me rends certain de ce qu’il y a de miel dans la seconde. Je couvre celle-ci de la tablette, & lui donne un appui de trois bâtons de la grosseur d’un doigt, mis en triangle pour éviter d’écraser les abeilles. Celles qui sont restées dans la hausse enlevée, sont chassées par la fumée que j’introduis en-dessous, & à l’aide d’une plume que je passe entre les rayons ; puis sans faire périr une seule abeilles & tranquille dans ma chambre, j’enlève de mes ruches les rayons de miel des deux côtés. Je me donne garde de toucher aux autres, & moins encore à ceux où il y a du couvain d’ouvrières. Si je ne prends qu’une partie, je fais lever ma ruche & pose ma hausse sur la table ; & le soir, mes abeilles tranquilles, j’enduís mes ruchesavec de la bouse de vache, fraîche & sans mélange.

Si l’abondance de la ruche & l’état de la hausse me permettent de m’emparer du tout, ma hausse est mise en magasin. En vendangeant mes ruches, j’ai soin d’avoir près de moi trois ou quatre grands vases de terre qui ne servent qu’à cet usage (le cuivre seroit pernicieux), je les couvre de claies propres à égoutter les fromages ; je pose sur les unes les rayons les plus beaux, c’est-à-dire, les plus blancs, & sur les autres ceux qui le sont moins. Je racle les côtés du rayon pour donner plus d’issue au miel, & j’établis tous mes vases dans un endroit bien fermé, près d’une croisée sur laquelle donne le soleil. Quand la plus grande quantité de miel est égouttée, je le passe à travers un linge & le mets dans des


Art aratoire.

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